Dans les rouages de la propagande russe au Sahel : enjeux et conséquences….
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
Entre les actions de soft-power, la diffusion massive de désinformation, l’intimidation et les menaces contre les journalistes et les opposants, les agents de propagande russes ne reculent devant rien pour servir les intérêts du Kremlin.
Le continent africain, par ses sols riches et ses emplacements stratégiques, suscite fortement l’intérêt du gouvernement russe. Qu’il s’agisse des mercenaires de l’Africa Corps (ex Wagner), d’acteurs politiques, les ressources pour étendre l’influence russe ne manquent pas. Tous les moyens sont bons pour diffuser leur propagande, un art dans lequel ils se distinguent particulièrement.
Le Sahel est une zone où la propagande russe est fertile. Les mercenaires de Wagner ont commencé un travail de sape et d’influence qui s’est poursuivi après la mort de Prigojine. Les yeux brillants rivés sur les mines d’or de la Centrafrique, du Soudan et du Mali, ils utilisent les territoires sahéliens comme leur nouvelle banque pour financer la guerre en Ukraine, au prix d’atroces exactions, d’innombrables abus, le tout en chantant les louanges du Kremlin.
« Projet Lakhta » et « African Initiative », deux armes de désinformation massives
Pour mener à bien ces opérations d’influence, les agents de propagande n’hésitent pas à réutiliser l’héritage de la milice Wagner, comme le projet Lakhta, créé en 2013 par le leader de Wagner Evgueni Prigojine. Il vise essentiellement à diffuser sous le manteau, de la désinformation à échelle internationale (notamment lors des élections américaines de mi-mandat en 2018 ou dans le contexte de la guerre russo-ukrainienne). En Afrique, il consiste à créer des fausses pages Facebook, des faux profils, des faux médias, comme « Infos du Burkina », l’un des réseaux principaux du projet Lakhta.
Cette technique de créer des faux médias sur les réseaux sociaux pour faire de la diffusion massive de désinformation est également utilisée par le Groupe panafricain pour le commerce et l’investissement (GPCI). Il s’agit d’un réseau de propagande agissant dans plusieurs pays du Sahel (Burkina Faso, Mali) et dont le directeur, Harouna Douamba, est proche de Wagner.
Des personnalités influentes (artistes, associations, influenceurs) sont mises à contribution et financées pour servir les intérêts du Kremlin sous couvert de défendre la souveraineté africaine. Par le biais de ce projet, les influenceurs russes ont bombardé les réseaux sociaux de désinformation sur la lutte antiterroriste dans les pays de l’AES, en chantant la gloire des « héros » de Wagner. Ils ont également fait pression sur l’actuel président de transition burkinabé, allant jusqu’à l’accuser publiquement de complicité avec les terroristes.
En septembre 2023, un mois après la mort de Prigojine, African Intiative voit le jour. Officiellement décrit comme une « agence de presse », il est dirigé par Artyom S. Kureev, membre du renseignement intérieur russe, et continue de façon totalement assumée le travail de manipulation et de propagande du projet Lakhta. Ainsi, ce projet n’est pas mort avec le leader de Wagner. Il continue de se développer de façon clandestine et bien plus discrètement qu’African Initiative.
La propagande russe via le soft-power
Dans ses opérations d’influence, le Kremlin joue également la carte de la culture et de l’éducation. Entre 2022 et 2024, de nombreuses Maison russes de la culture voient le jour au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Elles sont placées sous le contrôle du ministère russe des Affaires étrangères par le biais de l’agence Rossotroudnitchestvo. Le but est de promouvoir la culture russe, notamment en dispensant des cours de langue et en mettant en place des évènements et des rencontres, comme la journée culturelle russo-malienne lancée le 24 août par le journaliste malien Robert Dissa, l’association « Perspective sahélienne » et African Initiative. La Fédération de Russie, après étude des dossiers livrés par l’agence Rossotroudnitchestvo, délivre également des bourses pour permettre aux étudiants africains d’intégrer des universités en Russie.
Le 30 juillet 2024, Robert Dissa lance un programme de cours de journalisme en ligne, des cours dispensés par un enseignant russe présentant le métier comme une guerre dont les journalistes sont les soldats. Au Sahel, le véritable combat des journalistes vise à lutter contre la désinformation, la propagande et malheureusement, pour leur propre vie.
Journaliste au Sahel, le silence ou la mort
La situation catastrophique des journalistes dans les pays du Sahel profite aux acteurs de propagandes russes, qui n’hésitent pas à rajouter leurs menaces à celles de certains gouvernements (notamment ceux des pays de l’AES) et des terroristes. À travers le projet Lakhta notamment, les agents d’influence russes jetaient le discrédit sur les journalistes et sur les voix dissidentes. Sans compter les menaces de représailles, voire de mort, dont ils sont victimes, et qui les obligent à témoigner anonymement. Quand les journalistes sont muselés, les gros titres changent et les infos sont manipulées, souvent avec l’approbation de certains gouvernements sahéliens qui veulent garder le pouvoir absolu, et les fake news pullulent.
Ceux qui se retrouvent engagés dans les agences de désinformations russes sont soumis à la loi de l’omerta, sous peine de mort. L’un d’eux, Ephrem Yalike, est parvenu à quitter une organisation d’influence russe en République Centrafricaine après avoir frôlé la mort. Preuves à l’appui, il a alerté sur les méthodes de propagande visant essentiellement à discréditer les discours des opposants à la Russie et à encenser le Kremlin. Des méthodes qu’il affirme avoir observé dans les pays du Sahel comme le Mali et le Burkina Faso.
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