vendredi, décembre 6, 2024
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Les Provinces centrafricaines : Dans l’enfer d’un État fantôme où règnent milices et mercenaires

Les Provinces centrafricaines : Dans l’enfer d’un État fantôme où règnent milices et mercenaires

 

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Des mercenaires russes à Bria. CopyrightaCNC

 

Bangui, CNC. Au cœur de la région d’Afrique centrale, une tragédie silencieuse se joue loin des regards. Les Provinces centrafricaines, abandonnées par un régime Touadéra obsédé par sa survie politique, s’enfoncent dans un chaos meurtrier alimenté par des mercenaires russes et leurs supplétifs russes noirs. Cette désertion programmée de l’État transforme des régions entières en zones de non-droit, où la violence est devenue le seul mode de gouvernance.

 

Les Provinces centrafricaines , un vide étatique mortifère

 

“Plus rien ne fonctionne ici. Même signaler un crime est devenu impossible“, confie un jeune père de famille de Nzacko, illustrant l’effondrement total des services publics. Dans un territoire aussi vaste que la France et la Belgique réunies, seuls trois tribunaux d’instance tentent encore de maintenir un semblant de justice. Les fonctionnaires, quand ils daignent quitter Bangui, se transforment souvent en prédateurs d’une population déjà exsangue.

 

Le règne de la terreur organisée dans les Provinces centrafricaines

 

La stratégie du pouvoir révèle un cynisme glaçant : les Provinces centrafricaines  sont livrées à des milices “supplétives”, surnommées “Russes noirs” par la population terrorisée. Ces groupes, constitués d’anciens anti-balaka recyclés et armés par Wagner, imposent un régime de terreur systématique.

“Ils arrivent dans les villages, confisquent les téléphones pour effacer toute trace de leurs exactions, puis font régner leur loi”, témoigne un humanitaire sous couvert d’anonymat. Ces criminels copient leurs maîtres du groupe Wagner.

 

Une catastrophe humanitaire sans précédent dans les Provinces centrafricaines

 

Les chiffres sont accablants : des centaines de milliers de déplacés s’entassent dans des camps de fortune dans les Provinces centrafricaines, fuyant les exactions. Les organisations humanitaires internationales, qui font face à des menaces croissantes, se retirent progressivement, laissant les Provinces centrafricaines à des ONG locales plus vulnérables aux pressions. Dans certaines régions, le taux de malnutrition atteint des niveaux catastrophiques.

 

La militarisation absurde du territoire

 

Le régime poursuit une politique de militarisation aussi coûteuse qu’inefficace. De jeunes recrues des FACA, à peine formées trois semaines, sont envoyées tenir des positions dans des villages “reconquis”. Sans solde régulière ni logistique, ces soldats improvisés deviennent rapidement de nouveaux prédateurs pour les populations locales.

 

Une économie étranglée

 

Les Provinces centrafricaines  étouffent sous le poids des rackets institutionnalisés. Les barrages routiers se multiplient, transformant chaque déplacement en parcours du combattant.

“Pour transporter nos marchandises sur 100 kilomètres, nous devons payer à cinq ou six barrages différents”, explique un commerçant de Bocaranga. Le commerce local s’effondre pendant que les ressources minières sont méthodiquement pillées par Wagner et ses alliés locaux.

 

La désintégration du tissu social

 

Plus inquiétant encore, le tissu social traditionnel se délite. Les conflits intercommunautaires, attisés par le pouvoir, transforment des communautés jadis paisibles en ennemis mortels, exactement comme à Zémio, Rafaï ou Bambouti. Les chefs traditionnels sont soit cooptés par le régime, soit éliminés, détruisant des siècles de régulation sociale traditionnelle.

 

Un black-out informationnel total

 

Le contrôle de l’information devient absolu. Les journalistes sont interdits d’accès dans de nombreuses zones. Les rares témoignages qui filtrent décrivent des scènes dignes des heures les plus sombres du continent : villages rasés, populations déplacées de force, exploitation minière sauvage sous la surveillance de mercenaires du groupe Wagner comme à Ndachima.

 

L’éducation et la santé sacrifiées

 

Le système éducatif et sanitaire, déjà exsangue, s’effondre totalement.

“Nos enfants grandissent sans avoir jamais vu une salle de classe”, témoigne une mère de Bria. Les centres de santé, quand ils existent encore, fonctionnent sans médicaments ni personnel qualifié. Des maladies qu’on croyait éradiquées réapparaissent.

 

Un modèle de prédation moderne

 

Cette tragédie provinciale révèle un nouveau modèle de gouvernance par l’abandon, où l’État se désengage totalement tout en maintenant une fiction de souveraineté à Bangui. Les provinces centrafricaines sont devenues le laboratoire d’une forme moderne de prédation territoriale où la violence remplace l’administration.

 

Les conséquences à long terme

 

Cette politique d’abandon organisé aura des répercussions dramatiques pour des générations. Au-delà du drame humanitaire immédiat, c’est toute la cohésion nationale qui est menacée. La RCA risque de devenir le prototype d’un nouvel “État fantôme”, où le pouvoir central abandonne sciemment son territoire aux prédateurs, créant des zones grises propices à toutes les traffics.

 

Les provinces centrafricaines ne sont plus seulement les victimes d’une guerre civile, elles sont devenues le théâtre d’une expérimentation politique mortifère : celle d’un État qui organise sa propre disparition au profit de mercenaires et de milices, transformant des millions de citoyens en population sacrifiée.

 

Par Alain Nzilo

Corbeaunews Centrafrique

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