RCA : quand les nouveaux policiers et gendarmes en manque de repère sur le terrain. Réportage CNC.

Publié le 20 février 2019 , 8:49
Mis à jour le: 20 février 2019 8:49 pm
Véhicule d’intervention de la police nationale. Bangui, Corbeaunews.

 

Bangui (CNC) – Si le Philosophe Jean-Jacques Rousseau, dans sa présentation de la vision de l’humanité disait que « l’homme naît bon, c’est la société qui le corrompt », ceci, sans polémique, est pratiquement vérifié à tous les niveaux de la vie humaine. Les nouveaux policiers et gendarmes, qui viennent de commencer leur stage il y’a environ trois mois, apprennent malheureusement à leurs dépens la réalité de ce qui se passe quotidiennement sur le terrain. Depuis près de trois mois, une de nos équipes suivait discrètement les activités de ces derniers dans les brigades, commissariats et dans les rues de Bangui afin que les Centrafricains comprennent dans quelles conditions on forme nos agents de forces de l’ordre, chargés de l’application stricte de la loi du pays.Reportage exclusif.

 

Brigade de la gendarmerie du PK12, une tentative d’arrestation d’un suspect tourne au fiasco…

 

Il est midi , un lundi de décembre 2018 sur le bureau du Commandant de brigade, une plainte dans laquelle le suspect n’a pas répondu aux convocations de la gendarmerie plusieurs fois. La décision est prise, il faut l’arrêter à son domicile. Une équipe de 4 gendarmes est mise en place dans laquelle se trouve Évrard, notre gendarme stagiaire.

Le lendemain vers 2h du matin, l’équipe débarque au domicile du suspect situé au PK15 route de Boali.

Arrivé sur place, le gendarme stagiaire, chargé de frapper la porte du suspect, insiste fortement pour que celui-ci sorte de sa maison.

Se trouvant à l’intérieur, le suspect crie à haute voix :

«  Mais qui dérange les gens à cette heure-ci ? »

Évrard, lestagiaire gendarme répond :

« C’est la gendarmerie, vous avez une plainte contre vous… »

Le suspect, visiblement tranquille, répond aux gendarmes :

« Qui est ce gendarme qui vient chez les gens à 2 heures du matin ? »

D’ici là, notre gendarme stagiaire a compris que le suspect pourrait avoir raison, car on leur a appris à l’école qu’il ne faut pas procéder à l’arrestation d’un suspect avant 5 heures du matin s’il ne constitue pas un danger imminent pour la société.

Les gendarmes, sur proposition du stagiaire Évrard, préfèrent attendre 5 heures pour procéder à l’arrestation du suspect.

Ce qui a été fait finalement, mais malheureusement celui-ci s’est évadé en sautant du pick-up de la gendarmerie au moment de son transfèrement à la brigade. Un choc supplémentaire pour le stagiaire qui apprend finalement beaucoup des choses pour sa première opération d’arrestation dans la gendarmerie.

 

Circulation routière, une policière stagiaire à la manœuvre…

 

Chantale, une policière stagiaire fraîchement sortie de l’école de la police nationale, est affectée à la direction de la circulation routière, particulièrement convoitée par les agents de police.

Un jeudi matin, avec son brigadier-chef, ils sont déployés dans les rues de Bangui dans l’objectif de veiller au respect du code de la sécurité routière.

Cependant, un véhicule, visiblement en état d’infraction, est arrêté par Chantale qui est désignée ce jour comme l’agente d’interpellation.

En demandant les papiers du véhicule au conducteur, celui-ci déclare n’avoir aucune pièce afférente à son véhicule par-devers lui.

Immédiatement, Chantale, notre policière stagiaire appelle son collègue brigadier pour lui exposer le problème.

Engageant des longues discussions avec le conducteur, le brigadier semble ne pas lâcher l’affaire.

Chantale, qui ne comprend rien du comportement de son collègue, demande en vain à celui-ci de faire conduire le véhicule à la direction.

Pour lui faire comprendre que c’est le terrain qui commande, le brigadier répond à Chantale :

« Tu ne veux pas laver tes habits ? »

En langage policier, on veut dire par là qu’elle ne veut pas rentrer à la maison avec quelques pièces de monnaie dans sa poche ?

Chantale, qui n’a toujours pas saisi le sens du propos de son collègue, a finalement compris à la fin que c’est le terrain qui commande.

Le brigadier, qui arrive à se mettre d’accord avec le conducteur fautif, récupère 2000 francs CFA qu’il a remis la moitié à Chantale pour sa première sortie sur la route.

Lors de notre reportage, nous avons enregistré plusieurs cas de ce type dans les commissariats, brigade…, mais l’essentiel est de vous montrer comment les choses se passent sur le terrain avec les policiers et gendarmes stagiaires.

 

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