CENTRAFRIQUE : PROLONGATION DE L’EMBARGO SUR LES ARMES, PRÉMICES D’UN QUINQUENNAT MAL ENGAGÉ.

Publié le 4 février 2017 , 10:05
Mis à jour le: 4 février 2017 10:05 pm

CENTRAFRIQUE : PROLONGATION DE L’EMBARGO SUR LES ARMES, PRÉMICES D’UN QUINQUENNAT MAL ENGAGÉ.

Monsieur Bernard Selembi Doudou
Monsieur Bernard Selembi Doudou

 

 

Bangui, le 5 février 2017, 4h15.

Par : Bernard Selemby Doudou, CNC.

 

L’avènement des groupes armés à la magistrature suprême de l’Etat et la gestion éphémère de la chose publique ont contribué largement au trafic tous azimuts des armes de guerre de tout calibre. Cette dissémination massive des armes de guerre sur l’ensemble du territoire national est en partie la résultante des crimes, braquages etc…qui sèment le doute et la panique dans     la population centrafricaine. Animé par le souci d’arrêter l’hémorragie, le conseil de sécurité de l’ONU avait voté en unanimité l’embargo sur les armes en Centrafrique.

L’embargo par définition est une interdiction provisoire et limitée dans le temps décidée par le conseil de sécurité de l’ONU en vue d’empêcher la libre circulation de certaines matières ( armes, diamants, certaines marchandises…). L’Etat sous embargo est ainsi mis en situation de pénurie. L’embargo contre   la Centrafrique est-il légitime et justifié ? L’armée nationale retrouvée par les groupes armés     est ethnique, non formée et à majorité analphabète. Elle a montré son manque de professionnalisme avec les événements de l’Ecole Nationale d’Administration et de   Magistrature ( ENAM ) sur invitation de la Présidente de transition. Les armes étant   disséminées sur l’ensemble du territoire national et les éléments des Forces Armées Centrafricaine ( FACA ) sont impliqués dans nombre de braquages et crimes. L’embargo était inévitable. L’embargo étant une sanction provisoire est généralement assorti de conditions. La levée de cette sanction est souvent fonction de l’amélioration ou du respect de ces conditions. Aux termes de l’embargo, le conseil de sécurité de l’ONU a décidé de le proroger d’un an. Le citoyen lambda parle de surprise, frustration, mépris et punition. Qu’est-ce qui étonne l’opinion publique centrafricaine dans ce dossier au lieu de poser les bonnes questions ? Pourquoi l’embargo a été prorogé d’un an ? Comment ont été menées les démarches visant la levée de l’embargo ? Pourquoi la prorogation de l’embargo a été votée à l’unanimité par l’ensemble des quinze membres ? Nous tenons à rappeler que lors du vote, il n’y a pas eu d’opposition ni   débat, chose rare. Ce qui explique que les prétendus efforts du gouvernement étaient très intéressants. Que fait concrètement le ministre en charge de la défense de ce dossier ? Au

 

passage, quels sont les apports de la coalition ( post premier tour des présidentielles ) au President de la République ? Était-il nécessaire de cogérer de façon clanique le pays avec des personnalités qui avaient tous des envies et ambitions présidentielles ? Rendent-ils véritablement service au President de la République ? Cette prorogation de l’embargo ne constitue t-elle pas encore un obstacle au dénouement de la crise ? Nous estimons que la prorogation n’a d’autres sources que d’être la conséquence logique d’une nonchalance chronique et du manque d’anticipation des nouvelles autorités centrafricaines. Elle constitue également un aveu d’échec selon les experts Internationaux spécialisés dans le domaine de sécurité et de circulation d’armes. La décision de prorogation a surpris nos autorités alors   qu’une compagnie des FACA venait de finir leur formation. Peut-on ainsi parler d’une manque de cohérence dans les prévisions gouvernementales ? Ainsi, que vaut un État sans son armée

? En formule imagée, que peut faire un maçon sans ses outils de travail ? Au lieu de laisser la place à l’effet de surprise, cette prorogation de l’embargo sur les armes traduit le non respect   des conditions ou du non amélioration des motifs de l’embargo. La levée de ce dernier nécessitera des garanties suffisantes. Au delà de la sanction, cette situation nous amène à réfléchir aux solutions alternatives. N’y a-t-il pas une possibilité de faire un recours ou de demander une levée partielle de l’embargo ? Peut-on outrepasser ou violer cet embargo ? Que se passera t-il si les autorités violent l’embargo ? Il est vrai que le pays s’exposera à des sanctions mais cela vaut-il la peine ? Normalement, les nouvelles autorités ne doivent s’en prendre qu’à eux même. Les conditions de l’embargo sont limpides mais les autorités n’ont pas respecté l’autre volet de la sanction à savoir le gel des avoirs, le retour et la libre circulation des bourreaux d’antan. A défaut de convaincre, les nouvelles autorités cherchent des boucs émissaires. Pourquoi considéré l’embargo comme le seul obstacle au dénouement de la crise

? Le pouvoir n’a t-il pas par le passé écarté toute épreuve de force avec les groupes armés ? N’est ce pas ce même gouvernement qui avait privilégié le dialogue et la négociation ? Quel   est le fruit de ce processus à ce jour ? Certains médias de la place rapportent que le ministre   de La Défense accuse les parlementaires d’être complices de la prolongation de l’embargo. Si ces propos sont avérés, quelles seront les réactions des parlementaires et à fortiori de la personnalité qui incarne l’institution ? Nous estimons entre autres que les accusations de cette nature sont graves et portent atteinte à l’éthique, aux fondements existentiels du parlement et même cela peut aboutir à une crise de confiance. Fort de tout ce qui précède et en guise de contribution, nous proposons au gouvernement d’œuvre sérieusement pour espérer la levée totale de l’embargo à terme c’est à dire en 2018. Au lieu de pleurnicher, de sangloter sur son sort en emboîtant le pas de l’opinion publique avec des avalanches de condamnations, de déception, d’étonnements, le gouvernement doit se rapprocher du conseil de sécurité de l’ONU pour demander, négocier des mesures d’accompagnement adaptées à la spécificité centrafricaine. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

Paris le 04 février 2017 Bernard SELEMBY DOUDOU

Juriste, Administrateur des Elections.                                                                         Tel :

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