La carte d’identité arrive à Bouar, Le député Fleury Pabandji souffle le chaud et le froid lors de l’installation du service
Les habitants de Bouar et des environs peuvent enfin pousser un soupir de soulagement. Après des années de complaintes et de difficultés pour obtenir une carte nationale d’identité, la population de la Nana-Mambéré peut désormais effectuer les démarches sur place, au commissariat de police de la ville.
Bangui, 05 septembre 2024.
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
L’inauguration de ce nouveau service s’est déroulée ce jeudi 30 août 2024, en présence de l’honorable député de la circonscription de Bouar 1, Fleury Junior Pabandji. Ce dernier a profité de l’occasion pour adresser un message à la population, les exhortant à la vigilance et à la cohésion.
“Je tiens à remercier les autorités du pays, notamment le Président de la République, Chef de l’État, le Président de l’Assemblée nationale et le Premier ministre qui ont entendu les doléances de la population de Bouar que j’ai relayées”, a déclaré le député Pabandji. “Grâce à leur écoute, nous disposons maintenant d’une équipe d’identification qui a fait le déplacement depuis Bangui jusqu’à Bouar”.
Pour l’élu, cette avancée représente une réelle satisfaction : “Cela va considérablement réduire les coûts pour la population. Plus besoin de se rendre à Bangui et d’y passer plusieurs jours pour obtenir sa carte d’identité”.
Cependant, le message du député n’est pas exempt d’ambiguïtés. S’il encourage la population à coopérer, il l’invite aussi à une forme de délation : “La population doit être vigilante et dénoncer tous ceux qui, comme par exemple les étrangers et les malfaiteurs, tenteraient des manœuvres frauduleuses pour obtenir cette pièce d’identité”.
Un appel à la méfiance qui interpelle, d’autant que Bouar est une ville frontalière avec le Cameroun. Le député insiste : “La population doit être vigilante pour dénoncer les malfaiteurs qui sévissent aux alentours de notre ville et qui perturbent la quiétude des habitants”.
Ces propos soulèvent des questions. Pourquoi un tel discours, empreint de suspicion ? La carte nationale d’identité n’est-elle pas un droit pour tout citoyen centrafricain ? Les services compétents ne sont-ils pas à même de vérifier la validité des dossiers sans recourir à la dénonciation ?
Il convient de rappeler que le député Pabandji est un ancien chef de milice anti-balaka. Ses déclarations semblent raviver de vieilles tensions et stigmatisations, alors même que le pays aspire à la réconciliation.
Le processus d’obtention d’une carte d’identité est pourtant clair : le demandeur dépose son dossier au commissariat de Bouar, s’acquitte des frais, et fournit les documents nécessaires, y compris les photos. Le dossier est ensuite transmis à Bangui pour traitement. Une fois la carte confectionnée dans la capitale, elle est renvoyée à Bouar où le demandeur peut la récupérer.
Ce nouveau service représente une avancée significative pour la population locale. Il permet d’éviter les déplacements coûteux vers Bangui, les longues files d’attente et les potentielles tracasseries administratives. La proximité du service devrait faciliter les démarches et encourager les citoyens à régulariser leur situation.
Néanmoins, les propos du député Pabandji jettent une ombre sur cette initiative positive. Appeler à la dénonciation des “malfaiteurs” et des “étrangers” qui viendraient demander une carte d’identité est non seulement contraire à l’esprit de la loi, mais aussi potentiellement dangereux. Cela pourrait conduire à des accusations infondées et à une atmosphère de méfiance généralisée.
Il est important de souligner que la délivrance d’une carte nationale d’identité obéit à des critères précis, vérifiés par des professionnels formés. Ce n’est pas à la population de juger qui a le droit ou non d’obtenir ce document. Une telle approche risquerait d’exacerber les tensions intercommunautaires et de raviver des plaies encore mal cicatrisées.
Le passé de chef milicien du député Pabandji pose des interrogations quant à sa légitimité à tenir un tel discours. Comment un ancien leader anti-balaka peut-il aujourd’hui se poser en garant de l’ordre et appeler à la dénonciation ? N’y a-t-il pas là une forme d’hypocrisie, voire une tentative de se démarquer de son passé en stigmatisant d’autres groupes ?
La République centrafricaine a besoin d’unité et de réconciliation, pas de nouvelles divisions. L’installation d’un service d’identification à Bouar devrait être une opportunité de rapprocher l’administration des citoyens, pas de créer de nouvelles fractures.
Il serait plus constructif d’encourager tous les Centrafricains en âge de posséder une carte d’identité à entamer les démarches, plutôt que de semer la suspicion. C’est par l’inclusion et non par l’exclusion que le pays pourra avancer vers un avenir plus serein.
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