Bangui, République centrafricaine, 04 juillet 2020 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Il s’appelle Paulin Odjo, alias Bozozo dit saboteur. Il est lieutenant de la police nationale détaché au commissariat du cinquième arrondissement de Bangui. Interpellé au quartier Fouh ce vendredi dans la soirée, l’homme est actuellement incarcéré à la brigade de l’Office Central de la Répression du banditisme (OCRB). Une enquête administrative a été ouverte, et l’homme pourrait faire face à des sanctions disciplinaires qui peuvent aller jusqu’à sa radiation dans le corps de la police nationale.
Vendredi 03 juillet 2020, aux environs de 16 heures, au quartier Fouh, dans le quatrième arrondissement de Bangui, une intervention musclée des agents de la police nationale avait tourné au soulèvement populaire spontané des habitants dudit quartier qui ont immobilisé durant près d’une heure un véhicule d’intervention de la police.
Du contrat des travaux non exécutés aux chasses à l’homme
En effet, selon les premiers éléments d’informations recoupés sur le lieu de la scène, monsieur Paulin Odjo, lieutenant de la police détaché au commissariat du cinquième arrondissement comme commandant d’unité, aurait contacté un jeune de son quartier dénommé Charles Doui pour des petits travaux à son domicile du quartier Fouh. Suite à leur entretien, il lui a remis une somme de 3000 francs CFA. Or, ce que le commandant Odjo ne savait pas, le jeune Charles travaille encore sur un chantier au quartier PK10, et il doit nécessairement le finir avant de démarrer celui du domicile du commandant. Ainsi, plusieurs jours sont passés, et le jeune Charles n’a pas fait de signes de sa présence au commandant Paulin Odjo qui décide finalement de mettre la main sur lui.
De la chasse à l’homme à la violence policière
Durant plusieurs jours, le lieutenant Odjo s’active jour et nuit pour rechercher le jeune Doui partout, mais il est introuvable. D’ailleurs, dans sa recherche, ce mercredi 02 juillet, il s’est trompé du domicile du suspect pour pénétrer avec ses éléments de la police chez un colonel des eaux et forêts vers 4 heures du matin au quartier Fouh. Or, ce vendredi 3 juillet, alors que le commandant se trouvait encore au bureau au commissariat du cinquième arrondissement, son épouse, de passage, avait repéré le jeune Charles Doui dans un débit de boisson de traite non loin du domicile de maître Nicolas Tiangaye au quartier Fouh. Aussitôt, elle signale à son mari Odjo qui n’hésite pas à débarquer avec ses éléments de polices sur le lieu indiqué. Plusieurs clients ont été plaqués au sol, mais le jeune Charles n’était pas parmi eux. Il se trouvait dans un petit coin bien caché. Avec insistance des autres, il s’est finalement présenté au lieutenant Odjo qui l’a immédiatement menotté et plaqué au sol.
De la violence policière au soulèvement populaire
Aussitôt que le jeune Charles est menotté et plaqué au sol, le commandant Paulin Odjo aurait ordonné à ses éléments de le tabasser copieusement malgré la présence d’une foule des badauds qui n’hésitait pas à intervenir pour calmer les policiers. Personne ne savait pourquoi il subissait un tel traitement public, mais il était grièvement blessé. Au moment de son transfert au commissariat, la foule s’interpose et bloque le passage du véhicule de la police. Durant près d’une heure, la foule maintient sa position et ordonne l’arrestation du lieutenant Paulin Odjo.
Le ministre de l’intérieur, informé de la nouvelle, a dépêché sur place une équipe d’intervention de la police qui a procédé à l’arrestation du lieutenant Odjo qui est actuellement en garde à vue à l’OCRB.
Sanction disciplinaire ou radiation ?
Après son arrestation, le lieutenant Paulin Odjo pourrait faire face à des sanctions disciplinaires qui pourraient aller jusqu’à sa radiation dans le corps de la police nationale.
Pendant ce temps, le jeune Charles Doui, victime de cette violence policière, il a été transféré à l’hôpital communautaire. Grâce au soutien du commissaire du cinquième arrondissement, des frais médicaux et d’intervention ont été pris en charge rapidement.
Il faut souligner au passage le courage de certains jeunes du quartier Fouh, particulièrement au comédien Gbavini. Grâce à eux, le lieutenant Paulin Odjo et ses éléments n’ont pas été lynchés par la foule qui était plus agressive.
Anselme Mbata
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