RCA : Menaces de sanctions contre l’exploitation chinoise, silence sur Wagner et les Rwandais

Publié le 31 mars 2024 , 5:07
Mis à jour le: 31 mars 2024 11:34 am

Menaces de sanctions contre l’exploitation chinoise, silence sur Wagner et les Rwandais

 

Des camions sur le site minier chinois de Gaga, dans l'Ombella-Mpoko
Des camions sur le site minier chinois de Gaga, dans l’Ombella-Mpoko

 

 

Bangui, 02 avril 2024 (CNC)

 Sur fond de gestion contestée du secteur minier, le ministre des Mines cible les opérateurs chinois en les menaçant de sanctions, tout en gardant le silence sur les activités minières du groupe russe Wagner et des Rwandais.

 

La prise de position du ministre centrafricain des Mines, pointant du doigt les opérateurs chinois pour leurs pratiques d’exploitation et d’exportation non déclarées, a provoqué une onde de choc dans l’ensemble du secteur minier. Bien qu’il s’agisse d’un premier pas vers plus de transparence et de réglementation, un examen plus approfondi révèle une réalité plus nuancée et potentiellement problématique. En se concentrant exclusivement sur les acteurs chinois, tout en omettant d’en mentionner d’autres, comme les Russes et les Rwandais, également engagés dans l’exploitation minière sans supervision adéquate, le ministre a ouvert la porte à des accusations de sélectivité et d’ambiguïté dans son approche.

 

Déclarations controversées du ministre Beltoungou :

 

Lundi dernier, dans une déclaration, M. Ruffin Beltoungou, ministre centrafricain des Mines, a souligné l’importance de l’application du code minier par les sociétés minières chinoises opérant dans le pays. Il les a mis en garde :

 

« Nous avons remarqué qu’il y a certaines entreprises chinoises ici qui existent depuis plusieurs mois, depuis plusieurs années, mais nous ne les voyons pas au ‘bec d’or’. Le « bec d’or » désigne le bureau d’évaluation et d’expertise de l’or et du diamant. Mais nous ne les voyons jamais venir au « bec d’or » pour déclarer leur production et leur exportation.

 

Le ministre a également souligné l’importance du recrutement local dans le secteur, déclarant :

« Nous avons également attiré leur attention sur la question de l’emploi des Centrafricains. Et même le Code minier prévoit le recrutement de Centrafricains en priorité à compétences égales entre Centrafricains et expatriés. Il est clair qu’à l’intérieur de cette structure, on trouve plus de sujets chinois et d’autres sujets étrangers. Le message a été délivré, et nous osons espérer que les choses reviendront à la normale maintenant ».

 

Une sélection contestée

 

La décision du ministre Beltoungou de ne cibler que les opérateurs chinois, malgré la présence massive et notable d’autres acteurs étrangers tels que les Russes et les Rwandais opérant en toute impunité, soulève des inquiétudes quant à la cohérence de l’approche du gouvernement en matière de réglementation minière. Cette sélectivité pourrait être perçue comme une tentative de détourner l’attention du problème global, ou pire, comme une manœuvre politiquement motivée.

 

Témoignages du terrain

 

Un opérateur minier centrafricain confie : « Pourquoi seulement les Chinois ? Les Russes et les Rwandais sont aussi là, et personne ne parle d’eux ».

 

Un membre de la société civile déclare : « Cette déclaration est un écran de fumée. Pour une véritable transparence, tout le monde doit être sur un pied d’égalité ».

 

Un expert centrafricain en droit minier analyse : « La spécificité de l’accusation soulève des questions juridiques. Sans une application égale de la loi, comment peut-on parler de justice « ?

 

Une ambiguïté troublante

 

L’ambiguïté de la déclaration du ministre, qui vise un groupe tout en épargnant d’autres, potentiellement tout aussi coupables d’infractions similaires, met en évidence les défis complexes auxquels est confronté le secteur minier en RCA. Cette approche sélective risque non seulement de saper la crédibilité des efforts de réforme, mais aussi de créer un environnement où l’impunité continue de prospérer sous couvert de partialité.

 

Vers une réforme globale ?

 

Le chemin vers une véritable transparence et une réglementation équitable dans le secteur minier est semé d’embûches, en particulier lorsque les premières étapes semblent favoriser une approche sélective. Pour rectifier le tir, selon des témoignages recueillis, il est impératif que le gouvernement adopte une position intransigeante vis-à-vis de tous les acteurs étrangers et locaux qui exploitent les ressources minérales de la RCA, sans exception. Une législation claire, une application stricte et une volonté politique inébranlable sont les pierres angulaires d’une réforme réussie.

 

La déclaration du ministre des Mines soulève des questions cruciales sur la voie à suivre pour la République centrafricaine. L’accent particulier mis sur les exploitants chinois par le ministre des Mines, tout en omettant de critiquer d’autres acteurs également impliqués dans des pratiques d’exploitation douteuses, met en évidence une approche potentiellement problématique dans la lutte pour une gestion plus transparente et équitable des ressources minières de la RCA. Une telle sélectivité et une telle ambiguïté non seulement sapent les efforts de réforme, mais invitent également à une réflexion plus large sur les motivations et les objectifs sous-jacents de ces déclarations. Pour aller de l’avant, il est indispensable d’adopter une vision plus globale et inclusive, reconnaissant et traitant toutes les sources d’exploitation non réglementée.

 

Par Alain Nzilo

 

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