Sahel : quand les autorités musellent la société civile

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Enlèvement, attaques ciblées, harcèlement, actes de torture… De nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) dénoncent depuis des mois la chape de plomb que les autorités militaires du Sahel font peser sur la société civile.
Les cas de Rasmané Zinaba et de Bassirou Badjo ne sont pas isolés, mais restent emblématiques. Un matin de février dernier, des hommes non identifiés habillés en civil et armés les ont cueillis chez eux. Ceux qui militaient activement dans le mouvement Balai citoyen ont été emmenés dans un endroit qui reste à ce jour inconnu. Cinq mois plus tard, ils ont fait une furtive apparition à la télévision, en tenue militaire, dans la rubrique « Parole de combattant ». Tout laisse penser qu’ils ont été enrôlés de force au sein des forces armées burkinabè.
Depuis lors, aucune nouvelle de ceux qui se sont clairement opposés au régime militaire du capitaine Ibrahim Traoré. Le Burkina-Faso a publié, le 1er avril dernier, une liste noire d’une trentaine de personnes intitulée « Avis de recherche », avec noms et photos. Ces personnes ont ainsi ouvertement été qualifiées « de traîtres », « d’apatrides » et « d’ennemis de la Nation ». Parmi ces appellations, quelques djihadistes, des militants politiques, des journalistes, et l’ancien président de la Commission électorale, Ahmed Barry, aujourd’hui en exil.
Portés disparus
Dans le Mali voisin, les opposants au régime en place connaissent les mêmes turpitudes avec des arrestations « hors du cadre légal », dénoncent la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans un rapport exhaustif publié en février 2025. Les deux entités rappellent les enlèvements et arrestations de plusieurs opposants : le journaliste Mohamed Youssouf Bathily, (alias Ras Bath) ; la militante Sidibé Rokia Doumbia, dite « Rose la Vie Chère » ; le docteur Etienne Fakaba Sissoko, économiste et professeur d’université qui sont toujours détenus « arbitrairement ». Quant à Sory Koné, directeur de la Radio Danaya de Souba, il est porté disparu depuis son enlèvement en janvier 2023 à l’instar de son confrère, Atiana Serge Oulon, directeur du bimensuel L’Evénement, enlevé le 24 juin 2024.
Ces pratiques sont devenues courantes, y compris au Niger et au Tchad où les régimes « criminalisent systématiquement la société civile défendant les droits humains » et « multipliant les actes de harcèlement à l’encontre des dirigeants d’ONG de défense des droits humains ». Viennent s’y greffer des « atteintes à la liberté d’expression, d’association et de manifestation », au point que la FIDH et l’OMCT parlent de « convergence régionale des pratiques de répression ». Les deux organisations exhortent le Burkina Faso, le Mali et le Niger, tous trois déjà dotés d’une loi de protection des défenseurs, à respecter leur engagement et invite le Tchad à adopter le même cadre légal….
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