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Nanga-Boguila : Les cultivateurs à bout de souffle, les musulmans discriminés

Nanga-Boguila : Les cultivateurs à bout de souffle, les musulmans discriminés

 

monument à la mémoire des autorités assassinées le 26 avril 2014 à Boguila en pleine réunion par les combattants rebelles de la Seleka, provoquant une forte réaction des éléments de l'opération Sangaris
monument à la mémoire des autorités assassinées le 26 avril 2014 à Boguila en pleine réunion par les combattants rebelles de la Seleka, provoquant une forte réaction des éléments de l’opération Sangaris

 

À Nanga-Boguila , la vie est devenue insoutenable : les cultivateurs subissent les destructions causées par les troupeaux et les musulmans sont ciblés par une discrimination impitoyable des forces de sécurité .

 

Bangui, 12 juillet 2024.

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.

 

Discrimination institutionnalisée à Nanga-Boguila .

 

L’ampleur de la situation est alarmante : les musulmans de Nanga-Boguila sont régulièrement arrêtés lorsqu’ils osent se déplacer hors de la ville, ou alors lorsqu’ils sont en route pour rentrer à Nanga- Boguila, contraints de payer des sommes arbitraires pour être libérés, et soumis à des demandes des documents officiels absurdes. Ces pratiques discriminatoires ne visent que les musulmans, laissant leurs compatriotes chrétiens exempts de tels traitements. Ils sont fréquemment accusés à tort d’être des rebelles ou des indicateurs des rebelles, ce qui alimente une stigmatisation dangereuse et infondée.

 

L’imam de Nanga-Boguila, désespéré par cette situation intenable, a organisé une réunion avec les autorités locales, incluant la police, la gendarmerie et les FACA. Il a dénoncé l’injustice flagrante et exigé un traitement équitable pour les musulmans de la ville. Bien que les responsables aient promis des réformes et des consignes strictes pour éliminer cette discrimination, les effets de ces promesses restent à voir.

 

Témoignage d’un jeune musulman.

 

Un jeune musulman témoigne de la situation à Nanga-Boguila : “Même quand je veux aller au marché hebdomadaire pour vendre mes produits, à la barrière des forces de l’ordre à la sortie de Nanga-Boguila , on me demande de présenter la carte nationale d’identité . Une fois présentée, ils demandent ensuite une copie d’acte de naissance de mon père et de mon grand-père. Où vais-je trouver cela en chemin ? C’est absurde ! Si je ne présente pas ces documents, ils me demandent de payer 5000 francs. Malgré cela, au retour, on me redemande la même chose. Ces demandes sont insensées.”

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Le marché de Nanga Boguila, situé à 70 kilomètres de Paoua sur l'axe Bossangoa. Photo CNC
Le marché de Nanga Boguila, situé à 70 kilomètres de Paoua sur l’axe Bossangoa. Photo CNC

Les cultivateurs en péril.

 

Pendant ce temps, les cultivateurs des villages environnants de Nanga-Boguila souffrent également. Leurs champs sont régulièrement détruits par les troupeaux de bétail des éleveurs, et toute tentative de réclamer des compensations se heurte à la menace des rebelles de 3R, qui interviennent souvent pour intimider et punir les plaignants. Cette situation crée une atmosphère de peur et d’impuissance, empêchant les cultivateurs de protéger leurs moyens de subsistance.

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Témoignage d’une cultivatrice

 

Une cultivatrice témoigne de la situation désastreuse : “Nos champs sont détruits à chaque fois. Nous ne pouvons même pas parler, car dès que nous nous adressons aux éleveurs, ils vont informer les rebelles de 3R qui viennent ensuite nous menacer. Dans le village, personne n’ose parler. Les troupeaux détruisent nos champs, mais nous n’osons rien dire.”

 

Couloirs de transhumance et  l’inaction des autorités.

 

Les autorités centrafricaines préfèrent se livrer à des démonstrations médiatiques et des réunions publiques, promettant des actions qui ne se concrétisent jamais sur le terrain. Les souffrances des populations des villages , tant des cultivateurs que des éleveurs, sont ignorées, et les problèmes de fond restent sans solution.

 

À Bangui, les réunions sur le respect du couloir de transhumance entre éleveurs et cultivateurs ne produisent aucun effet tangible. Sur les réseaux sociaux et dans les médias, les autorités et la MINUSCA parlent de leurs actions, mais sur le terrain, rien ne change. Les cultivateurs de Nana-Boguila et des villes périphériques continuent de souffrir sans aucune intervention efficace des autorités.

 

Un constat accablant.

 

Le constat est accablant : les autorités attendent que des conflits éclatent et causent des pertes humaines avant d’intervenir. Cette inaction est non seulement irresponsable mais criminelle, laissant des communautés entières à la merci de l’injustice et de la violence.

 

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