Martin Ziguélé : ‘Ce n’est pas le budget qui fait la croissance, c’est le travail’

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Quand Martin Ziguélé prend la parole, c’est comme un coup de vent qui balaie les belles paroles creuses du gouvernement. Invité sur les ondes, le chef du MLPC n’a pas eu besoin de long discours pour mettre les choses au clair : “Ce n’est pas le budget qui fait la croissance d’un pays, ce sont les activités, le labeur, la sueur des gens qui produisent.” Une phrase qui sonne comme un reproche cinglant à un pouvoir qui, selon lui, mise tout sur des chiffres ronflants plutôt que sur la réalité des champs et des ateliers.
Le budget 2025, avec ses 345 milliards de francs CFA, fait pourtant les gros titres. Le gouvernement s’en félicite, promettant une croissance de 2,7 % comme on agite un trophée. Mais pour Martin Ziguelé , c’est du vent dans une outre percée. “La croissance, elle vient de ce qu’on fabrique, de ce qu’on vend, des échanges qui font tourner la machine”, insiste-t-il, presque agacé qu’il faille encore le rappeler. Et en Centrafrique, la machine, elle, tousse et hoquette, à peine capable de démarrer.
Il suffit de regarder autour de soi, poursuit-il, pour voir l’étendue du gâchis. Les terres qui donnaient jadis du coton à foison – quarante mille tonnes dans les bonnes années – ne crachent plus que des miettes : 1200 tonnes aujourd’hui, à peine de quoi remplir un coin d’entrepôt. Le café ? Évaporé, rayé des exportations. “On ne produit plus rien, ni dans les champs ni dans les usines”, déplore-t-il, la voix teintée d’une colère sourde. Alors, cette croissance promise, elle pousserait sur quel terreau ? Pas celui de la République centrafricaine, en tout cas, où les filières agricoles, autrefois piliers du pays, gisent à l’abandon.
Et le budget, dans tout ça ? Une coquille vide, à en croire Ziguélé. Presque tout part dans le train-train de l’État : payer les fonctionnaires, entretenir les bureaux, graisser les rouages d’une administration qui ronronne sans avancer. Les investissements, eux, sont une goutte d’eau : 8 petits milliards sur les 124 annoncés viennent vraiment des poches centrafricaines. Le reste, c’est l’étranger qui le tend, comme une béquille à un éclopé. “L’État ne bâtit rien, il n’a plus les reins assez solides”, lâche-t-il, lucide. Les routes, les écoles, les dispensaires ? Des cadeaux d’ailleurs, pas une fierté nationale.
Pour Martin Ziguélé, le mal est profond : le gouvernement a perdu le nord. “C’est le travail qui fait naître les richesses – du coton, du café, du bétail qu’on vend, des maisons qu’on construit”, clame-t-il, comme un paysan qui sait d’où vient la moisson. Mais à la place, on empile les dettes, on bricole des prévisions, on prie pour que les chiffres masquent la misère. Sauf que la misère, elle, ne se laisse pas duper. Les entreprises plient sous le poids des carburants hors de prix, les artisans jettent l’éponge, et les Centrafricains regardent leur avenir s’étioler dans l’indifférence des puissants.
Alors, ce 2,7 % de croissance, Martin Ziguelé n’y croit pas une seconde. “C’est une fable”, tranche-t-il, sans fioritures. Pour lui, sans un sursaut, sans remettre les mains dans la glaise et relancer ce qui fait vivre un peuple, le pays continuera de végéter. Le budget peut bien parader sur le papier, la vérité, elle, est dans les sillons laissés en friche et les usines silencieuses. “C’est le travail qui sauve”, martèle-t-il. Reste à savoir si quelqu’un, là-haut, écoute encore….
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