Tension entre Bangui et Ndjamena : la première victime du chef rebelle Baba Laddé aux mains des Wagner
Bangui, 31 octobre 2023 (CNC) – Le nom d’Abdoul est désormais associé à la tragédie qui découle du conflit en cours entre les capitales de la République centrafricaine, Bangui, et du Tchad, Ndjamena, autour du chef rebelle tchadien bien connu, Baba Laddé. Abdoul, un citoyen centrafricain issu de la communauté Peule, est devenu la première victime visible de cette tension grandissante.
Après un bref séjour à Ndjamena, il a été arrêté trois jours après son retour à Bangui. Son arrestation a été orchestrée par les mercenaires du groupe Wagner, la redoutable entreprise paramilitaire russe opérant en Centrafrique. Actuellement, Abdoul est détenu dans des conditions inhumaines dans la prison spéciale gérée par les Russes, située au camp de Roux. Pire encore, il est signalé qu’il a été soumis à de graves tortures et depuis son incarcération, il n’a plus donné de signes de vie à sa famille.
Le parcours d’Abdoul est marqué par des événements tragiques et parfois surprenants. Au départ, il était un membre du groupe armé de l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC), dirigé par le chef rebelle Ali Darassa. Toutefois, il décida de quitter ce groupe armé pour retourner à Bangui et se consacrer à ses activités commerciales. C’est à ce moment que sa vie a pris un tournant dramatique.
Après son retour à Bangui, Abdoul s’est retrouvé impliqué dans les manigances du chef rebelle tchadien Hassan Bouba qui le connait très bien, qui a été nommé ministre de l’Elevage et de la Santé animale en Centrafrique. Bouba cherchait à le recruter comme membre de sa milice, connue sous le nom de “russe noir”. Mais Abdoul a catégoriquement refusé cette proposition. Cependant, un autre chef rebelle tchadien, Baba Laddé, l’a contacté par téléphone et l’a invité à le rejoindre à Ndjamena. Dans un moment de méprise ou d’ignorance, Abdoul a accepté l’invitation de Baba Laddé. Au mois de juillet de l’année dernière, il a donc quitté Bangui pour rejoindre Laddé à Ndjamena.
Cependant, une fois sur place, Abdoul a rapidement réalisé que les intentions de Baba Laddé étaient bien différentes de ce qu’il avait imaginé. Le chef rebelle tchadien avait l’intention de créer une nouvelle rébellion contre le pouvoir de Ndjamena, ce qui a conduit à une rupture entre les deux.
Ce qui est encore plus surprenant, c’est que lorsque Baba Laddé est en fuite vers Bangui, il continuait de communiquer avec Abdoul. Profitant de la complicité de monsieur Hassan Bouba et des mercenaires russes de Wagner, Abdoul est finalement revenu à Bangui. Cependant, dès son retour, il a été arrêté à son domicile par les éléments de la garde présidentielle le lendemain matin, après avoir rencontré Baba Laddé chez lui, derrière le palais de la Renaissance à Bangui.
Abdoul a ensuite été placé en détention provisoire à la Section de Recherche et d’Investigation de la gendarmerie, puis transféré dans une cellule spéciale au camp de Roux. Cette cellule, gérée par des mercenaires du groupe Wagner, est loin d’être une prison ordinaire. Selon des informations spéciales du CNC, Abdoul a été soumis à des tortures brutales depuis son incarcération. La seule personne à lui rendre visite est le chef rebelle ministre Hassan Bouba, qui a confirmé aux parents d’Abdoul que ce dernier était en vie. Cependant, la réalité est tout autre, et la vie de ce jeune homme est clairement en danger.
Les mercenaires russes et Touadera accusent Abdoul d’être un agent double au service du Tchad. Baba Laddé l’a accusé de l’espionner et de signaler ses activités aux autorités tchadiennes. C’est cette présumée trahison qui a motivé son arrestation. Abdoul est ainsi devenu la première victime manifeste de la tension grandissante entre le Tchad et la Centrafrique.
Le cas d’Abdoul révèle la complexité des conflits en cours en Centrafrique et les multiples acteurs impliqués, y compris des groupes rebelles, des mercenaires étrangers, et des jeux de pouvoir géopolitiques. Les conséquences de ces tensions se manifestent tragiquement à travers des individus innocents comme Abdoul, dont la vie est désormais suspendue à un fil, victime d’un conflit qui le dépasse. Les organisations des défenses des droits de l’Homme dans le pays doivent aller rendre visite aux détenus des cellules de ces mercenaires de Wagner. La situation souligne l’urgence de trouver une solution pacifique à ces conflits pour mettre fin à la souffrance des civils pris entre deux feux.
Par Alain Nzilo
Directeur de publications
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