Forces rwandaises en RCA : Gardiens de la sécurité ou capitaines du commerce ?

Forces rwandaises en RCA : Gardiens de la sécurité ou capitaines du commerce ?

 

Les soldats de l'armée rwandaise. CopyrightDW
Les soldats de l’armée rwandaise. CopyrightDW

 

 

Bangui, 23 janvier 2024 (CNC) – L’histoire de l’arrivée des forces rwandaises en République centrafricaine dans le cadre de la coopération bilatérale pour renforcer la sécurité a pris une tournure inattendue. Au lieu de se limiter à leur rôle initial de gardiens, ces militaires se transforment en acteurs majeurs du commerce. Cette évolution surprenante soulève des questions profondes sur la nature réelle de leur mission et les impacts économiques locaux. En examinant de près des cas concrets tels que celui de Bria, où la concurrence déloyale menace les commerçants locaux, nous plongeons dans une réalité où la dualité entre sécurité et commerce se fait de plus en plus apparente. 

  

L’une des illustrations les plus frappantes de cette dualité de rôle des forces rwandaises se trouve à Bria, dans la préfecture de la Haute-Kotto. Dans cette ville, le détail des actions controversées des militaires rwandais révèle une réalité alarmante pour les commerçants locaux. 

 

Le trajet de Bangui à Bria, très vital pour approvisionner cette ville du centre nord de la RCA en marchandises, se transforme depuis quelques années en un parcours semé d’embûches. 

 

Les commerçants centrafricains de Bria, après avoir acheté leurs produits commerciaux à Bangui, sont confrontés à des tracasseries routières importantes en revenant à Bria. Blocages, taxes financières, et même des ajustements constants des panoplies de formalités aux barrières des forces de l’ordre à l’entrée et sortie de chaque ville, les difficultés s’accumulent. 

  

Dans un contraste saisissant, les militaires rwandais traversent ce même itinéraire sans entraves. Leurs véhicules militaires bénéficient d’une liberté totale, échappant aux tracasseries routières qui entravent les commerçants locaux. À leur arrivée à Bria, ils inondent le marché, étouffant les efforts des commerçants locaux qui, malgré leurs paiements réguliers des impôts et taxes aux autorités, se retrouvent confrontés à des difficultés financières croissantes dues aux méventes de leurs produits en raison d’une concurrence déloyale instaurée par ces militaires rwandais et pour eux-mêmes, et pour leurs concitoyens dans la plus part, des anciens soldats, venus s’installer en Centrafrique, menaçant la stabilité de leurs commerces. 

  

À Bangui, la capitale centrafricaine, les Rwandais qui sont venus dans le cadre de la coopération bilatérale font un choix surprenant à la fin de leur mission. Dès leur retour dans leur pays, ces mêmes militaires retournent en RCA en tant que civils pour s’impliquer dans les activités commerciales : bar, gargote, restaurant, etc.. Cette décision, bien qu’apparemment légitime, crée un déséquilibre économique notable. Les Rwandais, libres des contraintes fiscales et des pressions de l’État, inondent le marché à Bangui et dans les villes de provinces, mettant sous pression les entrepreneurs centrafricains qui sont soumis à des règles strictes et des taxes draconiennes. 

  

Cette dualité dans les réalités économiques entre les Rwandais et les entrepreneurs centrafricains souligne l’impact significatif de la présence militaire sur le tissu économique de la Centrafrique. Alors que les forces rwandaises étaient initialement perçues comme des gardiens de la sécurité, leur immersion dans le commerce local soulève des préoccupations majeures quant à l’équité économique et à la véritable nature de la coopération bilatérale. 

  

Il y’a lieu de noter que la coexistence des forces rwandaises en tant que gardiens de la sécurité et entrepreneurs a des implications profondes pour la République centrafricaine. Les détails révélateurs de Bria mettent en lumière les difficultés croissantes pour les commerçants locaux, confrontés à des tracasseries routières et des pressions économiques, tandis que les Rwandais bénéficient d’une liberté apparemment illimitée. La situation à Bangui, où les militaires rwandais retournent en tant que civils pour investir dans le commerce, souligne les défis économiques auxquels sont confrontés les entrepreneurs locaux. Cette dualité appelle à une réflexion approfondie sur la véritable intention de la coopération bilatérale et met en évidence les inégalités économiques exacerbées par la présence militaire. 

 

Par Gisèle MOLOMA

 

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