Centrafrique: Lettre ouverte au Premier Ministre, Chef du Gouvernement Simplice Sarandji.

Publié le 16 avril 2017 , 7:02
Mis à jour le: 16 avril 2017 7:02 pm

Centrafrique: Lettre ouverte au Premier Ministre, Chef du Gouvernement Simplice Sarandji.

 

Le Premier Ministre Simplice Mathieu SARANDJI.
Le Premier Ministre Simplice Mathieu SARANDJI.

 

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Cela fait un an, jour pour jour, que vous êtes aux affaires.

Je me réjouis du fait que l’Etat centrafricain soit désormais tenu par des universitaires. On aurait cru que le rêve platonicien de voir la cite être gérée par les savants devient une réalité chez nous. Le tandem d’universitaires que vous avez formé, le Président TOUADERA et vous, en est une belle illustration. Ceci est non seulement un signe positif du déclic socio-économique et politique du pays mais aussi et surtout un espoir renouvelé pour l’éducation de la jeunesse centrafricaine à tous les niveaux.

Ne pas reconnaitre le minimum de progrès imputable à la volonté politique actuelle du Chef de l’Etat et de votre Gouvernement serait un manque d’objectivité dans la manière d’apprécier les choses. Cependant, le chemin demeure encore très loin devant vous et les efforts paraissent insuffisants surtout pour ce pays dont les fondements ont été complètement rongés par la crise. Les défis des premières heures sont restés les mêmes. C’est le cas de la sécurité qui souffre jusqu’à ce jour du manque d’actions concrètes et efficaces, combien même qu’elle se soit révélée la priorité des priorités. Centrafricain de la diaspora par mon statut d’étudiant étranger en Chine et observateur de la vie socio-politique, je fais de la situation de Centrafrique, un objet d’analyse particulière et quotidienne. En effet, le gouvernement que vous dirigez a été mis en place par Décret No 160.222 du 11 Avril 2017 et avait tenu son premier Conseil des Ministres le 16 du même mois. Parmi les points inscrits à l’ordre du jour figuraient : la satisfaction des attentes de la population, la lutte contre la corruption, la lutte contre l’impunité. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Un simple constat des réalités actuelles tant à Bangui qu’a l’intérieur du pays nous laisse appréhender beaucoup d’égarements et semble consolider davantage les pratiques d’un autre âge, corruption, clientélisme, exactions des groupes armés et impunité totale, qui n’honorent malheureusement pas notre République. Ces pratiques s’écartent bien loin du chemin pourtant balisé au départ. Dans ces derniers jours, vous avez été obligé d’agir en sapeur-pompier afin de désamorcer un certain nombre de remous qui prenaient l’allure d’un mouvement social généralisé, puisque tout le monde réclame bien évidemment son droit à l’intégration. Mon exhortation a votre endroit et à l’endroit de votre gouvernement, c’est d’appliquer dans les faits les mots d’or du Président de la République Faustin Archange TOUADERA prononcés lors de cette première rencontre gouvernementale du mois d’Avril 2016 : « Comme vous le savez, j’attache un prix au respect des engagements que j’ai pris auprès de nos concitoyens(…) ». Attachez du prix a un contrat social noué avec le peuple, consentir les efforts à lui apporter la paix et la sécurité, offrir les opportunités d’emplois aux jeunes et surtout instruire ce peuple, grâce à votre carrure d’enseignant, constituent des devoirs auxquels vous ne devez pas vous soustraire au risque d’être inscrit à la marge de la page de l’histoire centrafricaine comme beaucoup de vos prédécesseurs le sont déjà.

Mon cri d’alarme : Construisez nous une université !

En votre qualité d’universitaire, vous avez assuré le magistère dans la seule et unique Université construite il y a de cela un demi-siècle, grâce à l’intelligence et au patriotisme manifestes du feu Empereur Jean Bedel BOKASSA. Beaucoup de personnalités qui occupent aujourd’hui un rang de haut niveau dans la fonction publique sont issues de cette Université. Malheureusement ce temple de savoir et ses problèmes ne font l’objet d’aucune attention particulière de la part de ces autorités. Le fort accroissement de sa population estudiantine actuel dépasse largement sa capacité d’accueil ; l’insuffisante de professeurs qualités, le manque d’outils informatiques, le manque d’une médiathèque adaptée aux besoins d’apprentissage de l’heure constituent des entraves à la bonne formation des jeunes cadres et élites de demain. Face à cette situation, j’ose croire que votre départ de la primature ne se fera pas sans que vous ayez apporté une solution idoine à ce problème. La jeunesse centrafricaine vous serait grée, ne serait-ce que pour avoir assisté, aux cotes du Chef de l’Etat, à la cérémonie de pose de la première pierre de l’érection d’une nouvelle université plus moderne. Ne pas le faire, ce serait commettre un péché par action et cette jeunesse ne vous en absoudra jamais. Bokassa était-il un sorcier ou un magicien quand il l’a fait ? Fut-il un universitaire à votre trempe ? Non, il avait de la vision, il avait le courage, il faisait suivre l’acte a la parole et il aimait son pays : Devoir de mémoire.

Pour un pays où le Président de la République est Enseignant, le Premier Ministre est Enseignant et le Ministre de l’Education Nationale est aussi Enseignant, la logique aurait voulu que même s’ils ne réussissent nulle part dans l’exercice des fonctions qui leur sont confiées, au moins qu’ils réussissent dans les domaines relevant de leurs compétences: créer les cadres nécessaires à la formation d’une jeune consciente, responsable et actrice du développement. Ne pas perdre de vue que la crise que continue de traverser la Centrafricaine est imputable, pour une bonne part, a un problème d’éducation.

Joyeuse Pâques !

Vive la paix en Centrafrique !

Fait en Chine, le 15/04/2017

TCHENGBA Didier Stanislas

Spécialiste en Psychosociologie des Organisations

E-mail : tchedista@yahoo.fr

 Centrafrique : un compatriote Centrafricain interpelle le Premier Ministre Simplice Mathieu SARANDJI.

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