Mali, Libye, Centrafrique… l’effet domino du terrorisme.

Publié le 7 juillet 2014 , 11:19
Mis à jour le: 7 juillet 2014 11:19 am

Les violences au Nord-Mali, en Libye et même  au Nigeria ou encore  en Centrafrique ont un déterminateur commun ; les armes de Kadhafi. Des  milliers d’armes et de munitions qui se jouent des frontières, transitent, en effet, par le Niger, le Tchad ou le Soudan pour finir entre les mains de groupes terroristes implantés au Nigeria, au Mali ou en Somalie. En mars 2013, des soldats français de l’opération Serval saisissaient encore près de Gao et dans la région de l’Adrar des Ifoghas, au Mali, des missiles sol-air à moyenne portée de type SA-7b, de fabrication soviétique. Selon les conclusions du groupe d’experts du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Libye, rendues en février, des émissaires d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), du Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et d’Al-Mourabitoune font toujours des allers-retours entre le sud de la Libye et le nord du Mali. Bien sûr, la présence des Français et des hommes de la mission onusienne au Mali (Minusma) ont compliqué la tâche des terroristes et des contrebandiers. Mais les millions de dollars générés par le trafic de drogue et les libérations d’otages ont permis l’ouverture de nouvelles « routes » à travers le Sahel. Chez les Toubous, beaucoup ont vendu au plus offrant leur parfaite connaissance de cette zone, à cheval entre la Libye, le Tchad et le Niger. N’Djamena dit ainsi avoir interpellé sur son territoire plusieurs nomades reconvertis en trafiquants d’armes en 2012 et équipés de missiles sol-air. En mars et en mai de l’année suivante, le Tchad disait encore avoir la preuve que des armes libyennes étaient acheminées jusque dans le nord du Nigeria, où opère Boko Haram. Résultat : la secte islamiste dispose aujourd’hui d’un équipement digne de celui d’une petite armée régulière, selon les autorités françaises. Dans un entretien à Rue89, Samuel Laurent*, Consultant pour des entreprises chinoises et auteur d’un livre sur la Libye, explique comment la France a ouvert la voie au chaos dans toute la région. ”Je suis plus sévère à l’encontre de Sarkozy que de Hollande”, dit-il . “Sarkozy n’était pas obligé d’intervenir comme il l’a fait. Il a été d’une irresponsabilité folle, ouvrant la boîte de Pandore. Il a laissé à son successeur un choix impossible : soit laisser s’installer un califat sur l’ensemble du Mali, soit monter une intervention qui n’allait régler aucun problème et simplement le déplacer. “Le Mali est une opération largement inutile. En nettoyant le nord du Mali, on a renforcé les positions de ces mêmes islamistes dans le sud de la Libye et même en Tunisie, en Mauritanie, au Niger, jusqu’à poser un risque pour le Maroc.”Ce que décrit  Samuel Laurent est décoiffant : “une région contrôlée par la brigade islamiste 315, fondée par un Touareg malien lié par mariage à Mokhtar Belmokhtar, lié à Al Qaeda, engagé dans le trafic de drogue et le transport de jihadistes ;une région où des stocks d’armes de l’ère Kadhafi sont entreposés dans des bunkers souterrains, dont les Touaregs révèlent l’emplacement au plus offrant”

 

une région où, au vu et au su de Tripoli, Mokhtar Belmokhtar a rassemblé les hommes qui ont lancé l’attaque de Tinguentourine, à quelques centaines de kilomètres de là, et l’imposant matériel de guerre dont de l’explosif qui devait servir à faire exploser la raffinerie algérienne  d’In amenas.

Quand l’Algérie boucle ses frontières après les événements d’In Amenas et quand la France et ses alliés de Bamako reconquièrent le nord du Mali, les foyers djihadistes ne font  que se déplacer dans le sud de la Libye ou de la Tunisie sans difficultés d’argent ou d’armes, prêts à ressurgir ailleurs.De quoi relativiser les termes de la victoire française annoncée au Mali, pays qui ne peut être jugé isolé du reste de ce que certains analystes , surnomment  le «Sahelistan », un Afghanistan bis , plus modeste peut être mais plus près de l’Europe.

Samuel Laurent * consultant pour des entreprises chinoises qui  s’aventure là où plus personne n’ose aller : au plus près de la mouvance jihadiste du Sahel, dans cette zone grise où se mêlent idéologie, terrorisme, trafics en tous genres.

 

Bandou

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