En Centrafrique, la traque des éleveurs Peuls s’intensifie…

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En Centrafrique, la traque des éleveurs Peuls s’intensifie…

 

En Centrafrique, la traque des éleveurs Peuls s’intensifie…
L’éleveur Peul agressé par des braqueurs lourdement armés près de Bozoum, dans la préfecture de l’Ouham-Pendé

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

Dans les broussailles et les villages reculés près de Bozoum, un vent de peur souffle depuis des semaines. Les éleveurs peuls, ces hommes et femmes dont le quotidien tourne autour des pâturages et les troupeaux, vivent désormais sous la menace constante des braqueurs lourdement armés qui sévissent en toute impunité. Les récits qui parviennent à la rédaction du CNC dessinent une fresque tragique où la violence s’invite sans crier gare, avec, en toile de fond, une complicité des autorités qui ne fait qu’aggraver les choses.

 

En effet, le 17 février dernier, un campement à quelques encablures de Bozoum a été la cible d’une hécatombe : près de 60 éleveurs peuls ont été massacrés dans une attaque d’une rare sauvagerie. Les survivants parlent d’un déchaînement incroyable, de cris étouffés par la panique et le fracas des balles. Et ce n’est pas tout! À peine neuf jours plus tard, le 26 février, le malheur a frappé à nouveau, à 7 kilomètres de Bozoum, près du village de Bara sur l’axe de Bocaranga. Cette fois, un éleveur perché dans un arbre, occupé à couper des feuillages pour nourrir son bétail, a été pris pour cible. Des individus armés ont ouvert le feu. Touché, l’homme s’est effondré au sol. Ses compagnons, témoins de la scène, ont fui précipitamment avec leurs bêtes, poursuivis par les assaillants.

 

Contre toute attente, l’éleveur abattu n’était pas mort. Grièvement blessé, il a trouvé la force de ramper hors du danger. Des villageois l’ont découvert au bord d’un sentier et l’ont conduit à l’hôpital. Son récit, émouvant, témoigne de la violence qui frappe sans relâche cette communauté.

 

Le répit n’a duré que deux jours. Le 28 février, plus au nord, près de Paoua, vers la commune de Pendé, deux autres éleveurs ont croisé le chemin des autres braqueurs armés. Alors qu’ils guidaient leurs troupeaux à travers les herbes sèches, les tirs ont éclaté. L’un s’est effondré, une balle dans la jambe ; l’autre a filé à toute allure, ses bêtes en désordre devant lui, poursuivi par des ombres armées. Depuis, personne ne sait s’il a survécu ou si ses vaches ont été emportées comme butin. Le blessé, lui, a rejoint un hôpital le 1er mars, où les soignants ont recueilli son témoignage, accompagné de clichés poignants qui circulent désormais.

 

Ces drames ne sortent pas de nulle part. À Bossembélé, près de 160 kilomètres de Bangui, des razzias ont déjà visé les Peuls, tuant l’un d’entre eux. À Ngaoundaye, dans ses environs, les jeunes miliciens ont attaqués les éleveurs et tuant plusieurs d’entre eux, capturant trois autres. En représailles, les Peuls, lourdement armés, ont attaqué le village, faisant plus de 10 morts parmi les civils sans défense, et plusieurs boutiques incendiées, des habitations calcinées au passage.

 

Les murmures pointent du doigt les autorités préfectorales, nationales, les mercenaires de russes du groupe Wagner. Qui tire les ficelles ? Pourquoi ce acharnement contre une communauté dont les troupeaux font vivre tant de marchés ?

 

Les hypothèses fusent dans les conversations. Certains imaginent un plan cynique : vider le pays de ses éleveurs pour mieux le plonger dans la famine , puis prendre la main sur l’élevage pour en tirer profit. D’autres se demandent si ces violences ne visent pas à raviver les braises de 2013, quand la Centrafrique s’est déchirée dans une guerre fratricide. Ce qui sidère, c’est le mutisme des responsables. Pas un mot, pas un geste pour stopper cette spirale. Les armes continuent de parler, et les Peuls, eux, continuent de tomber,  y compris les pauvres villageois qui n’ont rien à voir dans cette affaire.

 

Dans ces deux préfectures touchées, les habitants oscillent entre colère et résignation. Combien de vies faudra-t-il encore pour que ce carnage cesse ? Les réponses tardent, mais une chose est sûre : le silence des autorités centrafricaines  pèse plus lourd que les balles….

 

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