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Centrafrique : les mercenaires de Wagner prennent le contrôle de l’Autorité Nationale des Élections

 

Bangui, 08 mai 2023 (CNC) — Depuis fin 2021, les mercenaires russes de la société Wagner ont pris le contrôle des principaux ministères régaliens de la RCA, dans l’objectif de maintenir le président Touadera au pouvoir pour plusieurs années afin de bien piller les ressources du pays. Pour atteindre leurs objectifs, ils ont également ouvert deux fronts de batailles séparés pour le contrôle des institutions chargées d’organiser les élections, la Cour constitutionnelle et l’Autorité Nationale des Élections. Les premiers coups portés sur la présidente de la Cour constitutionnelle ont produit les effets escomptés, tandis que ceux donnés sur les commissaires de l’Autorité Nationale des Élections n’ont rien donné jusqu’à ce que le président Touadera lui-même décide de prendre le dossier en main.

Le président de l'ANE, Barthélémy Mathias Morouba fait la lecture des résultats provisoires des élections législatives du second tour et des partielles
Ici, le président de l’ANE, Barthélémy Mathias Morouba fait la lecture des résultats provisoires des élections législatives du second tour et des partielles du 14 mars 2021, le 21 mars 2021 dans la salle de l’autorité nationale des élections. Photo CNC / Cyrille Jefferson Yapendé

 

Rédigé par Gisèle MOLOMA

Publié par Corbeaunews-Centrafrique (CNC), le lundi 08 mai 2023

 

L’Autorité Nationale des Élections est en phase de passer sous l’influence de Wagner

 

Les mercenaires russes de la société Wagner ont ouvert deux fronts de bataille pour le contrôle des institutions chargées d’organiser les élections en République Centrafricaine. Si la Cour constitutionnelle est tombée rapidement sous leur influence, l’Autorité Nationale des Élections leur a résisté jusqu’à ce que le président Touadera lui-même prenne le dossier en main, ordonnant à son directeur de cabinet de faire le suivi du projet de l’accord de coopération électoral russo-centrafricain.

 

Le protocole d’accord de coopération envoyé à la mauvaise personne

 

Tout a commencé fin novembre 2022, peu après le limogeage de la présidente de la Cour constitutionnelle, lorsque les mercenaires russes ont rédigé un protocole d’accord de coopération, au nom de la présidente de la Commission Électorale Centrale de la Russie. C’est l’ambassadeur de la Fédération de Russie en Centrafrique qui est chargé de l’envoyer officiellement au président de l’Autorité Nationale des Élections de Centrafrique, maître Mathias Barthelemy.

Cependant, le document a été adressé à un certain Monsieur Mathias Barthelemy Morubé, un supposé président de la Commission électorale nationale de la République centrafricaine, un organe, une institution, qui n’existe nulle part en Centrafrique. La lettre, tout comme le protocole d’accord de coopération, n’ont pas trouvé son destinataire et n’ont même pas été retournés à son expéditeur.

 

Intervention du président Touadera

 

Le 17 janvier 2023, l’ambassadeur de la Fédération de Russie en Centrafrique saisit à nouveau la ministre des Affaires Étrangères pour transmettre au président de l’Autorité Nationale des Élections le projet de l’accord de coopération déjà rédigé pour analyse et suite à donner, le 24 avril 2023. Informé du blocage, le président Touadera intervient lui-même pour reprendre le dossier en main.

Le ministre d’Etat, directeur de cabinet du président Touadera, Obed Namsio, a été chargé de faire le suivi du dossier. Ainsi, le 27 avril 2023, il envoie un soit-transmis au président de l’Autorité Nationale des Élections pour analyse et suite à donner en ordonnant à son rapporteur de venir le voir de toute urgence avec le protocole d’accord de coopération signé.

 

Un accord de coopération incompréhensible

 

Cet accord de coopération comprend plusieurs dispositions qui nécessitent une révision complète du code électoral centrafricain. Pour un juriste électoral centrafricain interrogé par la rédaction du CNC, l’Autorité nationale des élections (ANE) n’est pas habilitée à signer ce genre d’accord international. Ainsi, Le président de la République et son gouvernement, y compris les membres de son cabinet, doivent donc revoir leur copie pour mettre en place une nouvelle loi.

D’après ce juriste, les termes de ce projet d’accord de coopération rédigé en solo par les mercenaires russes, sont en déphasage avec le code électoral centrafricain. Pour ces mercenaires russes, le protocole vise à améliorer la législation centrafricaine en matière d’élections et surtout, des élections référendaires, principale bataille de cette année. C’est plutôt le contraire, affirme notre juriste électoral. Le protocole vise plutôt à faire envahir l’ANE des mercenaires russes.

 

 

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