Enquête exclusive : Au Cœur de la Mafia des Ponts Bascules de Bouar et Béloko
L’exploitation des transporteurs sur le corridor Béloko-Bangui par une mafia routière en République centrafricaine dévoile un système corrompu et coûteux pour le peuple centrafricain.
Corruption systémique
Au cœur de la Centrafrique, un réseau mafieux impose sa loi sur les corridors de transport, notamment à Bouar et Béloko. Les transporteurs, confrontés à des frais exorbitants et à des pratiques douteuses, dénoncent un système où la corruption est institutionnalisée.
« A Béloko, au pont-bascule, des agents ont illégalement taxé mon camion 325 000 francs CFA soi-disant à cause du tonnage supplémentaire, mais après négociation, nous avons fini par payer 5 000 francs CFA pour passer », révèle un chauffeur routier interrogé par CNC, illustrant le caractère nébuleux des négociations.
L’Épreuve du Poids: L’Inextricable Piège des Ponts Bascules
Au cœur de l’enchevêtrement centrafricain, l’administration des ponts-bascules, tant à Bouar qu’à Béloko, semble être devenue le théâtre d’une pratique douteuse, presque ritualisée, où la notion de justice de poids se perd dans les méandres de l’opportunisme. Notre enquête révèle les difficultés des chauffeurs routiers, confrontés à un véritable parcours du combattant.
Imaginez un instant ce scénario incroyable : après avoir payé des frais substantiels à Béloko, les chauffeurs de la société TLT Centrafrique se retrouvent à nouveau piégés à Bouar, soumis au même discours sur le surpoids prétendument excessif de leurs cargaisons. Mais le récit prend une tournure encore plus kafkaïenne lorsque l’administration des ponts-bascules de Bouar affirme que ces mêmes véhicules, conçus pour le transport lourd, ont endommagé l’infrastructure du pont-bascule.
La question se pose alors, à juste titre : ces ponts-bascules sont-ils destinés uniquement aux petits véhicules ? L’absurdité de la situation frise le ridicule : accuser des camions robustes de détruire des ponts censés supporter des charges beaucoup plus lourdes. Cette affirmation, loin de toute logique, soulève de profondes interrogations sur les intentions et les pratiques de cette administration.
« C’est incompréhensible. On nous dit que le pont-bascule est défectueux à cause de notre camion. Ils nous imposent de leur payer 100 000 francs CFA pour l’endommagement du pont et 100 000 francs pour l’excedent des poids », s’interroge un chauffeur routier de TLT Centrafrique.
Coûts prohibitifs et arbitraires
Les transporteurs sont également confrontés à des coûts imprévus et exorbitants, dépassant de loin les normes internationales.
« Ils parlent de 13 tonnes de surpoids, ce qui est impossible selon les conventions internationales », explique un autre transporteur de la société TLT Centrafrique, dont le véhicule est bloqué à Bouar depuis mardi par des agents du pont-bascule pour les mêmes raisons. Cette situation met en évidence le décalage entre les pratiques locales et les normes internationales.
Liste suspectes :
La crédibilité des listes imposées aux chauffeurs est remise en question, souvent sans dates ou avec des informations erronées, exacerbant le sentiment d’injustice.
Complicité et silence
La complicité du gouvernement et des autorités centrafricaines dans ces pratiques de corruption soulève de profondes questions sur l’intégrité de l’administration.
« Le chef du BARC est un mafieux, tout comme le ministre des Transports », affirme un syndicalistes centrafricains, mettant en cause les plus hauts responsables de l’administration des transports en Centrafrique.
Il convient de noter que la mafia routière centrafricaine, un fléau qui pèse lourdement sur l’économie et l’éthique des transports.
Ce dossier spécial du CNC met en lumière un système de corruption profondément enraciné, où les transporteurs se retrouvent pris au piège entre des frais arbitraires et une administration opaque. L’urgence d’une réforme et d’une transparence totale est plus pressante que jamais pour restaurer la confiance dans les infrastructures de transport en République centrafricaine.
Par Alain Nzilo
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