Passeports bloqués, prise de fonction gelée : le casse-tête des Attachés militaires centrafricains récemment nommés
Une affaire de favoritisme et de blocage administratif agite le ministère des Affaires étrangères centrafricain. La ministre Sylvie Baïpo-Temon est accusée de privilégier sa famille au détriment d’assistants militaires nommés à l’étranger.
Bangui, 09 septembre 2024.
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
Des nominations des Attachés militaires centrafricains en suspens.
Plusieurs assistants des attachés de défense, nommés par arrêté du ministère de la Défense pour servir dans les ambassades centrafricaines à l’étranger, se retrouvent dans l’impossibilité de rejoindre leurs postes. La raison ? Le refus du ministère des Affaires étrangères de leur délivrer les passeports diplomatiques nécessaires.
“Nous sommes bloqués ici à Bangui depuis des semaines”, confie sous couvert d’anonymat un officier concerné. “Nos nominations sont officielles, mais sans passeport diplomatique, nous ne pouvons pas partir. C’est incompréhensible et frustrant”.
Cette situation ubuesque paralyse une partie de l’appareil diplomatique militaire centrafricain, alors même que le pays cherche à renforcer sa présence sur la scène internationale.
Accusations de népotisme contre la ministre par certains Attachés militaires centrafricains .
Le blocage administratif prend une tournure plus polémique encore lorsqu’on examine le cas d’Anne Dambinza, sœur de la ministre Baïpo-Temon. Cette dernière a récemment obtenu un poste de conseillère économique aux États-Unis, bénéficiant rapidement de tous les documents nécessaires à son départ.
“La ministre a fait délivrer des passeports diplomatiques à sa sœur et à toute sa famille pour leur installation aux États-Unis”, affirme une source proche du dossier. “Pendant ce temps, nous, les nouveaux Attachés militaires centrafricains nommés officiellement, sommes dans l’impasse. C’est un deux poids, deux mesures flagrant”.
Ces accusations de favoritisme familial projettent une ombre sur la gestion du ministère et pose énormément des questions sur l’équité dans l’attribution des postes diplomatiques.
Une possible vendetta personnelle ?
Certaines sources au sein du ministère avancent une explication plus personnelle à ce blocage des Attachés militaires centrafricains. Il serait lié à l’échec d’un frère de la ministre lors d’une formation militaire à l’étranger.
“Le frère de Mme Baïpo-Temon, un officier de gendarmerie, a été radié après avoir échoué à un stage militaire dans un pays allié”, explique un haut fonctionnaire sous couvert d’anonymat. “Depuis, la ministre semble avoir une dent contre les militaires en général, mais aussi contre le ministre de la défense. Elle se vengerait sur nous à cause de cet incident familial”.
Si ces allégations se confirment, elles révèleraient un mélange dangereux entre affaires personnelles et gestion des affaires de l’État.
Le silence du ministère alimente la polémique.
Face à ces accusations graves, le mutisme du ministère des Affaires étrangères ne fait qu’amplifier la controverse. Malgré nos sollicitations répétées, aucun commentaire officiel n’a été obtenu pour clarifier la situation.
Ce silence est interprété par certains comme un aveu tacite. “Si tout était en règle, pourquoi ne pas s’expliquer publiquement sur l’affaire des Attachés militaires centrafricains ?”, s’interroge un diplomate de carrière. “Ce mutisme ne fait que renforcer les soupçons”.
Les Attachés militaires centrafricains appellent à l’arbitrage présidentiel.
Les Attachés militaires centrafricains lésés en appellent désormais à l’intervention du plus haut niveau de l’État. Ils demandent l’arbitrage du ministre de la Défense et du président Baba Kongoboro lui-même.
“Le chef de l’État doit intervenir pour débloquer cette situation qui nuit à notre diplomatie”, estime un officier supérieur. “Il en va de la crédibilité de notre politique étrangère et de l’image de la Centrafrique à l’international”.
L’affaire prend une dimension politique inquiétante. Certains Attachés militaires centrafricains accusent la ministre Baïpo-Temon de “saboter la politique diplomatique du président Kongoboro “ en bloquant ces nominations militaires stratégiques.
Le colonel Banga Békoi, chargé de mission à la Défense, est également pointé du doigt. Certains l’accusent de “faire le jeu” de la ministre Baïpo-Temon au lieu de défendre les intérêts des personnels militaires auprès du ministère des Affaires étrangères.
Alors que la Centrafrique tente de consolider sa place sur l’échiquier diplomatique africain et international, cette crise interne tombe au plus mal. Elle révèle les divisions et les luttes d’influence qui persistent au sein de l’appareil d’État.
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