L’UNICEF est profondément préoccupé par le bien-être de milliers d’enfants qui, selon les estimations, ont été récemment déplacés par une flambée de violence dans plusieurs villes d’Afrique centrale, dont la capitale Bangui, avant et après les élections générales du pays. La crise risque d’entraîner une augmentation des taux de malnutrition ainsi que le recrutement d’enfants dans les groupes armés.
À l’approche et au lendemain des élections générales du 27 décembre 2020, le conflit armé entre les forces gouvernementales et une coalition de groupes armés dans plusieurs villes de la République centrafricaine (RCA)[1] a forcé près de 200 000 personnes – dont presque la moitié sont des enfants – à fuir leurs foyers. Alors que beaucoup sont depuis rentrées chez elles, environ 100 000 personnes sont toujours déplacées.[2] La situation reste volatile dans de nombreuses régions du pays, suite à l’annonce des résultats des élections.
« Cette nouvelle vague de violence et de déplacement accroît les besoins humanitaires au moment où les populations centrafricaines doivent déjà faire face aux conséquences de la pandémie de COVID-19 et à des années de conflit et d’insécurité », a déclaré Fran Equiza, Représentant de l’UNICEF en RCA. « Pour les enfants et les femmes les plus vulnérables, les combats constituent une menace directe à leur vie. Ils sont susceptibles d’entraîner une augmentation de l’incidence de la malnutrition chez les enfants et des violations flagrantes de leurs droits, comme le recrutement ou le meurtre. »
Dans tout le pays, les cas de malnutrition aiguë sévère chez les enfants de moins de cinq ans ont augmenté de 16,4 pour cent par rapport à la même période en 2020. Cette augmentation est largement due à l’insécurité généralisée.
Bien que la RCA ait enregistré jusqu’à présent un nombre relativement faible de cas de COVID-19[3], l’impact général de l’épidémie a été sévère. Depuis mars dernier, une baisse significative des taux de vaccination a été observée[4] en raison des difficultés rencontrées pour mener à bien la vaccination de routine. La pandémie a également entraîné la fermeture et l’interruption des services destinés aux enfants déplacés de force et aux victimes de violences, y compris par des groupes armés. Entre janvier et juillet 2020, plus de 380 violations graves des droits de l’enfant ont été enregistrées dans le pays, soit plus de 2,5 fois les chiffres pour la même période en 2019, avec une augmentation des incidents de violence basée sur le genre contre les enfants au plus fort de l’épidémie de COVID-19 et lors des fermetures d’écoles.
« Une fois de plus, les enfants portent le poids de cette crise : leur éducation est perturbée, ils sont exposés à la violence, séparés de leur famille ou recrutés dans des groupes armés », a ajouté M. Equiza. « Nous demandons à toutes les parties de veiller à ce que les civils, en particulier les enfants et les femmes, soient protégés et tenus à l’écart du danger, conformément au droit international relatif aux droits de l’homme et au droit humanitaire. »
Dans les semaines qui ont précédé les dernières violences, l’UNICEF avait renforcé son pré-positionnement de fournitures de secours d’urgence à Bossangoa, Bouar, Kaga Bandoro, Bambari et Bangassou, et maintenu une présence pleinement opérationnelle dans ses cinq bureaux – Bangui, Bambari, Bouar, Bossangoa et Kaga Bandoro. Les 2 et 3 janvier, par le biais du Mécanisme de Réponse Rapide (RRM), l’UNICEF a procédé à une distribution d’urgence de nourriture, d’eau et de fournitures sanitaires à environ 10 000 personnes, dont 6 200 enfants dans la ville de Dekoa, fortement touchée par les combats, à 260 kilomètres au nord de Bangui, la capitale.
À Bangassou, l’UNICEF et ses partenaires ont fourni des équipements d’eau et d’assainissement pour la première intervention, ont facilité l’accès à l’eau sur le principal site de déplacement et se préparent à distribuer des articles essentiels lorsque la situation sécuritaire le permettra. À Bangui, l’UNICEF et ses partenaires ont facilité l’accès à l’eau et la construction de latrines dans un site de déplacement temporaire. À Bouar, l’UNICEF a fourni 2,6 tonnes d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi et de lait thérapeutique pour le traitement des enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère et, en coordination avec l’OMS et MSF, a envoyé des kits de médicaments à l’hôpital de la ville et à trois centres de santé, pour couvrir les besoins de 3 000 personnes pendant un mois.
L’UNICEF continue à travailler avec ses partenaires pour apporter un soutien aux enfants, aux familles et aux communautés dans les zones touchées par l’insécurité.
La crise humanitaire en RCA reste l’une des plus importantes au monde, en termes de ratio du nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire par rapport à la population totale. En 2020, l’appel d’urgence de l’UNICEF n’était financé qu’à 49 pour cent, avec des déficits de financement critiques dans les domaines de la santé et du VIH, de la protection des enfants, ainsi que de l’eau et de l’assainissement.[5] L’UNICEF a lancé un appel de 75,7 millions de dollars US pour répondre aux besoins d’urgence en RCA en 2021, y compris à l’épidémie de COVID-19 en cours. À ce jour, l’appel est financé à 21 pour cent.
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Pour de plus amples informations, veuillez prendre contact avec :
Giovanni Zambello, Chef de la Communication, UNICEF RCA, gzambello@unicef.org
Sandra Bisin, Cheffe de la Communication de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, sbisin@unicef.org
[1] Il s’agit de Bossangoa, Bossembele, Yaloke, Boali, Mbaiki, Boda, Beloko, Dekoa et Bouar à l’Ouest, et Bambari, Grimari, Bakouma et Bangassou à l’Est. Des affrontements ont également eu lieu à Bouca. Le 13 janvier, des éléments armés ont lancé des attaques coordonnées à la périphérie de la capitale Bangui, qui ont été repoussées ;
[2] Communiqué de presse du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 20 janvier 2021 ;
[3] 4.980 cas cumulés confirmés depuis le 14 mars 2020, dont 4.908 patients guéris et 63 décès (au 20 janvier 2021). Source : Ministère de la Santé de la RCA ;
[4] Sur la base d’une analyse comparative des données administratives de vaccination du Ministère de la Santé de la RCA, les données de vaccination pour les huit premiers mois de 2019 et 2020 montrent une diminution de 11 % des enfants vaccinés avec le penta3 et de 6 % des femmes enceintes ayant reçu au moins deux doses de vaccin antitétanique ;