RCA : les dessous de la libération manu-militaro du ministre Hassan Bouba de prison  

Publié le 8 décembre 2021 , 8:00
Mis à jour le: 8 décembre 2021 11:46 pm

 

Bangui, 9 décembre 2021 (Corbeaunews – Centrafrique ) – Inculpé pour crime contre l’humanité et crime de guerre par la Cour pénale spéciale, le ministre de l’Élevage Hassan Bouba a été incarcéré le 19 novembre 2021 à la prison de camp de Roux à Bangui. Mais une semaine plus tard, c’est-à-dire le 26 novembre, il a été libéré manu militari par les éléments de la garde présidentielle appuyés par les mercenaires russes et les gendarmes  centrafricains. Mais depuis cette date, Bangui n’en finit pas de résonner des conséquences de cette fâcheuse libération extrajudiciaire.  Plusieurs compatriotes centrafricains se sont posé des questions sur la réelle motivation du gouvernement à vouloir exfiltrer ce présumé criminel de la main de justice. Notre équipe s’est penchée sur le dossier. Décryptage.

Le ministre de l'Élevage Hassan Bouba Ali assis dans le rang des ministres dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale copyright CNC
Le ministre de lélevage et de la santé animale Ali Hassan Bouba dans l’hémicycle de l’assemblée nationale. Photo CNC

 

Hassan Bouba, un homme d’affaire clé pour Wagner

 

D’origine tchadienne, le chef de guerre Hassan Bouba vivait depuis 2010 sous l’ombre de l’ancien chef rebelle tchadien Baba Laddé dont il avait intégré sa rébellion, le Front populaire pour le redressement (FPR).  Après la chute de ce dernier, Hassan Bouba se fait vite une place dans la toute nouvelle milice à majorité peule, l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC), née en 2015 d’une scission avec les autres mouvements de la coalition Séléka, et dirigée par l’ancien bras droit de Baba Laddé, le Tchado-Nigérian Ali Darassa. Mais en 2019, l’homme s’est rapproché du groupe Wagner et devient très vite son allié clé dans le commerce des ivoires, des cornes de rhinocéros, mais aussi  de commerce des bœufs. Il a même négocié l’installation d’un abattoir avec un système de climatisation moderne à Bokolobo, situé à une soixantaine de kilomètres de Bambari.

Cependant, avec la couverture de Wagner, l’homme était derrière de nombreux actes de braquages des éleveurs dans la région d’Ouaka, de Basse-Kotto et de Mbomou. Avec la société Wagner, Hassan Bouba devient de facto incontournable dans le système d’exploitation de nos ressources par la société russe Wagner.

Et ce n’est pas fini pour autant. Son entrée au gouvernement avait été négociée par les Russes qui sont soupçonnés d’avoir empoisonné en août 2020 l’ancien ministre de l’Élevage Soulemane Daouda afin de placer leur antenne Hassan Bouba sur ce ministère.

 

Hassan Bouba, un agent-espion

Homme clé des renseignements tchadiens au sein du pouvoir de Bangui,  le ministre Hassan Bouba fait très vite une place auprès du chef de l’État centrafricain Faustin Archange Touadera. L’homme joue double jeu entre le Tchad et la Centrafrique. Il fournit non seulement des informations classées confidentielles pour le compte de service des renseignements tchadiens, mais ravitaille aussi le service de renseignement centrafricain avec des informations clés.

Pour le chef de l’État et ses alliés russes, Hassan Bouba est incontournable dans leur stratégie de lutte contre les groupes armés. C’est grâce à lui que le pouvoir de Bangui dispose des renseignements soi-disant exacts sur les activités des principaux chefs de la coalition des patriotes pour le changement à Ndjamena. C’est aussi grâce à lui que le service de renseignement centrafricain avait déclaré en novembre qu’une colonne des véhicules militaires tchadiens était en route pour la Centrafrique.

Pour la société Wagner et le chef de l’État, l’arrestation du ministre Hassan Bouba est une perte stratégique énorme pour le gouvernement centrafricain en matière de renseignements, sans compter les répercussions judiciaires sur le personnel politique si le ministre en était venu à parler.

Affaire à suivre

 

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