République centrafricaine : accord de Khartoum, Touadera a-t-il trahi le peuple centrafricain ?

Publié le 6 février 2019 , 8:00
Mis à jour le: 6 février 2019 11:45 pm
mahamat alkatim et les autres rebelles de la Seleka
Les rebelles.

 

 

Signé à Bangui ce mercredi 6 février 2019 par le Président Touadera et les 14 groupes armés, l’accord de paix de Khartoum va bientôt être présenté aux chefs d’État africains lors d’un prochain sommet à Addis Abeba en Éthiopie. Entre temps, le contenu de cet accord, qui est resté sous scellé, entraîne de facto des spéculations sur les réseaux sociaux. Qui dit vrai ?

 

Depuis le 24 janvier dernier, date du lancement à Khartoum des pourparlers de paix entre le gouvernement centrafricain et les groupes armés sous l’égide de l’Union africaine et de l’ONU, tous les Centrafricains, ou presque, se sont tournés vers la capitale soudanaise dans l’espoir de voir les protagonistes s’accorder sur leurs différents principaux points de divergence. C’est ce qui a été fait. Les 14 groupes armés et le gouvernement centrafricain ont paraphé à Khartoum un accord de « PAIX » le mardi 5 février 2019. Celui-ci, 24 heures plus tard, est signé définitivement à Bangui par tous les protagonistes, y compris les représentants de l’Union africaine, de l’ONU et de certains pays voisins.

 

Autonomie du Territoire du Nord

Même si le porte-parole improvisé des groupes armés lors du dialogue de Khartoum monsieur Abakar Sabone, qui était malheureusement le premier à planer la menace d’une sécession du territoire nord centrafricain, est revenu sur ses déclarations pour parler de l’unité du peuple centrafricain dans un seul pays grâce à l’accord de Khartoum, les réseaux sociaux, depuis dimanche dernier, ne cesse de s’enflammer sur un hypothétique projet d’une fédéralisation de la RCA accordée par le chef de l’État sous la pression de la Russie. Vrai ou faux ? Difficile de le savoir pour l’instant.

 

Amnistie des rebelles

Même si tout le monde s’accorde à dire que l’amnistie des rebelles constitue le deuxième point important des pourparlers de Khartoum, il est presque évident de croire que celui-ci ne peut en aucun cas être ignoré par les groupes armés qui n’ont cessé de la réclamer depuis 2015. D’ailleurs l’échec des derniers accords de paix signés à Brazzaville ou ailleurs serait lié à la non-amnistie des rebelles.

À ce niveau, en voit mal les rebelles dansent et chantent à Khartoum si l’amnistie n’est pas reconnue pour tous les rebelles.

 

Partage du pouvoir

Pour bon nombre des Centrafricains, le partage du pouvoir reste le point rapide de consensus même s’il est considéré par certains comme un point non négociable avec les groupes armés.

Le premier signe du départ du Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji est déjà visible même si le contenu de cet accord est encore confidentiel. Et donc il y’aura probablement un nouveau gouvernement avec un Premier ministre issu des groupes armés. Ce qui a d’ailleurs n’est pas du goût de l’actuel locataire de l’immeuble Petroca.

 

Statut des anciens chefs d’État rebelles

Le seul point dont le clan au pouvoir refuse catégoriquement d’en parler lors de ce dialogue, c’est le statut et l’amnistie des anciens chefs d’État rebelles centrafricains.

Pour le chef d’État Faustin Archange TOUADERA, le retour de l’ancien Président Bozizé ou de Michel Djotodia serait une catastrophe pour son régime. Tout sauf les deux, selon une source proche de la présidence de la République.

 

Et le contenu de l’accord ?

Ce qui est presque sûr, l’amnistie et le partage du pouvoir, 2 de 4 points importants de ce dialogue de Khartoum seraient favorables aux rebelles.

En revanche, la fédéralisation de la République centrafricaine et les statuts des anciens chefs d’État sous sanction du conseil de sécurité de l’ONU ne seraient pas inclus dans l’accord de Khartoum.

En outre, c’est pour la première fois en RCA qu’un accord de paix est volontairement mis sous scellé par les différentes parties au dialogue.

 

Et Touadera, a-t-il trahi son peuple ?

À ce niveau, on ne peut parler de la trahison des Centrafricains, mais plutôt de sa parole d’honneur.

Souvenez-vous, au début de son mandat, et même lors de la campagne électorale, Touadera n’a cessé de parler de la non-participation des rebelles au sein de son gouvernement s’ils n’ont pas déposé au préalable leurs armes. Ce qui n’est pas fait évidemment.

Autour de l’accord de Khartoum, Touadera viole intégralement la Constitution de son pays. À ce titre, il pourrait être destitué de ses fonctions du Président de la République, selon le peuple centrafricain.

 

 

Affaire à suivre…

 

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