RCA : Tension entre les populations de Bouar et les ex-combattants démobilisés de 3R.

Publié le 25 janvier 2020 , 7:28
Mis à jour le: 25 janvier 2020 7:28 pm
Ville de Bouar (nord-ouest de la République centrafricaine. Crédit photo : Gervais Linga / CNC.
Ville de Bouar (nord-ouest de la République centrafricaine. Crédit photo : Gervais Linga / CNC.

 

 

Bouar (République centrafricaine) – Soupçonnés d’avoir commis de nombreux actes de braquage dans les différents arrondissements de la capitale de la Nana-Mambéré, les ex-combattants démobilisés de 3R (Retour, Réclamation, Réhabilitation) sont désormais dans le viseur des jeunes qui menacent de les chasser hors de la ville si les autorités locales ne prennent pas leur responsabilité pour assurer la sécurité de leurs concitoyens.

 

En effet, dans la nuit du mercredi à jeudi 23 janvier, au quartier Haoussa de Bouar, une tentative de braquage d’une famille avait tourné à l’agression au couteau.

La victime, qui avait appelé en vain ses voisins au secours, tentait malgré tout de neutraliser l’un de ses agresseurs. Celui-ci a pu s’échapper, laissant derrière lui ses chaussures.

Interrogée le lendemain à la gendarmerie après avoir déposé une plainte contre X pour tentative de vol et agression au couteau, la victime aurait confirmé aux enquêteurs que ses agresseurs seraient des ex-combattants de 3R qu’elle a pu identifier l’un d’eux.

Selon une source proche du dossier à la gendarmerie, dans la même nuit du mercredi à jeudi, les mêmes suspects auraient tenté en vain de pénétrer par effraction aux domiciles d’une autre famille au quartier Haoussa. Et toutes parlent des ex-combattants qui sont nombreux dans leur secteur.

Pour certains jeunes de Bouar, il ne fait aucun doute, ce sont bel et bien les ex-3R qui seraient les présumés auteurs de ses deux tentatives de braquage au quartier Haoussa. D’ailleurs, selon eux, ces ex-3R n’ont pas à leur premier coup. Ils les soupçonnent même d’être à l’origine de la mort suspecte de l’ex-combattante retrouvée morte dans un puits d’eau le lundi 20 janvier alors qu’elle sortait avec sa sœur la veille pour se rafraîchir dans une buvette locale. Les premiers éléments d’enquêtes de la gendarmerie montrent qu’elle avait été tuée avant d’être jetée dans ce puits d’eau. Des fouilles au fond de ce fameux puits n’ont pas permis de retrouver ses chaussures, son sous-vêtement, encore moins son porte-monnaie et d’autres objets lui appartenant.

En conséquence, des voix se lèvent de plus en plus dans la ville pour demander de l’aide aux autorités locales afin de sécuriser les paisibles citoyens qui n’ont rien demander que la paix rien que la paix. À défaut, selon un groupe des jeunes, des mesures seront prises pour bouter hors de Bouar les ex-3R soupçonnés des nombreux actes de braquage dans les différents arrondissements de Bouar.

Pour rappel, des dizaines des combattants rebelles de 3R ont été démobilisés à Koui, mais aussi dans certaines de ses communes, puis ramenés à Bouar pour les formations militaires de l’USMS (Unité spéciale mixte de sécurité) pour les uns, et des formations à l’emploi pour les autres.

Mais les ex-3R ne sont pas les seuls bénéficiaires de ce programme, d’autres ex-combattants les sont aussi, en l’occurrence ceux de la milice Anti-Balaka, des deux factions de RJ (Révolution justice) et du Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) d’Abdoulaye Miskine. Ces ex-combattants sont tous regroupés à Bouar qui devient, par force de chose, un lieu de concentration des ex-professionnels des armes. Ceci dit, une moindre erreur pourrait dégénérer à un conflit meurtrier dans la ville.

 

 

Gervais Lenga

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