Lettre ouverte de monsieur Lèsias Carrière LAGBO au Président Touadera

 

La détérioration de la situation sécuritaire en République centrafricaine commence à exacerber les Centrafricains. Les informations inquiétantes faisant état de violence pratiquée sur les civils par les forces gouvernementales et les groupes armés dans le Sud, nord, ouest et est de la République centrafricaine  souligne une tragique réalité : la RCA est toujours dans une crise profonde. Face à cela, monsieur Lèsias Carrière LAGBO a décidé de rédiger une lettre ouverte au Président de la République, le professeur Faustin Archange Touadera pour dénoncer cette situation.  

Ci-dessous, l’extrait de sa correspondance adressée au chef de l’État.

monsieur Lèsias Carrière LAGBO
monsieur Lèsias Carrière LAGBO

 

La détérioration de la situation sécuritaire en RCA commence à exacerber

 

Messieurs le Président de la République,

 

Je viens par la présente vous faire part de mes préoccupations sur la situation sécuritaire accablante de notre pays.

 

Nul n’est sans ignorer qu’au lendemain de l’assaut lancé par la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC ) contre la ville de Bangui, votre régime s’est résolu pour “l’emploi de la force” comme méthode de pacification de notre territoire national grâce vos soutiens de Wagners et des forces bilatérales Rwandaises sous le slogan “Win na Win” (fer avec fer ). Car après vingt-deux (22) mois de fiesta avec les groupes armés, vous aviez réalisé que le cœur de votre pouvoir était menacé par ces derniers, et la situation sécuritaire  demeure inquiétante.

 

Malheureusement presque deux (2) ans passés, force est de constater que malgré la contre offensive lancée, l’état d’urgence instauré puis suspendu et le couvre-feu toujours en vigueur, même au niveau de la capitale Bangui votre graphique en matière de sécurité demeure inquiétante des faits des bracages, des chasses aux sorcières, des traques des Opposants politiques, des restrictions de libertés de la Presse, des manipulations orchestrées en marches dites pacifiques contre les institutions nationales et internationales et de la recrudescence des violences armées de ces derniers temps dans nos provinces. Tout cela met en exergue une réponse sécuritaire fragile, incohérente aux attentes du peuple et surgelée des cas graves de violations des Droits de l’Homme (DDH) et du Droit International Humanitaire (DIH) mais aussi déviante comme solution pour une sortie de crise. Car cette réponse constitue en elle-même une source d’insécurité pour la démocratie et la population centrafricaine.

 

A celle-là s’ajoute la persistance de votre gouvernement à soudoyer les cadres de l’Administration étatique et de l’Opposition Démocratique pour accompagner Mr Faustin Archange TOUADERA dans son obsession d’une présidence à vie avec pour conséquences les crispations du climat politique et sécuritaire volontairement entretenues qui menacent la paix nationale et internationale.

 

Lorsque vous avez décidé de mettre notre sécurité nationale sous les tutorats Wagner et Rwandais, vous savez pertinemment que vous allez concédé une large portion de notre souveraineté à un groupe illégal et des gens parfois rusés et prêts à tout pour leurs intérêts tous comme ces rebelles étrangers qui minent notre territoire. Quelles suites pour les massacres de jeunes civils de Bossangoa, Abba (Bouar), les peulhs de Bordoul (Ngouandaye 2) et le pillage systématique de la Commune Loura (Bocaranga 3) ?

 

Ces accords secrets avec vos partenaires rebelles et Wagner sont une belle illustration de notre décadence en enfer. Car celui de Khartoum auquel vous vous accrochez encore a pondu la rébellion CPC.

Pour l’autre, l’avenir nous dira même si on aperçoit déjà les mêmes germes !!!

 

Pour ce que vous considerez comme des exploits sécuritaires sur vos tables en or, vous auriez dû quitter pour une seule fois vos conforts de la République de Bangui et sillonner en amont quelques provinces de notre pays en voitures avant de faire des exposés erronés de vos prétendues avancées sécuritaires et de développement. Car ceux que vous considérez comme de simples bandits et voleurs de bœufs, sévissent et brillent en crimes internationaux sur les axes Bossangoa – Paoua, Bocaranga – Mann – Bang, Bocaranga – Koui – Ngawi, Bozoum – Paoua, Bozoum – Bocaranga, Bocaranga – Ndim – Ngaoundaye, Bambari – Alindao, Ndélé – Ouhadda-Djale… Tout comme ceux que vous avez envoyé pour restaurer l’Autorité de l’État dans ces zones affectées mais qui se sont reconvertis en affairistes, bourreaux et preneurs de la population centrafricaine en otage par des pratiques hors normes et des devoirs auxquels ils ont été mandatés sous vos barbes.

 

Messieurs !!!

 

Le processus de D.D.R.R. exécuté dans l’Est, l’Ouest et le Centre qui a permis la réintégration des ex-combattants rebelles dans notre Armée nationale après des formations au rabais d’un (1) mois instruites par les mercenaires Russes est un fiasco selon les résultats escomptés. Vraisemblablement une nouvelle rébellion armée mais légalement constituée contre la population centrafricaine et son avenir avec des conséquences dramatiques non évaluées au préalable.

 

La population centrafricaine ne saurait retravailler les mentalités de ces “dangers publics” pour faciliter leur réinsertion. La place de ces nouveaux bourreaux en uniformes et matricules devait être devant la Cour Pénale Spéciale (CPS) et la Cour Pénale InternationaIe (CPI) pour qu’ils répondent de leurs actes devant le peuple centrafricain qui se retrouve en super victime de vos produits qui sont à la fois Procureurs, Douaniers, Contrôleurs des Impôts, Policiers, Gendarmes et FACA par manque de votre lucidité.

 

Et ce n’est pas Assane BOUBA, Ministre protégé de votre réseau qui va me démentir !!!

 

Dîtes nous à qui profitent les taxes imposées à la population sur ces multiples barrières illégales qui sont une violation flagrante du principe fondamental de la “libre circulation des personnes et des biens”.

 

Vive le nouvel esclavagisme du peuple Centrafricain sur la terre de ses aïeux !!!

 

Prétextant de l’embargo qui pèse sur notre pays, dans les faits, vous vous abstenez de votre responsabilité première de “Protéger ” pour rappeler à chaque occasion à la MINUSCA son rôle de “Protection des civils” par vos canaux propagandistes d’incitation à la violence animés par les sulfureux KOSSIMATCHI et DONENG. Non seulement c’est une fuite en avant mais aussi ridicule de substituer notre État aux impulsifs et pacotilles pour qu’ils se penchent sur un sujet crucial qui engage l’avenir d’un peuple. Cela traduit un manque de courtoisie envers les partenaires indispensables de la République qui vous appuyent efficacement dans vos obligations régaliennes.

 

Par cette relation privilégiée des Wagner dans nos affaires intérieures, vous avez occasionné les ruptures de nos coopérations miliatires avec certains partenaires clés et favoriser la banalisation de notre Armée par ces nouveaux colons qui ne cessent d’exercer des pratiques d’un “Maître à l’esclave ” vis-à-vis de nos troupes sous les effets de la peau produits par le goût de Vodka centrafricain “Wâ na Wâ.

Une perte de valeurs républicaines qui incarnaient nos Armées et une mésaventure pour nos troupes déjà fragmentées à cause de vos préférences (recrutements, grades et d’autres avantages ), détournements des fonds alloués (PGA, carburants …) et suspicions de coup d’État interminable contre votre régime en bonnet blanc. ( La situation sécuritaire ).

 

En plus, vous avez confisqué pour votre propre sécurité les moyens civils et militaires lourds achetés par les contribuables centrafricains au détriment de ces filles et fils du pays et parents des familles envoyés sur les théâtres des opérations dépourvus de moyens adéquats pour faire face à l’ennemi.

 

Que Dieu des Armées les protège dans cette situation sécuritaire !!!

 

Vos discours sur la libération totale de notre territoire, l’impunité zéro et le développement résonnent comme un silence assourdissant et complice qui explique dans les faits que ce chaos n’a guère fait l’objet de vos préoccupations. Juste un désaveu, une démagogie car étant dans vos prestigieux fauteuils, vous ne songez qu’aux étoiles et non vivre un jour ces traitements inhumains et dégradants, rackets et menaces de mort voire exécutions extrajudiciaires que certaines de ces Forces de Sécurité et de Défense (FSD) et ces rebelles font subir à la population centrafricaine.

 

Pendant cette periode de transhumance, il y’a lieu d’évoquer cet absence d’une politique agissante de votre part pour pallier aux problèmes intercommunautaires entre les agriculteurs et éleveurs ainsi que ceux de vols de betail et des dérapages de nos autorités locales dans l’exercice de leurs missions, source d’insécurité économique et d’instabilité pour les populations locales.

 

Les causes de la récente attaque de Mann (Ngaoundaye 2) doivent vous interpeller !!!

 

Messieurs !!!

 

Lorsque le pauvre paysan centrafricain est empêché d’exercer ses activités agricoles et d’élevages soit de faire écouler ses produits agricoles à cause de ces mauvaises pratiques en plus des infrastructures routières, sanitaires et scolaires inexistantes qui mettent en danger sa vie et son Éducation de surcroît dépassé par les coups de transports élevés à cause de pénuries de carburants, sachez que cela est une haute trahison de vos engagements et une atteinte grave du droit à la vie. Le panier de la ménagère centrafricaine exposé à la flambée des prix des denrées alimentaires et les produits de premières nécessités, source d’une insécurité alimentaire sévère sera t’il aussi pris en compte dans la rédaction de votre nouvelle Constitution ? ( La situation sécuritaire ).

 

Doit on toujours faire un clin d’oeil aux Fonds des Nations – Unies pour l’Alimentation ?

 

Le ventre affamé n’aura plus d’oreilles pour vous écouter quand ce jour arrivera !!!

 

En dépit de vos discours anti impérialistes erronées pour une véritable indépendance politique et économique de notre pays, il ressort clairement que ces maux sont l’expression de votre mode de gouvernance. Un blocus visible bien établi pour encadrer la crise et soumettre la population centrafricaine aux dominations des prédateurs et imposteurs de la République.

 

Devons-nous procéder au référendum constitutionnel pour avoir la sécurité ?

 

De cœur, la solution demeure une réelle volonté politique d’appeler les Centrafricains au calme, de les réunir dans l’urgence autour d’une table avec les concours de nos partenaires traditionnels et autres États épris de la paix mondiale, d’opter pour une inclusion totale mais aussi de rapatrier tous les mercenaires étrangers puis de combattre les récalcitrants avec les apports des forces nationales ou internationales légalement constituées afin de permettre à notre État d’amorcer la paix véritable et son développement.

 

“Nous ne le dirons assez car vos devoirs se résument à notre satisfaction “.

 

Telle est ma contribution !!!

 

J’informe, j’accuse et j’assume !!!

 

Vive une Centrafrique unie et sécurisée !!! ( La situation sécuritaire ).

 

Fait à Bangui le 09-11-2022

 

Lèsias Carrière LAGBO

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