Loi des finances 2023, le député Ernest MIZEDIO critique  un budget en forte baisse par rapport aux promesses

 

Alors qu’il venait d’être adopté par l’assemblée nationale , le projet de loi de finances 2023 est au cœur de l’actualité politique en République centrafricaine (RCA). Chiffré à 234,3 milliards de FCFA, ce projet de budget dit d’austérité ne correspondrait nullement aux promesses du Président Faustin Archange Touadera. D’après lui, avec quel moyen le gouvernement va réaliser ses projets de société ?

Ci-dessous, l’intégralité du discours de l’honorable Ernest Mizedio.

Assemblée nationale centrafricaine…

 

Je suis l’Honorable Ernest MIZEDIO, Député de la Nation, élu de la 1ère circonscription de Obo, membre du groupe parlementaire URCA.

 

Nous sommes aujourd’hui appelés, comme tous les ans à cette période, à réponde aux exigences de la Constitution, à son article 82 alinéa 2 qui stipule que : « les lois de finances sont obligatoirement votées avant la fin de l’année en cours ».

Cependant, cette constitution fait obligation au Gouvernement de déposer, sur le bureau de l’Assemblée, avant le 15 septembre de l’année. ».

Force est de constater que, depuis votre arrivée à la tête du département des finances, vous méprisez totalement cet aspect.

Question : Quel message voulez-vous faire passer au parlement par cette attitude désinvolte récurrente ?

 

Monsieur le Ministre,

Le 16 décembre dernier, par une note de service, vous avez signifié une tension de trésorerie, obligeant l’Etat à suspendre toutes ses dépenses obligataires.

A la surprise générale, le 26 décembre, nous apprenons par le Ministre porte-parole du Gouvernement que la RCA n’a aucun  problème de trésorerie et que votre annonce serait un piège du Gouvernement pour détecter ses vrais partenaires.

Pourtant dans vos propos liminaires, vous venez d’évoquer à  deux(2)  reprises l’existence d’une situation d’austérité.

Question : Est-ce que vous pouvez confirmer, ici et maintenant, devant les représentants du peuple et le peuple tout entier qui nous écoute, cette affirmation ?

 

Dans ce cas, comment pouvez-vous justifier :

1- les retards répétitifs de paiement des indemnités des Députés et des salaires des personnels de l’Assemblée Nationale ?

2- les retards de paiement des pensions, des bourses et des dettes de l’Etat ?

3- la non-exécution de certains travaux tels que la réhabilitation de la route Sibut-Bambari-Kongbo pourtant inscrit au budget de 2022 à hauteur de 350 millions ?

4- Comment justifiez-vous la diminution du montant des crédits du budget de 2023 par rapport à 2022, malgré les multiples permis miniers octroyés ça et là ?

 

Monsieur le Ministre,

En examinant certaines lignes de ce budget, nous sommes en droit de nous interroger sur les réels objectifs du Gouvernement, en se fondant toujours sur les propos du Ministre, porte-parole du Gouvernement :

1- au regard du contexte sécuritaire très précaire de notre pays et du manque de moyens roulants de nos gendarmes et policiers à l’intérieur du pays, est-ce que 25% d’augmentation du budget du Ministère de l’Intérieur n’est pas dérisoire ?

2- Au Ministère de l’Enseignement Supérieur, le budget a été revu à la baisse de 34,27%. Vu le caractère primordial de la transmission de connaissances, dans un pays en manque de développement tout azimut comme le nôtre, comment pouvez-vous justifier cette baisse ?

3- Au Ministère de l’Equipement et des Travaux Publics, nous avons constaté la suppression de la ligne destinée aux ouvrages d’arts (ponts, buses, …).

Comment pouvez-vous expliquer cette suppression du moment où nos routes manquent cruellement de ponts ?  Dans le Haut-Mbomou par exemple, les bacs sur les rivières kéré et Bokou sont complètement défectueux et demandent à être remplacés par des ponts. Comment ce Ministère va-t-il arriver à le faire ?

Par ailleurs, l’axe Sibut-Bambari-Kongbo bénéficie chaque année des lignes destinées aux études de faisabilité du bitumage.

Au présent budget, ces lignes ont été reconduites.

Pouvez-vous nous situer sur les résultats de ces études et ce qui a motivé la reconduction de ces lignes ?

A quand le début effectif des travaux de bitumage de cette route ?

L’axe Alindao-Kongbo bénéficie depuis 3 ans d’une ligne pour sa réhabilitation : 500 millions en 2021, 350 millions en 2022 et cette année 400 millions pour 2023, mais les travaux n’ont jamais démarré.

Quelles explications pouvez-vous nous donner à ce sujet ?.

Sans piège s’il vous plait : ne dites surtout pas que le pays a des difficultés financières.

Dans le même ordre d’idée, la réhabilitation de la route PK0-aéroport avait bénéficié, semble-t-il, d’un financement Saoudien.

Pouvez-vous nous expliquer pourquoi les travaux se sont arrêtés ?

Que pouvez-vous nous dire sur la ligne «  Réhabilitation de la route PK0-aéroport qui passe de 17 500 000 à 200 000 000 en termes de frais de recherche et de développement des ressources humaines ? Quelle est réellement sa contribution dans le bitumage de cette route ?

Dites-nous sincèrement, sans aucun piège, à quand le bitumage de cette route, vitrine du pays ?

Monsieur le Ministre,

Lors de la 2ème Législature, le Député Maïtart DJIMAREM  avait proposé et soutenu l’annulation de la vignette et l’augmentation du prix du carburant en vue de compenser cette annulation. Ce qui fut fait. C’était pour contourner les multiples fraudes orchestrées par les agents sur le terrain.

Aujourd’hui, en ramenant le paiement direct de cette vignette par les usagers, sans annuler l’augmentation compensatrice du carburent, le Gouvernement fait payer doublement cette vignette à ces derniers.

Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Nous proposons que cet aspect soit pris en compte dans l’harmonisation des prix des produits pétroliers que vous avez annoncé dans vos propos liminaires.

 

 

 

Monsieur le Ministre,

Pour la 2ème fois, le Gouvernement dément vos déclarations sur les difficultés financières du pays. Cette fois-ci, son porte-parole parle de piège.

Pendant que vous passez votre temps à tendre des pièges ridicules aux gens, nos populations souffrent, nos enfants à l’intérieur du pays n’ont plus d’enseignements de qualité faute d’enseignants qualifiés, les hôpitaux sont devenus des mouroirs, nos routes sont impraticables en toute saison et l’insécurité bat son plein.

Arrêtez de nous piéger Monsieur le Ministre, nous ne sommes pas des rats.

Arrêtez de piéger les populations. Sa souffrance a déjà atteint son paroxysme.

Mettez les moyens dont parle le Gouvernement au service du peuple pour l’amélioration de son bien-être.

Voilà le rôle assigné au Gouvernement. Ce n’est pas un jeu Monsieur le Ministre.

Je vous remercie pour votre attention.

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