Après sept ans de bras de fer, Tripoli en passe de reprendre en main son palace du tout-Bangui.

Publié le 21 septembre 2021 , 7:43
Mis à jour le: 21 septembre 2021 7:43 pm

 

 

Bangui, République centrafricaine, mercredi, 22 septembre 2021, 02:42:57 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Tout puissant patron de l’hôtel Plaza Ledger de Bangui depuis 2014, Zeyad Alzarzour Khalifa a été expulsé mi-septembre de la direction du palace. Une décision qui ouvre la porte à une reprise de contrôle de l’établissement par le fonds souverain libyen et qui pourrait mettre fin à sept ans de tensions entre Tripoli et Bangui.

Zied al-zarzour de ledger
Zied al-zarzour de ledger, PDG sortant de l’hôtel Ledger plazza de Bangui

 

L’hôtel Plaza Ledger est en train de changer de direction dans la douleur. Zeyad Alzarzour Khalifa, le jusque-là tout puissant directeur général de l’entreprise LAAICO RCA, propriétaire du palace et filiale centrafricaine de la Libyan Arab African Investment Co (LAAICO), a été prié, le 10 septembre dernier, de quitter les lieux séance tenante. L’homme d’affaires libyen est, de plus, sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire prononcée le jour même par le parquet de Bangui.

 

Celui qui est simplement appelé “Zeyad ” par le microcosme banguissois doit être remplacé par un autre libyen : Almuftarish Khaled Mohamed Abdullah. Ce dernier est, depuis mars 2020, président du conseil d’administration de LAAICO Brazzaville, autre filiale du fonds libyen qui exploite le cinq étoiles Ledger Plaza Maya Maya dans la capitale congolaise.

 

Le bras droit de l’ancien directeur général de l’hôtel, le Tunisien Rimeh Ben Salem, perd également son poste au profit de Chokri Ben Abdallah. Ce dernier connaît bien l’établissement : il en a été directeur administratif et financier de 2012 à 2016, puis directeur général adjoint en 2017-2018.

 

La fin d’un règne solitaire ?

Depuis la nomination du nouveau directeur général le 7 septembre, la nouvelle direction cohabitait dans une ambiance pour le moins électrique avec l’ancienne équipe. Il a fallu l’intervention du ministre centrafricain de la justice Arnaud Djoubaye Abazène en personne pour mettre fin à la situation et acter le départ de Zeyad.

 

Le contrôle de l’hôtel est loin d’être anecdotique. En plus d’être particulièrement rentable, l’établissement, rénové en 2012 par LAAICO, est le lieu de passage obligé de tous les diplomates, fonctionnaires internationaux et hommes d’affaires de Bangui.

 

Nommé en 2014 à la tête de l’établissement de luxe, Zeyad avait réussi à profiter de l’instabilité politique dans les deux pays afin de couper les ponts avec sa maison mère et prendre le contrôle total et effectif de la filiale, LAAICO RCA.

 

Malgré plusieurs missions dépêchées directement depuis Tripoli par LAAICO pour tenter de le déloger, ce dernier avait réussi à se maintenir usant largement de ses étendus réseaux à Bangui. En novembre 2020, “Zeyad” avait même obtenu le renvoi quasi manu militari de l’une de celles-ci. Cette dernière était emmenée par Amer Jweda, puissant directeur des investissements de la LAAICO et pourtant détenteur d’un passeport diplomatique (AI du 27/11/20).

 

Reprise des relations diplomatiques Bangui-Tripoli

La dernière mission aura finalement été la bonne. Le 2 septembre, une délégation libyenne menée par Mohamed Khalil Issa, sous-secrétaire d’Etat aux affaires étrangères chargé des affaires politiques, s’est en effet rendue dans la capitale centrafricaine, accueillie à l’aéroport par le secrétaire général du gouvernement Maxime Balalou.

 

Elle s’est entretenue le même jour avec le président centrafricain Faustin Archange Touadéra, son directeur de cabinet Obed Namsio, la ministre des affaires étrangères Sylvie Baïpo-Témon ainsi que celui de la justice, Arnaud Djoubaye Abazène.

 

Il s’agissait de la première visite diplomatique libyenne depuis plusieurs années. Le cas du Ledger de Bangui était en effet devenu, au fil des années, un sujet de très fortes tensions entre Tripoli et Bangui. La reprise de l’hôtel augure donc un renouveau des relations diplomatiques, au point mort depuis trois ans. La chancellerie libyenne est dépourvue d’ambassadeur et le dernier chargé d’affaires, Bader Hissein, a été débarqué en 2018 après avoir prêté allégeance au maréchal Khalifa Haftar. Pour le remplacer, la délégation libyenne a proposé aux Centrafricains le nom d’Abdoul Hamid Albouhloul Alchatwi.

 

Africa intelligent

 

 

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