Soudan : Des réfugiés centrafricains dénoncent le détournement de l’aide humanitaire à leur détriment

Rédigé le 11 novembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Un responsable des réfugiés centrafricains au Soudan dénonce sur les réseaux sociaux l’exclusion méthodique de ses compatriotes des distributions d’aide humanitaire malgré leur recensement officiel à plusieurs reprises.
Une déclaration relayée massivement sur les réseaux sociaux découvre les conditions difficiles des réfugiés centrafricains au Soudan. Un vieux papa, responsable des réfugiés centrafricains, installés au Soudan près de la frontière, a dénoncé publiquement les pratiques de certaines organisations humanitaires dans ce pays voisin qui excluent les Centrafricains des distributions d’aide.
Notons que ces réfugiés avaient fui leur pays en 2020 lors des violents affrontements intercommunautaires qui avaient opposé les Rounga, les Kara appuyés par les Goula dans toutes les régions du nord de la RCA. À cette époque, la situation était devenue incontrôlable avec des armes qui crépitaient de partout, poussant de nombreuses familles à abandonner leurs foyers.
Devant cette violence, beaucoup s’étaient d’abord regroupés devant la base de la MINUSCA avant de prendre la décision difficile de franchir la frontière pour chercher refuge au Soudan. Une fois arrivés dans ce pays voisin, ils avaient été dûment recensés et identifiés comme réfugiés centrafricains par les autorités compétentes et les organisations humanitaires présentes sur place.
Le processus d’enregistrement s’était déroulé normalement. Les organisations humanitaires avaient pris leurs noms, établi des listes et promis une assistance régulière sous forme de distributions de vivres et d’autres produits de première nécessité. Ces réfugiés centrafricains pensaient alors avoir trouvé un refuge temporaire en attendant le retour de la paix dans leur pays.
Mais la réalité s’est avérée tout autre. Selon le témoignage de ce papa refugiés centrafricain, quand arrivent les moments de distribution des kits alimentaires ou autres, les refugiés Centrafricains se retrouvent exclus. Lorsqu’ils se présentent avec leurs noms, on leur répond invariablement que ces noms ne figurent pas sur les listes de distribution.
Cette situation se répète à chaque distribution d’aide. Les réfugiés centrafricains voient arriver les équipes humanitaires, assistent aux distributions, mais n’y ont jamais accès. Quand ils s’approchent pour recevoir leur part, on leur oppose l’absence de leurs noms sur les listes, alors même qu’ils avaient été enregistrés lors des recensements précédents.
Le phénomène est si organisé qu’il ne peut relever du simple hasard ou de l’erreur administrative. Selon le responsable des réfugiés, tous les produits distribués sont accaparés uniquement par les Soudanais présents sur le site, tandis que ses compatriotes repartent les mains vides à chaque fois.
Cette exclusion a poussé les réfugiés centrafricains à remettre une dernière fois leurs noms sur les listes, estimant que la situation était devenue intolérable. Beaucoup de Centrafricains présents sur les lieux de distribution n’ont jamais reçu, selon l’expression du responsable, “aucune soupe sur leur cuillère ”, autrement dit aucune aide concrète.
Cette affaire montre clairement un phénomène plus large de détournement de l’aide humanitaire qui ne se limite pas à la République centrafricaine. Au Soudan aussi, certaines organisations semblent utiliser les noms des réfugiés pour obtenir des financements et des donations, tout en redistribuant l’aide selon des critères qui ne correspondent pas aux listes officielles.
Cette pratique constitue une forme de détournement particulièrement cynique. Les noms des réfugiés centrafricains servent à justifier l’obtention d’aide internationale, mais ces mêmes réfugiés n’en bénéficient jamais. Cette utilisation frauduleuse de leur identité les transforme en victimes deux fois : d’abord de la guerre qui les a chassés de chez eux, puis de la corruption qui les prive de l’aide qui leur est destinée.
La situation de ces réfugiés est d’autant plus tragique qu’ils ne peuvent pas facilement rentrer chez eux. Bien qu’ils souhaiteraient regagner la République centrafricaine, les conditions sécuritaires actuelles ne le permettent pas. Le pays connaît toujours des déplacements massifs de populations, avec des incursions répétées de bandits soudanais qui terrorisent les communautés frontalières.
À ces menaces s’ajoutent les agissements des mercenaires russes dans la Vakaga qui sèment également la terreur parmi les populations civiles. Cette insécurité permanente empêche tout retour serein des réfugiés vers leurs villages d’origine, les contraignant à rester au Soudan malgré les difficultés qu’ils y rencontrent.
Même si le Soudan offre plus de sécurité que leur région d’origine, les conditions de vie y restent précaires pour ces réfugiés. Privés de l’aide humanitaire qui leur revient de droit, ils doivent survivre avec leurs propres moyens dans un pays qui traverse lui-même de nombreuses difficultés.
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