Taïwan et la Chine : une position centrafricaine dictée par des intérêts économiques

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Lors d’une conférence de presse exceptionnelle à l’Assemblée nationale à Bangui, la République centrafricaine (RCA) a réaffirmé son soutien à la politique d’”une seule Chine”, selon laquelle Taïwan est une province inaliénable de la République populaire de Chine. Feng Ka Sui, ministre conseiller de l’ambassade chinoise, a salué cette prise de position, promettant en retour un appui continu au développement et à la stabilité de la RCA. Mais derrière cette déclaration solennelle, une question se pose : ce choix est-il vraiment guidé par des principes ou cache-t-il des calculs économiques bien plus terre-à-terre ?
Le président du groupe parlementaire Amitié-Chine, José Lé Magloire Makango, a insisté sur l’importance d’éclaircir la confusion autour de Taïwan, souvent perçu à tort comme une entité distincte. Pour lui, soutenir Pékin, c’est soutenir un “peuple frère” qui accompagne la RCA depuis longtemps. Pourtant, ce discours d’amitié sonne un peu trop lisse dans un pays où les alliances internationales se nouent souvent au gré des besoins immédiats. La RCA, engluée dans une crise économique et sécuritaire sans fin, n’a pas les moyens de se payer le luxe d’une diplomatie purement idéologique. Alors, pourquoi cette fermeté soudaine sur la question taïwanaise ?
La réponse pourrait se trouver dans les promesses chinoises qui ont suivi. Feng Ka Sui a évoqué un soutien à la souveraineté, à la stabilité politique et au développement “sain et stable” de la RCA. Traduit en termes concrets, cela signifie des investissements, des projets d’infrastructure et peut-être une aide financière directe, autant de bouées de sauvetage pour un gouvernement aux abois. La Chine, de son côté, y gagne un allié fidèle dans sa croisade diplomatique contre Taïwan, un pion de plus dans son jeu d’influence en Afrique. Mais à quel prix pour la RCA ?
Ce n’est pas la première fois que Bangui ajuste ses positions pour plaire à un partenaire puissant. Le rejet virulent de l’Occident, martelé lors de la conférence, semble aller de pair avec cette nouvelle proximité chinoise. Pourtant, rien n’indique que cet alignement profite vraiment à la population. Les routes, les écoles et les hôpitaux promis par Pékin traînent souvent à se matérialiser, ou servent d’abord les intérêts des entreprises chinoises. Pendant ce temps, les ressources naturelles centrafricaines : minerais, bois, terres, attirent les regards étrangers, et la Chine ne fait pas exception.
Le parallèle avec les groupes armés internes, évoqué par Makango, est révélateur. Comme le gouvernement refuse de céder aux rebelles qui divisent le pays, il pourrait voir dans la Chine un allié prêt à le soutenir militairement ou financièrement pour reprendre le contrôle. Mais cette aide a un coût, et il est légitime de se demander si la RCA ne troque pas une forme de dépendance contre une autre. Soutenir la politique d’”une seule Chine” serait alors moins une conviction qu’un marchandage : un gage offert à Pékin en échange de dollars et de projets, dans un pays où la survie prime sur les grandes idées.
Reste une incertitude : jusqu’où ira cet arrangement ? Si la RCA se coupe des partenaires occidentaux pour miser tout sur la Chine, elle risque de se retrouver piégée dans une relation déséquilibrée, où ses intérêts nationaux passent après ceux de son bienfaiteur. La conférence de presse de Bangui voulait projeter une image de solidarité et de souveraineté. Mais elle pourrait bien avoir révélé une vérité moins noble : en RCA, même les principes se négocient au plus offrant.
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