NON, LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE NE SERA PAS UN AUTRE VENEZUELA !
Édito du Professeur Gaston Mandata N’Guérékata
Quel paradoxe et quelle honte ! Quel gâchis ! La République Centrafricaine, seul pays d’Afrique francophone à disposer d’une langue véhiculaire commune, le Sango, comprise par tous, qui voit ses filles et ses fils abandonner le vivre ensemble pour la division ? Quel gâchis ! La République Centrafricaine, dont les valeurs de sa devise ” Unité – Dignité -Travail ” se sont volatilisées dans le fracas des ambitions personnelles, à genoux, en larmes, humiliée aux yeux du monde entier ? Quelle honte ! La République Centrafricaine, avec tous ses cadres formés dans de grandes écoles à travers le monde, se retrouve dirigée par une clique de médiocres courtisans et aventuriers politiques, irrespectueux des lois, des règles établies et des valeurs de mérite, de compétence et de rigueur. Quel gâchis ! La République Centrafricaine, autrefois appelée la Suisse Africaine, aujourd’hui minée par la violence et menacée de sécession sur ton d’antagonismes religieux alimentés par une pseudo et illégale Constitution taillée sur mesures, une Constitution qui marginalise une frange importante de fils et filles de ce pays. Quelle honte ! La République Centrafricaine, si riche de ses femmes et de ses hommes, de son agriculture, de sa faune et de sa flore, gorgée de ressources naturelles et géologiques, réduite à quémander de l’aide, à tendre la sébile ? Quel paradoxe ! Je ne peux me résoudre ni au gâchis, ni à la honte, pas plus qu’au paradoxe. Mais, ne pas vouloir s’y résoudre, souhaiter reprendre appui sur nos atouts, si nombreux, pour redresser la barre, impose l’examen de conscience. L’introspection, à l’aune de l’héritage de Boganda, père fondateur de la Nation – dont tous se prévalent et qu’aucun ne respecte – qui a vu, avec 65 ans d’avance, que le salut passait par le pardon, la concorde et le respect des règles établies.
Le droit d’inventaire est aujourd’hui un devoir national que chacun, en République Centrafricaine, a l’obligation de conduire avec humilité et courage. La classe politique, les corps constitués, le peuple. Nous tous, qui sommes collectivement responsables de ce naufrage, devons prendre nos responsabilités.
Nous avons tous une part de responsabilité, vis-à-vis de notre peuple, de notre Patrie et de l’Histoire. Et face à cette responsabilité collective et individuelle, nous n’avons pas le droit de nous dérober. Et, paradoxe apparent, mais apparent seulement, c’est cette responsabilité avouée qui va collectivement nous sauver.
Car, étant tous responsables, c’est tous ensemble que nous trouverons les solutions. Comme je l’ai dit plus haut, nous avons des atouts, nombreux, tangibles, à savoir : une langue commune, des pratiques agricoles efficaces quand elles peuvent s’exprimer, une jeunesse ardente, intelligente, des femmes et des hommes qui ont prouvé par le passé qu’ils savaient se mettre autour de la table ou sous l’arbre a palabre, pour dépasser leurs différends, une nature intacte et multiple, ce qui constitue, à l’heure actuelle, une richesse inouïe, un sous-sol précieux que nous n’exploitons même pas, mais que des hordes de mercenaires et voyous importés d’ailleurs, pillent à volonté, avec la complicité de nos dirigeants.
Oui, nous avons des atouts nombreux et tangibles. Mais cela demeure, en l’état actuel des choses, très insuffisant. Ces richesses, avant d’être en capacité de faire du Centrafrique un pays sûr et prospère, se brisent sur trois écueils fondamentaux : l’insécurité, l’enclavement et la mauvaise gouvernance. Aujourd’hui, il n’y a plus d’Etat en Centrafrique, plus de lois, plus d’armée, juste des factions et des milices à la solde du pouvoir qui pillent, dans une routine horrible et mortifère. La communauté internationale tarde à ouvrir les yeux, quand même décillée par l’action résolue de cette ancienne puissance coloniale que de plus en plus de Centrafricains ont coutume de critiquer. Je ne le ferai pas. Au contraire, je remercie la France pour avoir été à nos côtés à des moments difficiles, tout en lui demandant, au regard de ses responsabilités historiques, de réévaluer et réadapter sa politique sur la République centrafricaine, un pays « wagnérisé » et en voie de « venezualisation ».
Mais désormais, quelle que soit l’aide qui pourrait venir de l’extérieur, c’est sur nous, et sur nous seuls qu’il faut compter pour empêcher que la RCA ne devienne un autre Venezuela. J’ai parlé de trois écueils, l’insécurité, l’enclavement et la mauvaise gouvernance. C’est l’autre muraille qui nous empêche d’avancer. Nos ressources, si tant est que nous puissions les exploiter en sécurité, sont condamnées à rester là où elles sont produites ou extraites, faute d’infrastructures de transport – la RCA n’a pas construit un kilomètre de route goudronnée ces dernières années ! – et d’ouverture sur la mer. Les petits aérodromes, qui maillaient autrefois le territoire et permettaient de se déplacer sont à l’abandon. Oui, l’enclavement nous étouffe, la mauvaise gouvernance nous tue à petit feu. Cela n’a pas la violence d’une rafale d’arme automatique mais c’est aussi dangereux et mortifère sur le long terme pour notre nation.
Ce constat accablant est déjà, en soi, un axe triple pour la recherche de solutions. Comment lutter contre l’insécurité, comment ouvrir notre pays pour le connecter à l’économie mondiale et comment mieux gérer la cité ? Voilà les trois grandes questions. Voilà le défi à relever. Il est immense me direz-vous, à tel point que l’on pourrait être tenté de baisser les bras. Il est passionnant vous répondrais-je, pour peu que nous soyons prêts à changer de logiciel de pensée, en puisant dans notre créativité et en retournant aux sources du « Bogandisme » et de nos ancêtres, pour trouver des voies originales et audacieuses de sortie de crise.
Plaçons le pardon et l’audace au cœur de notre réflexion, et avançons ensemble, musulmans, chrétiens et animistes. Levons-nous et brisons la tyrannie. Car la voix de nos ancêtres nous appelle en ces moments de grande détresse. Je l’ai dit à plus d’une occasion : oui, un autre leadership est possible. La République post-Touadéra, une République où chaque citoyen se sent chez lui, en sécurité, respecté, protégé par la loi et une justice qui n’est pas au faciès, et libre de poursuivre ses rêves et ambition.
Mes chers compatriotes, cette République-là est possible et elle verra le jour.
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