Le lourd tribut environnemental de l’exploitation minière en Centrafriqu
Bangui, CNC. À 260 kilomètres de Bangui, le village de Gaga, autrefois paisible, porte aujourd’hui les cicatrices béantes de l’exploitation minière intensive. Ce qui était jadis une communauté de 3000 âmes vivant en harmonie avec la nature s’est transformé en un champ de bataille écologique.
“Avant, nous avions une rivière ici”, raconte Rolf Steeve Domia-Leu, un journaliste centrafricain, pointant du doigt un terrain vague poussiéreux. “Maintenant, regardez. C’est comme si elle n’avait jamais existé”, ajoute-t-il.
L’exploitation aurifère, principalement menée par des entreprises chinoises, a littéralement asséché les ressources naturelles de Gaga. Sur une zone de 3 kilomètres carrés, hommes, femmes et même enfants s’activent dans des conditions déplorables, sacrifiant leur santé et leur environnement sur l’autel du profit.
Mais Gaga n’est que la partie visible de l’iceberg. À Bozoum, dans la préfecture de l’Ouham-Pendé, le constat est tout aussi alarmant. Dès 2018, une commission parlementaire avait tiré la sonnette d’alarme sur la destruction massive de l’écosystème par les exploitants chinois. Pourtant, quatre ans plus tard, la situation n’a fait qu’empirer.
À Diba, dans la préfecture de la Nana-Mambéré, c’est le même scénario qui se répète. Les entreprises chinoises y ont établi un véritable empire de la destruction, rasant forêts et détournant cours d’eau sans vergogne.
Et que dire de Ndachima, ou encore de Ydéré, où les mercenaires russes du groupe Wagner règnent en maîtres ? Collines éventrées, rivières polluées, la nature paie un lourd tribut à cette ruée vers l’or moderne.
Face à ce désastre écologique, le gouvernement centrafricain semble étrangement muet. Pire encore, il pointe du doigt les petits exploitants locaux, ceux-là mêmes qui luttent pour nourrir leurs familles en produisant du charbon de bois.
“C’est nous qu’on accuse de détruire la forêt”, s’indigne Pierre, un charbonnier de Gaga. “Mais regardez autour de vous ! Ce ne sont pas nos machettes qui ont fait disparaître la rivière !”
Alors que la Centrafrique prétend lutter contre la déforestation et le changement climatique sur la scène internationale, la réalité sur le terrain est tout autre. Les géants miniers, qu’ils soient chinois ou russes, semblent jouir d’une impunité totale, laissant derrière eux un paysage lunaire là où se dressaient autrefois des forêts luxuriantes.
L’exploitation minière rapporte certes des revenus à court terme, mais à quel prix ? Si rien n’est fait, c’est l’avenir même de la Centrafrique qui est en jeu. Il est grand temps que le gouvernement des bras cassés prenne ses responsabilités et mette un terme à ce pillage environnemental avant qu’il ne soit trop tard.
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