Élysée Nguimalé : « La présidence centrafricaine est devenue le sanctuaire de l’incivisme »

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
En Centrafrique, l’incivisme est devenu une norme encouragée par le régime en place. Élysée Nguimalé, coordinateur national de l’Observatoire pour la Gouvernance Démocratique, dénonce une situation où les responsables politiques, loin de donner l’exemple, sont les premiers à piétiner les règles et à favoriser le chaos. Lors de son intervention dans l’émission Patara sur la radio Ndéké-Luka, il a pointé du doigt le rôle du pouvoir dans la montée de l’irresponsabilité et du mépris des lois, notamment chez les jeunes.
L’incivisme, une arme politique du régime Touadéra
Loin d’être un simple problème de comportement, l’incivisme en Centrafrique est entretenu par le pouvoir lui-même. Élysée Nguimalé a été direct :
« La présidence centrafricaine est devenue le sanctuaire de l’incivisme ».
Pour lui, le MCU et ses alliés ont tout intérêt à maintenir la population dans l’ignorance et la précarité. Un peuple bien formé et politiquement conscient serait un obstacle à la survie du régime.
Il cite notamment le cas d’un conseiller spécial de la présidence, Fidèle Ngouandjika, qui a déclaré publiquement lors du référendum constitutionnel que les femmes centrafricaines seraient offertes aux mercenaires de Wagner en guise de récompense. Une déclaration qui aurait dû provoquer une réaction immédiate de la part des autorités. Mais comme toujours, aucune sanction n’a été prise.
« C’est la politique qui génère l’incivisme. Nous avons un État qui récompense les comportements déviants et protège ceux qui sapent les règles fondamentales de la République ».
Le message est clair : le régime MCU ne punit pas l’incivisme, il le favorise.
La jeunesse livrée à elle-même et exploitée pour servir le pouvoir
Pour beaucoup de jeunes, il n’y a plus de repères. Les promesses d’emploi et d’intégration sociale restent du vent, et ce sont ceux qui se laissent enrôler dans les stratégies du pouvoir qui parviennent à tirer leur épingle du jeu.
Selon Yanis Siopatis, directeur exécutif de l’ONG Ourou, le Conseil National de la Jeunesse a été vidé de son sens et remplacé par un comité sous contrôle du gouvernement. Un choix stratégique qui vise à empêcher toute revendication indépendante des jeunes.
« Un organe sous contrôle du régime ne peut plus défendre l’intérêt des jeunes. Il devient un instrument de propagande et de mobilisation politique ».
Les jeunes sont manipulés par les partis politiques, enrôlés dans des manifestations et utilisés pour servir des intérêts qui ne sont pas les leurs. Une fois les échéances électorales passées, ils sont abandonnés à leur sort, sans emploi, sans perspectives et sans soutien.
Un système éducatif sacrifié pour mieux dominer la population
L’incivisme ne vient pas de nulle part. L’éducation civique a quasiment disparu des écoles, privant les jeunes d’un apprentissage essentiel sur leurs droits et devoirs.
Espoir Ngamba, président de l’Association des Enseignants pour l’Éthique Chrétienne, regrette cette évolution :
« Autrefois, l’éducation civique était un pilier de la formation des élèves. Aujourd’hui, la jeunesse grandit sans repères, sans conscience des valeurs républicaines ».
Ce n’est pas une négligence, mais une stratégie. Élysée Nguimalé accuse le gouvernement d’avoir volontairement affaibli le système éducatif :
« L’État a détruit l’éducation pour mieux manipuler la jeunesse ».
Sans éducation solide, les jeunes sont plus vulnérables à la désinformation, aux fausses promesses et aux manipulations politiques.
Les violences scolaires, un symptôme de l’effondrement du système
Les récentes violences dans les écoles montrent une jeunesse désorientée, sans cadre et sans limite.
À Nola, des élèves ont attaqué leurs enseignants et la police après qu’un de leurs camarades a été sanctionné pour une tenue non conforme au règlement. Une situation qui aurait été impensable il y a quelques années.
Face à l’ampleur de la crise, les autorités académiques ont suspendu les cours. Pour Élysée Nguimalé, ces dérives sont une conséquence directe de la politique du régime :
« Quand les dirigeants eux-mêmes bafouent les lois, comment voulez-vous que la jeunesse respecte l’autorité ? ».
L’impunité, moteur de l’incivisme en RCA
L’une des causes principales de l’incivisme en Centrafrique est l’absence totale de sanctions contre ceux qui encouragent ces comportements.
Le régime MCU ne punit jamais ses proches ou ses partisans, même lorsqu’ils sont pris en flagrant délit d’incitation à la violence ou à la corruption.
« L’impunité alimente l’incivisme. Tant que les proches du pouvoir seront intouchables, la population continuera à suivre cet exemple ».
Les jeunes voient les élites s’enrichir sans conséquence, mépriser les lois et écraser leurs opposants. Face à cela, ils perdent foi en la justice et rejettent toute notion de civisme.
Une génération sacrifiée pour maintenir le régime en place
Le régime MCU joue avec l’avenir du pays. En encourageant l’incivisme, la manipulation et l’ignorance, il s’assure que la jeunesse reste sous contrôle et incapable de se révolter contre le système en place.
Mais cette politique pourrait se retourner contre ceux qui l’exploitent.
« Si nous continuons dans cette voie, nous courons à la catastrophe. L’incivisme que le pouvoir encourage aujourd’hui finira par détruire le pays ».
Tant que l’incivisme restera un outil de domination politique, les jeunes centrafricains continueront d’être les premières victimes d’un régime qui ne leur laisse aucun avenir.
CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Rejoignez notre communauté
Chaine officielle du CNC
Invitation à suivre la chaine du CNC
Note : les deux premiers groupes sont réservés uniquement aux publications officielles du CNC