À Nanga-Boguila : le seul hôpital de la région agonise

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À Nanga-Boguila : le seul hôpital de la région agonise
ôpital de Nanga-Boguila. CopyrightCNC

À Nanga-Boguila : le seul hôpital de la région agonise

 

À Nanga-Boguila : le seul hôpital de la région agonise
ôpital de Nanga-Boguila. CopyrightCNC

 

Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.

 Le seul hôpital de district de Nanga-Boguila, à 457 kilomètres au nord-ouest  de Bangui, est dans un état déplorable. Dans cette région enclavée du nord-ouest de la République centrafricaine, l’établissement sanitaire, qui dessert plus de 30 000 habitants, se trouve dans l’incapacité de soigner ses patients, privé de tout : médicaments, matériel médical, personnel qualifié. Un reportage de la rédaction du CNC au cœur d’une structure médicale à bout de souffle.

 

La scène est poignante ce matin à l’hôpital de district de Nanga-Boguila. Sous un soleil ardent, des dizaines de malades patientent, entassés sur des bancs en bois sous un modeste préau en tôle. L’établissement, installé le long de l’artère principale de la ville, peine à assurer sa mission première : soigner.

 

“Les patients arrivent avec espoir. Après consultation, nous n’avons d’autre choix que de les renvoyer acheter leurs médicaments ailleurs. Le temps qu’ils reviennent, pour certains, il est trop tard”, murmure avec tristesse un agent de santé interrogé par CNC, avec un regard éteint.

À Nanga-Boguila : le seul hôpital de la région agonise
Pancarte de l’hôpital de Nanga Boguila. CopyrightCNC

 

L’équipe médicale :  un médecin généraliste, un technicien de laboratoire, une assistante-accoucheuse, six secouristes et quatre matrones, se retrouve dépassée par l’ampleur des besoins. Chaque mois, environ 400 personnes franchissent les portes de l’hôpital.

 

Le service de nutrition témoigne de cette détresse. Les vingt lits réservés aux enfants malnutris restent vides, sans matelas. Les petits patients doivent être envoyés vers l’hôpital régional universitaire de Bossangoa, à 115 kilomètres, ou celui de Paoua, distant de 75 kilomètres. Un périple risqué sur des routes peu sûres.

 

Le bloc opératoire, inutilisable car non équipé, condamne l’hôpital à l’impuissance devant les urgences. Accidents, complications d’accouchement, agressions : autant de situations critiques impossibles à gérer sur place. Sans appareil de radiographie ni échographe, les diagnostics restent approximatifs.

 

L’absence d’ambulance transforme chaque transfert en périlleuse aventure. Les malades sont transportés à moto-taxi, aux frais de leurs familles, sur des pistes parsemées de barrages tenus par des éléments de forces de l’ordre qui n’hésitent pas à demander de formalité. “Des patients décèdent parfois pendant le trajet, suite à une panne ou à cause de l’insécurité“, explique un membre du personnel.

À Nanga-Boguila : le seul hôpital de la région agonise
à l’intérieur d’une chambre de l’hôpital de Nanga Boguila. CopyrightCNC

 

Le tableau s’assombrit encore : pas de pharmacie, pas d’électricité, pas de concentrateur d’oxygène pour les nouveau-nés en détresse respiratoire. Les médicaments proviennent des vendeurs du quartier, une solution précaire et dangereuse.

 

Pourtant, l’affluence ne diminue pas. Le personnel peut recevoir jusqu’à 60 personnes par jour, certaines venues de villages éloignés. Dans le service de pédiatrie, seuls 14 lits sur 42 disposent encore de matelas, dans un état lamentable. La médecine interne n’en possède aucun. À la maternité, les femmes accouchent sur des matelas délabrés.

 

L’histoire de cet hôpital reflète les tourments du pays. Ancienne clinique de l’église des frères américains, elle fut reprise par Médecins Sans Frontières Hollande en 2006. En 2013, une attaque de la Séléka causa la mort d’une vingtaine de notables locaux, provoquant le départ de MSF vers Bossangoa. Après des années d’abandon, le ministère de la Santé en fit un hôpital de district, sans moyens adéquats.

 

Les besoins sont immenses : personnel qualifié (infirmiers diplômés, sages-femmes, assistants-infirmiers, anesthésiste), matériel médical de base, médicaments, ambulance. Le personnel lance un appel pressant au gouvernement pour sauver cette structure vitale.

 

“Nous sommes dans une zone d’insécurité. Utiliser la moto pour transporter des urgences n’est pas viable”, rappelle un soignant. En attendant une réaction des autorités, l’hôpital continue tant bien que mal sa mission, symbole d’un système de santé à la dérive dans une région où la population n’a d’autre choix que d’espérer des jours meilleurs.

 

Corbeaunews Centrafrique

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