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La Transhumance à Bocaranga : Quand la Quiétude Se Dissipe

La Transhumance à Bocaranga : Quand la Quiétude Se Dissipe

 

Une dizaine des boeufs au bord de la route entre Bossemptele et Baoro
Une dizaine des boeufs au bord de la route entre Bossemptele et Baoro. Photo CNC / Gervais Lenga

 

Bangui, 23 avril 2024 (CNC)  

 “La quiétude des champs s’efface, laissant place à l’ombre de la peur.”

À Bocaranga, dans la préfecture de l’Ouham-Pendé, la transhumance poursuit sa danse discordante, semant la discorde et le désespoir parmi les habitants. Les éleveurs, à la quête de pâturages verdoyants, sont pointés du doigt comme les principaux instigateurs des violences qui affligent les femmes des environs de la ville. Les témoignages révèlent un sombre tableau où les violences physiques et sexuelles deviennent monnaie courante, perturbant gravement le rythme tranquille des activités agricoles.

 

Un Triste Tableau de Violences

 

Les récits poignants décrivent des scènes de terreur nocturne, où les éleveurs armés surgissent tels des ombres malveillantes dans les champs paisibles. Les femmes, victimes impuissantes de leur brutalité, sont confrontées à des sévices corporels et des agressions sexuelles, laissant des cicatrices indélébiles sur leur corps et leur esprit. Eulalie Bissi, une des nombreuses voix brisées par cette tragédie, témoigne de sa nuit d’horreur, où la violence a effacé la tranquillité de son foyer et la paix de son âme.

« J’étais au champ en pleine nuit, ils étaient débarqués pour me rendre visite. Je me souviens de leur dernière apparition dans le même campement pour commettre leur forfait. J’ai crié pour alerter le voisinage mais ils m’ont brutalisé pour coucher avec moi. Ils ont pris un gourdin pour me frapper et je m’étais évanoui. Dès l’arrivée des voisins, ils ont pris la fuite. J’étais évacuée d’urgence à l’hôpital pour recevoir des soins intensifs avant de rentrer à la maison », déclare madame Bissi.

 

Un Appel à l’Aide Ignoré

 

Malgré les multiples campagnes de sensibilisation, le fléau persiste, engendrant un désespoir croissant parmi les habitants. Les éleveurs armés, insensibles à la détresse qu’ils laissent dans leur sillage, continuent d’imposer leur loi brutale, plongeant la région dans un cycle infernal de peur et de souffrance. Nathalie Beyan-Wikalaya, vice-présidente de l’OFCA de Bokaranga, tire la sonnette d’alarme, soulignant l’urgence d’une action gouvernementale pour mettre un terme à cette spirale de violence qui prive les femmes de leur droit fondamental à la sécurité et à la dignité.

« Le taux s’augmente de jour en jour. La plupart de ces auteurs sont des éleveurs  armés, et les femmes n’ont pas d’accès d’aller au champ. Leurs enfants sont privés de la nourriture. Quand elles ne vont pas au champ, quel sera leur sort? Au niveau local, nous demandons aux autorités d’appliquer la loi sur les auteurs de ces cas de victimes ».

 

L’Ombre des Conflits Communautaires

 

En arrière-plan, se dessine l’ombre menaçante des présumés hommes armés de 3R, ajoutant une dimension sinistre à une situation déjà désespérée. Si rien n’est fait pour endiguer cette transhumance violente, le risque de voir les tensions communautaires s’intensifier davantage plane tel un sombre présage sur la région déjà tourmentée.

 

Face à cette réalité cauchemardesque, il est impératif que les autorités prennent des mesures concrètes pour protéger les populations vulnérables et restaurer la paix dans la région. La transhumance ne doit pas être synonyme de terreur et de traumatisme pour les habitants de Bocaranga. Il est temps d’agir avec détermination et compassion pour éloigner les ténèbres qui assombrissent le cœur de cette terre autrefois paisible, et de guider ses habitants vers un avenir où la sécurité et la dignité ne sont plus des chimères, mais une réalité tangible.

 

Par Fortuné Boberang

 

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