Centrafrique : Trafic des soldes, les officiers FACA enfoncent le clou au Trésor public.

Publié le 16 avril 2017 , 7:09
Mis à jour le: 16 avril 2017 7:09 pm

Centrafrique : Trafic des soldes, les officiers FACA enfoncent le clou au Trésor public.

les soldats et officiers FACA

 

Bangui, le 17 avril 2015.

Par : Gisèle MOLOMA, CNC.

Alors que le Gouvernement croyait toujours être en période électorale en nous faisant croire que l’assainissement des finances publiques serait l’une de ses priorités des priorités, l’une de nos équipes vient de découvrir un gros réseau mafieux du trafic des faux documents des soldes de certains officiers FACA au sein du ministère des Finances à Bangui. Décryptage

Très connu à l’époque du régime de l’ancien président François Bozizé, les réseaux du trafic des faux documents financiers des soldats de l’armée nationale viennent de refaire sa réapparition dans son intégralité au sein du trésor public et des autres directions générales du département des finances après quelques années de disparition due à l’arrivée de Djotodia et Samba-Panza au pouvoir entre 2013-2016.

Si certains Centrafricains ont raison de croire que les soldats FACA ne sont pas bien formés militairement pour la plupart d’entre eux, en matière des faux documents, tout le monde s’accorde à dire qu’ils seraient mieux forts que leurs collègues des autres pays d’Afrique. Il suffit de mettre son nez un peu plus proche de la réalité pour comprendre très vite que le trou est très profond pour ne pas prendre le risque de perdre sa vie.

La technique est simple, mais le dégât ravage les caisses de l’État. Pour ceux qui ne savent pas encore, un gendarme gagne mieux en termes de solde qu’un soldat de l’armée nationale. Une différence d’environ 30% que certains soldats et officiers Faca n’ont pas voulu s’en passer. Pour combler cet écart de solde, il suffit pour un soldat ou officier Faca de se basculer, sur papier, de l’armée nationale à la gendarmerie nationale pour que le tour soit joué. Pour cela, la bataille se joue au niveau du ministère des Finances afin de trafiquer tout simplement son Bon de Caisse (BC) imprimé habituellement par l’Office National de l’Informatique (ONI). D’ailleurs, certains agents dudit office ont été identifiés dans ce trafic des faux documents officiels que notre équipe a pu constater.

D’après le résultat de notre enquête, plusieurs dizaines des soldats et officiers Faca ont pu trafiquer leurs soldes de Faca à celles des officiers de la gendarmerie afin de bien siphonner les caisses de l’État.

D’autres faits, plus remarquables et choquants, c’est la prolifération des officiers fantômes parfois créés par certains officiers eux eux-mêmes pour le compte de leurs proches. Pour l’un des cas identifiés par notre équipe sur place, c’est le nom de la fille d’un officier Faca, encore élève en classe de seconde, qui a été utilisé par son père pour piller frauduleusement les caisses de l’état. La fille, encore élève en réalité, a été transformée en officier fantôme des Faca et touche depuis plusieurs mois, mensuellement, sa solde d’officier. Un cas courant pratiqué presque ouvertement dans notre armée que personne ne veut s’en attaquer.

Pourquoi ? Difficile de le comprendre.

Selon un autre officier de la gendarmerie contacté par notre rédaction, cette pratique a été largement pratiquée sous le règne de Bozizé François par des officiers jugés proches de son régime. Elle a été toujours tolérée par le président lui-même pour gagner leur confiance et acceptée par Faustin Archange Touadéra alors Premier ministre. C’est en quelque sorte une prime de fidélité pour ces officiers.

Alors que le sieur Bozizé François n’est plus au pouvoir, mais la pratique quant à elle, perdure encore.

À ce titre, peut-on parler d’une rupture ou d’une remise en marche d’une pratique que son maître a pu pratiquer pour avoir la confiance de ses officiers ? Pour certains officiers, OUI c’est la rupture, du moment, cette pratique a été suspendue sous Djotodia et Samba-Panza au pouvoir de 2013 à 2016.

Il y’a lieu de rappeler que l’annonce faite récemment par le ministère des Finances sur la découverte des soldats fantômes n’était qu’un leurre. La réalité est plus compliquée qu’une simple annonce médiatique tendant à rassurer les partenaires financiers du pays. Quoiqu’on le dise, il faut une décision courageuse du pouvoir en place pour démolir cette gigantesque mafia.

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