Centrafrique: Les Anti-balaka de Damara, bec noir de Mgr Nzapalainga

Mgr Dieudonné Nzapalainga. Photo: Fred Krock / CNC
Mgr Dieudonné Nzapalainga. Photo: Fred Krock / CNC

Les Anti-balaka de Damara, bec noir de Mgr Nzapalainga

Bangui (Corbeau News Centrafrique): 04 janvier 2015.  Cette fois, l’Archevêque de Bangui Mgr Dieudonné Nzapalainga a du mal à contenir son amertume vis-à-vis des violences et exactions des seigneurs de guerre en RCA. Le 31 décembre dernier, alors que le prélat revenait d’une mission humanitaire au chevet des habitants du village Gbangou à quelques 210 km de Bangui – eux-aussi victimes des affres d’un redoutable et tristement célèbre chef Anti-balaka du nom Andjiro, Nzapalainga s’est arrêté dans un petit village où un certain Ruffin (chef antibalaka) avait braqué une moto de l’Ong catholique CARITAS. Ce jour-là, la mission de cette Ong a été dépouillée de tout. L’Archevêque a demandé à Ruffin de remettre la moto, puisqu’il s’agit d’un bien de l’église. La surprise de la délégation de cette mission était somme toute désagréable. Le malfrat qui tient le commandement d’une unité d’une poignée de jeunes Anti-balaka a d’abord rabroué l’Archevêque en lui avouant dans une menace sérieuse que la moto en question a été déjà vendue et qu’il n’y a plus d’espoir de la retrouver. Ruffin n’est pas resté à ce seul refus, il a même proféré des menaces de mort en direction du prélat. Tout l’équipage de la mission a été donc terrorisé avec le ton utilisé par ce redoutable chef Anti-balaka et ses hommes qui pointaient leurs armes sur tout le monde.

Imperturbable devant les agitations de Ruffin et ses hommes, Mgr Nzapalainga a par contre insisté pour que la moto de CARITAS soit remise immédiatement. Mais il n’a pas seulement exigé la remise de la moto, « en plus, je demande à toi mon fils Ruffin de venir vers moi ton père, puisque si je devais avoir un enfant tu aurais à l’âge de mon fils, mais en ma qualité d’Archevêque je suis ton père spirituel. Tu dois venir rapidement demander pardon pour ton geste, afin que la nouvelle année qui commence soit pour toi et pour les enfants que tu as entraînés derrière toi, une année de délivrance. » a déclaré sur un ton ferme Mgr Dieudonné Nzapalainga. L’Archevêque fait une extension en demandant aux parents et amis ou aux chefs hiérarchiques de Ruffin de lui donner de conseil, afin de s’exécuter très rapidement, à défaut il sera face à ses actes devant Dieu.

Indiquons que dans ce même feuilleton, un autre tristement célèbre chef Anti-balaka du nom de Andjiro sème la terreur et la désolation dans les environs de la ville de Damara. C’est d’ailleurs lui qui a donné l’ordre pour que le village Gbangou – fort de ses 800 habitants ait été brûlé. Des exactions de tous ordres ont été commises sur ces villageois contraints à fuir en brousse depuis le 21 septembre dernier. Andjiro aurait même intimé l’ordre que les habitants de Gbangou doivent rester en brousse pendant dix ans sous peine d’être massacrés par lui et ses hommes.

A Andjiro, Mgr Nzapalainga a fait savoir qu’il y a un temps pour toute chose. Mais, si lui Andjiro est encore en vie, c’est que Dieu l’aime encore et qu’il peut toujours se racheter. Par contre, il ne saurait continuer à infliger la souffrance aux pauvres habitants de Gbangou et ceux des environs de Damara qui sont eux-aussi l’image de Dieu. « Je demande à Andjiro d’arrêter et de venir demander pardon à Dieu. Je lui indiquerai ce qu’il doit faire pour revenir à Dieu. » a déclaré l’Archevêque de retour d’une mission humanitaire au chevet des habitants de Gbangou terrés en brousse depuis deux mois. Faut-il préciser qu’ à la satisfaction des habitants de Gbangou, des vivres et non vivres ont été distribués par l’Archevêque et des soins ont été administrés aux malades par la CODIS (Coordination diocésaine de la santé) du Frère Elkana.

Il faut savoir qu’au niveau de Bangui, le mouvement Anti-balaka a été dissout et s’est mué en parti politique, le PCUD (Parti centrafricain pour l’unité et le développement), alors que dans les villes de province, la population continue de porter le fardeau anti-balaka. Et ce malheureusement, sous l’œil impuissant de la hiérarchie Anti-balaka et les forces internationales opérationnelles dans le pays.

CNC / Bangui / Fred Krock.