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CENTRAFRIQUE : REMANIEMENT, RÉAMÉNAGEMENT OU RÉAJUSTEMENT GOUVERNEMENTAL ?

CENTRAFRIQUE : REMANIEMENT, RÉAMÉNAGEMENT OU RÉAJUSTEMENT GOUVERNEMENTAL ?          

 

Monsieur Bernard Selemby Doudou, auteur de l'article.
Monsieur Bernard Selemby Doudou, auteur de l’article.

 

 

Bangui, le 16 septembre 2017.

Par : Bernard Selemby Doudou, CNC.

 

Les innombrables errements et surtout l’incapacité notoire du gouvernement à

relever le défi de l’insécurité ont conduit le President de la République qui après moults hésitations à prendre la décision fatidique qui consiste à remanier le gouvernement.

Il est important de rappeler qu’un remaniement gouvernemental consiste à redonner un souffle nouveau à son action politique en remplaçant certains ministres défaillants et contestés. À l’image d’un match de football, alors que l’équipe est menée en mi-temps, le coach qui se trouve être le President de la République procède à un remaniement et un réajustement technique et tactique pour permettre à son équipe de reprendre le contrôle du jeu à la seconde mi-temps. Dans cette optique, la première déception mélangée avec de la surprise du chef se résume dans le maintien contre toute attente du premier ministre qui s’est caractérisé par sa nonchalance, son laxisme, sa perte de repères et surtout la non maîtrise des beabas de la fonction. Un maître d’école qui laisse bavarder et gambader ses élèves à volonté. Le nouveau gouvernement est ainsi composé de 34 membres dont 18 maintenus à leurs postes, 16 nouveaux, 6 départs, 2 changements de fauteuils ministériels et des ministères émiettés ou subdivisés dans le souci d’inviter ses fidèles à la mangeoire.

Face à ce qui ressemble à une illusion, le citoyen lambda qui n’a pas dormi parce que ses voisins ont fait la fête toute la nuit car un membre de la famille est appelé au gouvernement s’interroge : S’agit-il d’un remaniement, d’un réaménagement ou d’un réajustement gouvernemental ? Quel est l’apport de ce nouveau gouvernement pour apaiser les tensions sociales et politico-militaires ? Les critères d’intégrité et de probité étaient-ils au rendez-vous de ces choix ? Peut-on nous expliquer pourquoi une trentaine de ministres pour un pays en guerre, en pleine reconstruction et surtout avec des caisses de l’Etat qui sont vides ? Que peuvent encore prouver certaines personnalités vieillissantes de ce nouveau gouvernement ? Dans le monde politique centrafricain n’y a-t-il pas de retraite ? Le nouveau gouvernement ne comporte pas de ministres d’Etat ni de secrétaires d’Etat mais un ministre délégué.

Alors quel est l’ordre protocolaire de ce gouvernement ? Un communiqué du Directeur de cabinet de la présidence sur la page de la renaissance précise que le ministre des finances est le numéro 2 du gouvernement alors qu’à la lecture du décret numéro 17.324 du 11 septembre 2017, rien ne mentionne juridiquement cette promotion. N’y a-t-il pas confusion ou incompréhension dans l’ordre protocolaire quand le Directeur du cabinet Présidentiel qui n’est pas membre du gouvernement bénéficie des rangs et prérogatives de ministre d’Etat ? Par ailleurs, qu’en est il de la parité homme-femme ? On enregistre 5 femmes sur 34 dans le nouveau gouvernement soit moins de 15%, ce qui représente une progression car l’ancien gouvernement en comptait 4. Une projection en probabilité ou encore en proportionnalité nous confirme un recul car le ratio de la représentation de la femme dans l’ancien gouvernement est supérieur à celui du nouveau gouvernement. En outre, les ministres seleka et anti Balaka appelés au gouvernement sont ils représentatifs de leurs entités respectives ?Cela reste entrevoir la fin ou l´atténuation des atrocités ? Pourquoi le secteur éducatif compte 3 départements ministériels alors qu’on a qu’une seule et unique université publique ? Dans la perspective électorale de 2021, en reconduisant le premier ministre, le President de la République ne met-il pas des bâtons dans ses propres roues ? Ce réaménagement synonyme d’un non-événement n’est il pas bénéfique à l’opposition ? N’était il pas favorable pour le président de la République de nommer un premier ministre issu de l’opposition pour le mettre à l’épreuve et ainsi se dédouaner des critiques et déconfitures ? Cela ne devrait-il pas être un argument crédible et audible pour 2021 ? La seule ministre de La défense qui caractérise ce réaménagement et qui est le véritable apport de ce nouveau gouvernement changera à elle seule la donne ? Comme il est de tradition dans la politique centrafricaine, les rejetés du gouvernement a l’instar de celui de la défense ne se transformeront-ils pas en opposants ?

Apparemment, les sept lettres qui constituent le concept “rupture” ne sont pas répertoriées dans les 26 lettres de l’alphabet français. Au final, Le President fondateur du KNK ne serait-il pas en séjour à Bangui ? ce nouveau gouvernement laisse planer son ombre et sa marque de fabrique. Ainsi pour conclure et au delà de toutes appréciations ou critiques, la constitution confère au chef de l’Etat le pouvoir discrétionnaire de choisir les membres du gouvernement avec le concours du premier ministre. Notons qu’une œuvre humaine n’est jamais parfaite. Quoiqu’on dise, le gouvernement est déjà formé et nous leur souhaitons une réussite pour relever le défi de la sécurité, la réconciliation, le vivre ensemble et enfin du développement socio-économique. Mais attention, ne le dîtes à personne. Si on vous demande, ne dîtes pas que c’est moi.

 

Paris le 15 septembre 2017.

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