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Haut Conseil de la Communication : Une institution en crise de neutralité en Centrafrique

Haut Conseil de la Communication : Une institution en crise de neutralité en Centrafrique

 

Monsieur Josué Richard Pouabi, Président du HCC. Photo : Cyrille Jefferson Yapéndé. Copyright2018CNC.

 

 

Bangui, 16  juillet 2023 (CNC) – Le récent communiqué du Haut Conseil de la Communication (HCC) de la République centrafricaine a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux, et à juste titre. Ce communiqué, qui interdit aux partis politiques MLPC (Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain) et RDC (Rassemblement Démocratique Centrafricain) de s’exprimer dans les médias de service public, est une mesure clairement partiale et porte atteinte à la liberté d’expression dans le pays.

 

Il est tout à fait légitime que les citoyens centrafricains s’interrogent sur les motivations réelles derrière cette décision. Le parti MLPC, dirigé par Monsieur Martin Ziguelé, est le plus grand parti centrafricain et représente une partie importante de l’opposition élargie. Il est donc naturel que ses représentants aient la possibilité de s’exprimer dans les médias publics, qui devraient être des plateformes ouvertes et accessibles à tous les acteurs politiques.

 

Il est inacceptable que le HCC justifie cette décision en se référant aux problèmes internes des partis politiques et à leurs affaires judiciaires en cours. Il est du ressort des juridictions nationales de statuer sur ces questions, et il n’appartient pas au HCC de les anticiper en interdisant la parole aux partis concernés. Une institution neutre et indépendante devrait respecter les principes de la démocratie et de l’État de droit, garantissant ainsi la liberté d’expression et le pluralisme politique.

 

De plus, les internautes ont soulevé des interrogations légitimes quant à l’impartialité du président du HCC lui-même. Les liens politiques du président du HCC avec un parti politique et le pouvoir en place remettent en question sa neutralité et son indépendance. La constitution et la loi organique du HCC exigent pourtant que ses membres soient neutres, impartiaux et indépendants de toute influence politique. La violation de ces principes fondamentaux par le président du HCC mine la crédibilité et l’intégrité de cette institution.

 

La République centrafricaine mérite un Haut Conseil de la Communication véritablement neutre, indépendant et impartial, qui protège et promeuve la liberté d’expression et les droits démocratiques de tous les acteurs politiques. La décision actuelle du HCC est en contradiction avec ces principes essentiels et ne peut être tolérée.

 

En restreignant la parole des partis politiques d’opposition dans les médias publics, le HCC contribue à la consolidation d’un environnement politique restrictif et à une potentielle marginalisation des voix dissidentes. La démocratie ne peut prospérer que si toutes les parties prenantes ont la possibilité de s’exprimer librement et d’engager un dialogue ouvert et constructif.

 

Il est crucial que la société civile, les organisations internationales et la communauté internationale suivent de près cette situation et appellent à la révision de cette décision partiale du HCC. La République centrafricaine a besoin d’institutions démocratiques fortes et impartiales pour garantir la liberté d’expression, lutter contre les abus de pouvoir et favoriser un véritable débat politique pour le bien-être de tous les citoyens.

 

Il est temps de rappeler au Haut Conseil de la Communication son rôle essentiel dans la protection de la liberté d’expression et de la démocratie en République centrafricaine. Les restrictions injustifiées imposées aux partis politiques d’opposition doivent être levées, et le HCC doit être une institution véritablement neutre et indépendante, au service de la démocratie et du pluralisme politique.

 

La République centrafricaine mérite mieux que des décisions partiales qui entravent la liberté d’expression et restreignent le débat démocratique. Il est temps de corriger cette situation et de garantir à tous les acteurs politiques la possibilité de s’exprimer librement et équitablement dans les médias publics du pays.

 

Par Alain Nzilo

 

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