CENTRAFRIQUE : LES DAMNÉS DE LA TERRE ?

CENTRAFRIQUE : LES DAMNÉS DE LA TERRE ?

                                                                    

 

 

Les miliciens Anti-balaka.

 

 

Bangui, le 8 mai 2018.

Par : Joseph Akouissonne de Kitiki, CNC.

 

L’ESCALADE DE LA VIOLENCE

          C’est un pays de désaxés. De maudits. Un pays qui a été propulsé dans les entrailles de l’enfer par ses propres élites, aidées par des pays étrangers, ogres de ses matières premières. Un pays malade  de ses enfants malades.

          Le mal qui ronge la République Centrafricaine dépasse l’entendement et le rationnel. Des scènes d’horreur absolue, que rien ne semble arrêter, se répètent jour après jour.  Quand des hommes, chrétiens ou musulmans, profanent et brûlent des lieux de culte, il est à craindre qu’ils ne soient possédés par des démons et que nous ne soyons pas loin d’un génocide et d’un nettoyage confessionnel. Les images qui proviennent de ce pays jadis si paisible sont insoutenables. Des enragés, assoiffés de sang, au nom de leurs dieux (quels dieux ?) allument des bûchers pour brûler les corps de leurs ennemis.

          Une église est prise d’assaut par des musulmans inspirés par les djihadistes de l’Etat islamique. Un prêtre et une trentaine de fidèles sont massacrés pendant leurs prières. Des mosquées sont saccagées en représailles par des chrétiens. Des musulmans sont poursuivis et tués.

          Les provinces occupées par les insurgés sont mises en coupe réglée, hors de portée d’un pouvoir central dépassé et manifestement impuissant, que les Centrafricains assimilent de plus en plus au chaos dans lequel est tombé le pays.

          Des voix s’élèvent, de plus en plus nombreuses, pour stigmatiser une gouvernance d’enrichissement personnel, pour critiquer un pouvoir replié sur Bangui, devenue son dernier refuge, un pouvoir qui ne se rend plus dans l’arrière-pays pour soutenir et rassurer les populations en détresse et qui donne l’impression de se mettre désormais sous la tutelle des Russes.

 

L’ÉCHEC DU GOUVERNEMENT

          Effroyable ! Tout indique aujourd’hui que le gouvernement a transféré une partie de son pouvoir régalien à des puissances étrangères. Aujourd’hui, ce sont les Russes qui se taillent la part du lion : ils se rendent à Kaga-Bandoro à la demande du gouvernement pour négocier avec les rebelles ; ils envisagent même de créer une base à Béréngo, l’ancienne cour impériale de l’empereur Bokassa.

          Mais l’opacité qui entoure la gesticulation des Russes en Centrafrique peut légitimement faire penser que la nouvelle attitude du gouvernement centrafricain et les nouveaux accords avec Poutine ont sans doute reçu l’aval de la France…

 

ETAT D’URGENCE A BANGUI ?

 

          La capitale centrafricaine semble descendue en enfer. Des tirs à l’arme lourde résonnent un peu partout dans cette ville où il faisait si bon vivre jadis. Les populations affolées courent dans tous les sens pour échapper aux balles. Bangui est à nouveau tombée dans la spirale de la violence.

          La panique semble gagner le pouvoir et ses soutiens.  Le journal en ligne Corbeau News fait état d’une liste, dont il possède une copie, de personnalités centrafricaines à surveiller, considérées comme des ennemis de la République. Mais jeter des noms sans preuves à la vindicte populaire est une immense maladresse politique. Le gouvernement, inapte à diriger un pays en guerre, n’a réussi qu’à créer un vide sidéral de gouvernance.

          Il faut absolument que le président Touadera change de Premier ministre et de gouvernement. Au rythme où se précipitent les choses, la pérennité de sa présidence est elle-même dangereusement menacée.

          On apprend quand même avec satisfaction que la MINUSCA est enfin passée à l’offensive à Bouar et près de Dékoa. Mais il faut aller plus loin. Pour protéger la population et combattre les terroristes infiltrés dans la capitale, un état d’urgence s’impose. Sa durée pourrait être de trois mois renouvelables. On l’intitulerait « VIGIE TERRORISTE ». Il n’y a plus de temps à perdre. L’heure n’est pas aux tergiversations, il faut une action forte. Le gouvernement doit réagir et vite.

                                                                                       

   JOSEPH AKOUISSONNE DE KITIKI

(7/5/2018)

 

Monsieur Joseph Akouissonne de Kitiki, l’auteur de l’article.