Mambéré-Kadéï : Un maire MCU instaure l’esclavage moderne sur les sites miniers de Mbagana

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Mambéré-Kadéï : Un maire MCU instaure l’esclavage moderne sur les sites miniers de Mbagana

 

Mambéré-Kadéï : Un maire MCU instaure l’esclavage moderne sur les sites miniers de Mbagana

 

Rédigé le 09 octobre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

 Le nouveau maire MCU de la commune de la Haute-Bombé impose un système d’exploitation esclavagiste aux mineurs de Mbagana, les forçant à vendre leur or à prix dérisoire.

 

Un système d’exploitation particulièrement cynique vient d’être mis en place sur les sites miniers de Mbagana, dans la commune de Haute-Bombé, préfecture de la Mambéré-Kadéï. Le nouveau maire, membre du parti MCU et président local de cette formation politique, a instauré un véritable régime d’esclavage moderne qui prive les mineurs de leur liberté et de leurs revenus.

 

Cette situation se déroule dans la sous-préfecture d’Amadagaza, où le site minier de Mbagana attire de nombreux chercheurs d’or. Cette localité frontalière avec le Cameroun dispose d’un gisement aurifère de qualité supérieure, avec de l’or 21-24 carats particulièrement recherché. Cette richesse naturelle attire les convoitises et explique la mise en place de ce système d’exploitation.

 

Le processus d’extraction sur ce site nécessite un travail de longue haleine. Les ouvriers doivent creuser pendant trois à quatre mois, parfois plus, avant d’obtenir des graviers aurifères. Ces graviers, une fois lavés, montre leur contenu en or. Ce travail pénible et patient justifierait normalement une rémunération équitable pour les mineurs.

 

Le système d’esclavage instauré par le nouveau maire Malingö fonctionne selon un mécanisme particulièrement pervers. Oumarou Bondo, le chef de chantier, récupère d’abord sa part sur l’extraction. Ensuite, chaque ouvrier peut normalement ressortir trois sacs de graviers pour son propre compte. Traditionnellement, ces graviers pouvaient être transportés ailleurs pour être lavés et l’or obtenu vendu librement.

 

Mais le nouveau maire MCU a complètement verrouillé ce système. Il interdit désormais aux ouvriers miniers communément appelés Nagbata de sortir du chantier avec leurs graviers. Tous doivent laver leurs graviers sur place, sous surveillance constante. Cette première restriction limite déjà considérablement la liberté des travailleurs.

 

La deuxième contrainte est encore plus grave : l’or extrait ne peut être vendu qu’au maire lui-même. Alors que le prix habituel du gramme d’or s’établit à 50 000 francs CFA localement et 55 000 francs côté camerounais, le maire impose un prix d’achat dérisoire de 30 000 à 35 000 francs le gramme dans ses bons jours.

 

Cette différence de prix représente un vol caractérisé. En achetant l’or à 35 000 francs et en le revendant au prix du marché à 50 000 francs minimum, le maire réalise un bénéfice de 15 000 francs par gramme sur le dos des mineurs. Cette plus-value illégitime se chiffre rapidement en millions quand on considère les quantités produites.

 

Pour maintenir ce système d’exploitation, le maire a d’abord fait appel aux soldats des Forces armées centrafricaines (FACA) qui contrôlaient les accès au chantier. Mais après la signature de l’accord de paix du 19 avril à Ndjamena au Tchad, ce sont maintenant des ex-éléments du groupe armé 3R qui assurent cette surveillance. Ces hommes armés empêchent physiquement les mineurs de quitter le site avec leurs graviers.

 

Cette utilisation d’ex-rebelles pour maintenir un système d’esclavage économique pose des questions graves sur la réintégration de ces combattants. Au lieu d’être démobilisés, ils deviennent les gardiens d’un système d’exploitation au profit d’un responsable politique.

 

Les conséquences de ce système sont dramatiques pour les mineurs. Certains ont tenté de fuir en traversant la frontière camerounaise pour travailler sur des sites similaires de l’autre côté. Bien que l’or y soit de qualité inférieure, les conditions de travail y sont plus libres et les prix plus équitables.

 

Mais beaucoup restent piégés sur le site de Mbagana, contraints d’accepter ce système d’exploitation faute d’alternatives. Cette situation correspond à la définition moderne de l’esclavage : travail forcé, restriction de liberté de mouvement, appropriation des fruits du travail par un tiers.

 

Le maire tire sa légitimité de sa nomination par Évariste Ngamana, vice-président de l’assemblée nationale et porte-parole du parti MCU. Cette filiation politique explique son impunité et sa capacité à maintenir ce système sans craindre de sanctions pénales.

 

Cette affaire contredit totalement les déclarations de la ministre du Travail, également membre du MCU, qui accusait régulièrement les groupes armés d’exploiter les enfants sur les sites miniers. L’exemple de Mbagana montre que les responsables MCU eux-mêmes pratiquent l’esclavage moderne, utilisant même d’anciens rebelles comme gardiens de leur système.

 

Cette situation témoigne de la transformation des maires MCU en prédateurs économiques qui utilisent leurs fonctions pour s’enrichir personnellement. Le maire de Haute-Bombé n’administre plus sa commune, il l’exploite comme une propriété privée.

 

L’absence de réaction des autorités face à ce système d’esclavage moderne démontre soit leur complicité, soit leur impuissance. Dans les deux cas, les mineurs de Bagana restent abandonnés à leur sort, privés de leurs droits les plus élémentaires.

 

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