Anicet Georges Dologuélé officiellement déclaré apatride : Touadéra enterre politiquement son principal adversaire à la présidentielle

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Anicet Georges Dologuélé officiellement déclaré apatride : Touadéra enterre politiquement son principal adversaire à la présidentielle

 

Anicet Georges Dologuélé officiellement déclaré apatride : Touadéra enterre politiquement son principal adversaire à la présidentielle
Anicet-Georges DOLOGUELÉ, leader de l’URCA, et membre influent du BRDC

 

Rédigé le 09 octobre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

 L’opposant Anicet Georges Dologuélé, ancien Premier ministre et député actuel de Bocaranga 1, vient d’être totalement enterré par le régime de Bangui sur la scène politique nationale. Comment ? En le déclarant officiellement apatride, c’est à dire qu’il n’est plus centrafricain. En plus de cela, il n’est plus français.

 

Anicet-Georges Dologuelé avait renoncé à sa nationalité française il y a quelques semaines pour pouvoir se porter candidat à la présidentielle de 2025. Pour déposer sa candidature, il faut joindre une copie du passeport national à la demande. L’ancien Premier ministre a donc sollicité, il y a trois semaines, la délivrance d’un passeport centrafricain suite à sa renonciation à la nationalité française.

 

La réponse du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique, datée du 9 octobre 2025 et signée par le ministre de la Défense Rameaux Claude Bireau (pour le ministre de l’Intérieur), glace le sang. Le ministère déclare officiellement que Anicet-Georges Dologuelé a “perdu la nationalité centrafricaine” en détenant la nationalité française jusqu’au 25 août 2025.

 

Le ministère invoque l’article 48 du Code de la Nationalité de 1961 qui dispose : “Perd la nationalité centrafricaine, le Centrafricain majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère”.

 

Selon cette interprétation, Anicet-Georges Dologuelé aurait perdu automatiquement sa nationalité centrafricaine lorsqu’il a acquis la nationalité française. Le ministère lui demande donc de “déposer une demande de réintégration auprès du ministère chargé de la Justice, accompagnée de tous les documents justificatifs pour obtenir un décret de réintégration, lequel servira de base à l’établissement du passeport sollicité”.

 

En clair, le régime déclare Anicet-Georges Dologuelé apatride. Il n’est plus Français puisqu’il a renoncé à cette nationalité. Et il n’est plus Centrafricain selon l’interprétation du ministère. Il doit maintenant faire une demande de réintégration dans la nationalité centrafricaine, attendre qu’un décret soit signé, et seulement après pourra demander un passeport.

 

Cette manœuvre administrative enterre politiquement Dologuélé de trois manières.

 

D’abord, sur le plan électoral. Sans passeport centrafricain, il ne peut pas déposer sa candidature à la présidentielle. Le délai de dépôt des candidatures expire dans deux jours. Le processus de réintégration dans la nationalité, puis de délivrance du passeport, prendra des semaines voire des mois. Dologuélé ne pourra donc pas se porter candidat à la présidentielle de 2025 comme il a lui-même déclaré mercredi dernier.

 

Ensuite, sur le plan sanitaire. Anicet-Georges Dologuelé a des problèmes de santé. Il doit se rendre régulièrement en France pour consulter ses médecins. En le privant de passeport français (par la renonciation) et en lui refusant le passeport centrafricain, le régime le bloque. Comment va-t-il sortir du pays pour aller se soigner ? Comment va-t-il voyager sans passeport ?

 

Enfin, sur le plan symbolique. En le déclarant apatride, le régime humilie publiquement son principal adversaire. Il lui dit : tu n’es plus rien, tu n’as plus de nationalité, tu n’existes plus juridiquement.

 

Pour pousser l’humiliation encore plus loin, le ministre conseiller du président, Fidèle Gouandjika , a fait un live sur Facebook pour se moquer de Dologuélé. Il a rappelé que l’opposant avait déclaré “que le pays n’est pas gouverné, que le fauteuil présidentiel est vide”. Fidèle Gouandjika a alors fait une simulation de la demande que Dologuélé devrait maintenant envoyer au président : “J’ai l’honneur, Monsieur le Président, de venir auprès de vous respectueusement pour demander à nouveau la nationalité centrafricaine”.

 

Le message du régime est clair : tu as osé dire que Touadéra ne gouverne pas ? Maintenant, rampe et supplie pour récupérer ta nationalité. Humilie-toi publiquement devant celui que tu as critiqué. Reconnaît que tu as eu tort. Demande pardon. Et peut-être, si tu es assez servile, on te rendra ta nationalité.

 

Cette manœuvre est d’une perversité calculée. Le régime savait que Anicet-Georges Dologuelé allait renoncer à sa nationalité française pour se présenter. Ils l’ont laissé faire. Ils ont attendu qu’il renonce, qu’il perde sa nationalité française. Et à ce moment-là, quand il n’avait plus de retour en arrière possible, ils l’ont déclaré apatride en lui refusant le passeport centrafricain.

 

Cette manœuvre montre aussi la duplicité du régime sur la question de la nationalité. Touadéra a modifié la Constitution pour interdire la double nationalité et exiger que les candidats à la présidentielle n’aient que la nationalité centrafricaine. Anicet-Georges Dologuelé a joué le jeu : il a renoncé à sa nationalité française. Et le régime le punit pour avoir obéi à la loi.

 

Si Anicet-Georges Dologuelé avait gardé sa double nationalité, on lui aurait dit : tu ne peux pas te présenter, tu as la nationalité française. Maintenant qu’il a renoncé à la nationalité française, on lui dit : tu as perdu la nationalité centrafricaine, tu es apatride, tu ne peux pas te présenter non plus.

 

C’est un piège parfait. Quoi que fasse l’opposant, le régime trouve une raison juridique pour l’empêcher de se présenter.

 

Anicet-Georges Dologuelé n’est pas le seul dans cette situation. D’autres opposants de la diaspora qui ont la double nationalité font face au même dilemme. S’ils renoncent à leur nationalité étrangère pour se présenter, le régime peut les déclarer apatrides. S’ils ne renoncent pas, le régime les déclare inéligibles pour double nationalité.

 

Au-delà de la dimension électorale, cette affaire pose la question humanitaire. Anicet-Georges Dologuelé a des problèmes de santé. Il doit voyager régulièrement pour se soigner. En le privant de tout passeport, le régime met sa vie en danger. Si son état de santé se dégrade et qu’il a besoin de soins urgents à l’étranger, comment va-t-il sortir du pays ?

 

Le régime le sait. C’est peut-être même l’objectif. En privant Anicet-Georges Dologuelé de passeport, on l’empêche de se faire soigner à l’étranger. On espère peut-être qu’il tombera malade et mourra, éliminant ainsi définitivement cet opposant gênant.

 

Cette stratégie d’élimination physique par privation de soins médicaux est une forme de violence d’État. On ne tue pas directement l’opposant, mais on crée les conditions de sa mort en lui refusant l’accès aux soins dont il a besoin.

 

Anicet-Georges Dologuelé se retrouve dans une situation impossible. Apatride, sans passeport, incapable de se présenter à la présidentielle, incapable de voyager pour se soigner. Le régime lui laisse deux options : s’humilier publiquement en suppliant Touadéra de lui rendre sa nationalité, ou mourir lentement, bloqué en Centrafrique, sans possibilité de se faire soigner à l’étranger.

 

Cette affaire montre jusqu’où Touadéra est prêt à aller pour éliminer ses adversaires. On ne se contente plus d’emprisonner les opposants ou de les forcer à l’exil. On les déclare apatrides, on les prive de leur identité juridique, on les condamne à l’invisibilité administrative et peut-être à la mort faute de soins.

 

Les Centrafricains qui croient encore que les élections de décembre 2025 seront libres et transparentes devraient regarder ce qui arrive à Dologuélé. Le principal opposant, ancien Premier ministre, député en exercice, est déclaré apatride et empêché de se présenter par une manœuvre administrative cynique.

 

Si le régime peut faire cela à Anicet-Georges Dologuelé , que fera-t-il aux autres candidats ? Combien d’opposants seront éliminés par des procédures administratives kafkaïennes ? Combien seront déclarés inéligibles pour des raisons inventées ?

 

Les élections de 2025 ne seront pas des élections. Ce sera une parodie où seuls les candidats approuvés par Touadéra pourront se présenter, et où le résultat est déjà écrit.

 

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