CENTRAFRIQUE : L’EXCLUSION SYSTÉMATIQUE DE CERTAINS ACTEURS DU DIALOGUE POLITIQUE EN GESTATION NE VIDE T-ELLE PAS CE DERNIER DE SA SUBSTANCE EXISTENTIELLE ? 

Publié le 3 juillet 2021 , 6:12
Mis à jour le: 3 juillet 2021 10:01 am
Monsieur Bernard Selembi Doudou, l'auteur de l'article. Photo de courtoisie.
Monsieur Bernard Selembi Doudou, l’auteur de l’article. Photo de courtoisie.

 

Bangui, République centrafricaine, samedi, 3 juillet 2021, 12:02:51 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Le dialogue politique républicain conçu et prôné par le président de la république dans ses différentes sorties médiatiques est entré dans la phase décisive de matérialisation.

 

En effet, le décret N*21.148 du 30 juin 2021 portant création et organisation du comité d’organisation du dialogue républicain entérine le début du processus de dialogue en vue de créer les conditions nécessaires et indispensables à la résolution de la béante crise. Nous avons singulièrement remarqué et apprécié le fait que ce comité d’organisation soit placé directement sous l’autorité du chef de l’état, ce qui démontre à suffisance son attachement aux attentes pressantes de la population.

Au delà de ce qui précède, il importe de rappeler que depuis la réélection de façon très opaque du président de la république, une bonne majorité de la classe politique centrafricaine regroupée au sein d’une coalition (COD 2020) ainsi que l’ensemble des groupes armés coalisés contestent sa légitimité qui s’effrite au fil du temps au risque d’atteindre l’usure voire l’érosion de légitimité.

Dans ce genre de contexte et animé par le souci d’apaisement, seul un dialogue politique largement inclusif demeure l’alternative idéale pour relever les différents défis à travers un consensus politique. Il est évident que le dialogue politique n’est pas prévu par les textes constitutionnels mais en dépit de ses limites, il a fait ses preuves à travers le monde. Le dialogue politique apparaît comme une exception politique pour faire violence aux règles juridiques établies.

C’est ainsi que « négocier » même avec ses ennemis n’est pas une faute politique en soit, ni une faiblesse mais une vertu qui permet d’extirper le mal et de définir sereinement l’avenir à l’instar de l’Allemagne qui pendant la seconde guerre mondiale négociait en parallèle sa capitulation. Aujourd’hui l’Allemagne et la France sont des partenaires incontournables et indispensables à l’économie de l’Europe…qui l’eut crû ?

Dans la dérivée logique de notre pensée, il apparaît important de faire une dichotomie ou un distinguo entre le dialogue politique et le procès du pouvoir comme d’aucuns le pensent ni un moyen de « partage de gâteau ». Le dialogue politique est en conséquence un diagnostic posé par des experts pour administrer un remède adéquat en vue de l’éclosion d’une nouvelle nation. Tétanisé par la nature et le format non inclusif du dialogue politique républicain projeté, le citoyen lambda s’interroge :

Le dialogue politique selon le format défini par le président de la république peut-il résoudre durablement la crise centrafricaine ?

Au risque de devenir trop tard, pourquoi les différents acteurs ne s’accordent-ils pas sur le format du dialogue politique dit républicain ?

Le pouvoir de Bangui n’aurait-il pas tort de rejeter toutes les médiations proposées par les pourvoyeurs de « bons offices » ?

Pourquoi s’entêter à rejeter le dialogue politique « inclusif » au risque de s’embourber ou de s’enliser durablement ?

Ce dialogue politique républicain tel que défini servira t-il exclusivement  l’intérêt du peuple ?

Les potentiels participants triés sur le tas pour animer ce dialogue vont-ils jouer un « franc jeu » c’est à dire s’investir avec leurs tripes en vue d’un consensus républicain ?

En tout état de cause, nous estimons que ce dialogue politique incontournable était un moyen ultime de baisser la tension statique et latente en vue de dompter les autres acteurs récalcitrants y compris ceux qui ont pris des armes, cela devrait apporter une réponse institutionnelle, structurelle, sociale  voire une réponse globale en passant par la justice…enfin un tremplin pour harmoniser l’architecture et l’ordonnancement juridique de notre pays à l’instar de la constitution qui regorge de nombreux déchets et incohérences.

Enfin, au chapitre de la morale…quand le dialogue politique est vidé de sa substance, il ne peut atteindre le résultat escompté.

Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.

 

Paris le 03 juillet 2021.

Bernard SELEMBY DOUDOU.

Juriste, Administrateur des élections.

Tel : 0666830062.

 

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