Le Poutinisme, un poison pour l’Afrique selon Adrien Poussou

Le Poutinisme, un poison pour l’Afrique selon Adrien Poussou

 

adrien georges poussou
L’ancien ministre adrien georges poussou. CopyrightDR

 

 

Bangui, CNC. Dans son dernier ouvrage intitulé “L’Afrique n’a pas besoin de Poutine”, l’ancien ministre centrafricain Adrien Poussou dénonce l’influence grandissante de la Russie sur le continent. Un point de vue qui provoque un débat sur le sol africain.

 

Une présence russe croissante en Afrique.

 

Depuis quelques années, la Russie multiplie les initiatives pour renforcer sa présence en Afrique. Sommets Russie-Afrique, accords militaires, envoi de mercenaires… Moscou déploie une stratégie tous azimuts pour s’implanter sur le continent.

 

Une politique qui porte ses fruits dans certains pays comme le Niger, le Mali, la Centrafrique ou le Burkina Faso. Ces États se sont rapprochés de la Russie, au détriment de leurs partenaires occidentaux traditionnels.

 

Pour Adrien Poussou, cette influence croissante du “poutinisme” représente un danger pour l’Afrique. L’ancien ministre centrafricain s’en explique dans son livre paru aux éditions L’Harmattan.

 

Le Poutinisme, un partenariat déséquilibré selon l’auteur.

 

D’après Adrien Poussou, le rapprochement avec la Russie ne profite pas réellement aux pays africains : Poutine nous utilise comme des marionnettes pour ses propres intérêts géopolitiques. Nous ne devons pas continuer dans cette logique”.

 

L’auteur pointe notamment du doigt l’action du groupe Wagner, accusé d’exactions dans plusieurs pays  africains: “Ce sont des mercenaires payés. Cet argent pourrait servir à renforcer nos propres armées”.

 

Pour lui, la Russie n’apporte pas de réelles solutions aux problèmes du continent : “A-t-elle construit une seule école en Afrique depuis les indépendances ?”, s’interroge-t-il.

 

Un appel à l’indépendance africaine.

 

Face à cette situation, Adrien Poussou prône une plus grande indépendance des pays africains : “Il nous appartient de choisir nos partenaires en fonction de nos priorités, pas en épousant les visées de Poutine ou d’autres puissances”.

 

L’ancien ministre plaide pour un renforcement de la coopération entre pays africains, notamment dans le domaine militaire : “Nous avons des puissances sur le continent comme le Tchad, l’Angola, l’Afrique du Sud ou le Rwanda. Pourquoi ne pas faire appel à elles ?”

 

Il appelle également à une refonte des relations avec les partenaires traditionnels comme la France : “Il faut revoir le logiciel des rapports avec le continent africain. Le monde a changé, les enjeux ont évolué”.

 

Des critiques qui font débat sur le Poutinisme.

 

Les positions d’Adrien Poussou ne font pas l’unanimité. Certains lui reprochent de tenir un discours pro-occidental et de minimiser les aspects positifs de la coopération russo-africaine.

 

“La Russie nous aide à lutter contre le terrorisme là où l’Occident a échoué”, argumente un observateur malien. Poutine respecte notre souveraineté, contrairement à la France”, ajoute un autre commentateur.

 

D’autres saluent au contraire la lucidité de l’auteur. “Il a raison de nous mettre en garde contre une nouvelle forme de dépendance”, estime un universitaire sénégalais.

 

Le débat reste vif sur les réseaux sociaux africains, où s’affrontent pro et anti-Poutine. Signe que la question de l’influence russe continue de diviser l’opinion publique sur le continent.

 

Vers un nouveau positionnement africain ?

 

Au-delà de la controverse, l’ouvrage d’Adrien Poussou pose la question du positionnement de l’Afrique sur la scène internationale. Faut-il choisir un camp entre Occident et Russie ? Ou au contraire diversifier les partenariats ?

 

Pour l’auteur, la priorité est claire : “Nous devons nous appuyer sur nous-mêmes plutôt que sur les autres. L’urgence est de constituer un État fédéral panafricain.”

 

Une vision ambitieuse, qui peine encore à se concrétiser malgré les tentatives d’intégration régionale. Les divergences entre pays africains restent nombreuses, comme l’illustrent les tensions actuelles au Sahel.

 

La multiplication des acteurs extérieurs sur le continent (Chine, Turquie, pays du Golfe…) complique également la donne. L’Afrique parviendra-t-elle à parler d’une seule voix face à ses partenaires ?

 

C’est tout l’enjeu des prochaines années. En attendant, le débat lancé par Adrien Poussou montre que la réflexion sur la place de l’Afrique dans le monde reste plus que jamais d’actualité.

 

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