LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT TOUADERA POUR UNE ALTERNANCE DÉMOCRATIQUE PAISIBLE EN CENTRAFRIQUE

Publié le 14 novembre 2022 , 7:00
Mis à jour le: 14 novembre 2022 3:32 am
Faustin-Archange Touadéra, à Paris, le 25 septembre 2017. © Christophe Morin/IP3/MAX PPP
Faustin-Archange Touadéra, à Paris, le 25 septembre 2017. © Christophe Morin/IP3/MAX PPP

 

LETTRE OURVERTE A SON EXCELLENCE
FAUSTIN-ARCHANGE TOUADÉRA
PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

 

Excellence Monsieur le Président de la République, Cher compatriote,

Depuis quelques mois, vous posez des actes affolants, tendant à conforter la thèse selon laquelle vous êtes résolument décidé à modifier, en votre faveur, la Constitution que le peuple centrafricain s’est librement et démocratiquement donnée le 30 mars 2016, à laquelle avec justesse vous aviez adhéré, et dont vous êtes le principal Bénéficiaire et Garant. Ces actes n’ont pas manqué de troubler mes sommeils, voire de les en empêcher. Donc, en tant que patriote, je ne peux me soustraire à mon devoir d’attirer votre attention sur le péril que vous risquez de faire courir à notre patrie. C’est pourquoi, à l’instar d’Emile Zola ou de Ken Saro-Wiwa, je ne parviens pas à résister à la tentation de prendre ma plume pour vous interpeller sur ce que je considère beaucoup plus une mégarde qu’une volonté assumée et affirmée de tuer votre image, de tuer notre mère patrie, de vous tuer.

Excellence Monsieur le Président de la République, Cher compatriote,

Si être mathématicien et universitaire relève de votre génie propre et intrinsèque, puis des énormes efforts et sacrifices que vous aviez consentis pour y arriver, être président de la république échappe à toute raison. D’aucuns invoquent la bienveillance de la Divinité, d’autres font noter une intrusion du hasard dans son processus d’accomplissement, et d’autres encore, plus pessimistes, n’hésitent pas à fustiger l’intromission de mains invisibles. C’est dire que le président de la république est redevable à plusieurs forces : divine, naturelle et humaine. Aussi doit-il jouer à l’équilibriste pour satisfaire chacune d’elles. Ignorer cela est porteur de germes nocifs qui peuvent participer de l’autodestruction.

Excellence Monsieur le Président de la République,

Cher compatriote,

Depuis l’assassinat du père-fondateur de notre pays, la République centrafricaine, Barthélemy Boganda, le 29 mars 1959, par l’impérialisme français, celui-ci n’a connu aucune alternance politique paisible au sommet de l’État, si nous exceptons la Transition menée à terme par Madame Catherine Samba-Panza, dont vous êtes le produit. Mon vœu le plus ardent est que vous, vous puissiez pérenniser cette timide entrée de notre pays dans la normalité démocratique. Ce n’est pas à moi, un profane, de rappeler au scientifique, et surtout mathématicien que vous êtes, que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Certes, certains philosophes comme Paul Valéry objecteront que le lieu, le temps et les circonstances de réalisation d’un évènement ne sont pas toujours les mêmes. Mais, s’il vous plaît, faites en sorte que cette loi ne s’applique pas à vous. Le peuple centrafricain est imprévisible et indomptable. Le Centrafrique n’est pas régi par des traditions culturelle, religieuse et politique séculaires éculées où certains rampent devant d’autres. Le Centrafricain est prompt à lever la tête devant n’importe qui. Cela fait notre fierté mais aussi notre malheur. Donc, Monsieur le Président, je vous prie d’intégrer cette idiosyncrasie du peuple centrafricain dans vos réflexions et vos analyses avant toute action qui, j’en suis convaincu, se révèlera un boomerang pour vous.

Excellence Monsieur le Président de la République, Cher compatriote,

Vous n’êtes pas sans connaître l’histoire de notre pays depuis 1960 : aucun changement à la tête de l’Etat n’a eu lieu de façon démocratique et consentie. La plupart de nos présidents, mus par la gourmandise et la gloutonnerie, se sont fait éjecter de leur siège de manière indigne, ternissant non seulement leur image mais, au passage, celle de tout le pays. S’ils n’ont pas été capturés et emprisonnés, certains ont croupi dans des maisons d’hôtes en exil, abandonnant leurs villas cossues qui, généralement, ont été victimes de pillages, de dévastations et autres incendies causés par l’ire de la population. Voudriez-vous vraiment vivre cette expérience ? Ne dit-on pas qu’un homme averti en vaut deux ?

Excellence Monsieur le Président de la République,

Cher compatriote,

Écoutez la voix de la sagesse ! Vous avez encore le temps de faire comme Léopold Sédar Senghor qui, sentant au loin des rumeurs de contestation, a préféré céder volontairement le pouvoir à son premier ministre constitutionnel, Abdou Diouf, le 30 Décembre 1980, épargnant à son pays des lendemains tumultueux et désastreux. Grâce à cet acte d’amour pour sa patrie et de générosité envers son peuple, aujourd’hui, le Sénégal compte parmi les nations les plus paisibles et les pays les plus stables du monde.

Écoutez la voix de la sagesse ! Vous avez encore le temps de faire comme Nelson Mandela qui, au sommet de sa gloire et de sa popularité, a préféré quitté le pouvoir le 30 Avril 1999, jetant ainsi les bases d’une nation sud-africaine qui venait de sortir d’une longue nuit d’apartheid. Et pourtant, à ce moment-là, si Mandela l’avait voulu, il aurait pu faire élaborer une constitution qui lui aurait permis de gouverner l’Afrique du

Sud même depuis sa tombe. Mais il ne l’a pas fait par amour pour sa patrie et par générosité envers son peuple.

Écoutez la voix de la sagesse. Vous avez encore le temps de faire comme Catherine Samba-Panza qui, suite à une période de transition du 23 janvier 2014 au 30 mars 2016, a passé paisiblement la main. Vous en êtes du reste le Grand bénéficiaire. Et pourtant, comme beaucoup d’autres chefs d’États africains en général, et centrafricains en particulier, elle aurait pu s’agripper au pouvoir, foulant aux pieds les dispositions régissant la Transition qui l’y contraignaient. Cependant, à la question que lui avait posée Jeune Afrique le 08 Avril 2014 : « Quitterez-vous le pouvoir en février 2015, date prévue pour la fin de la transition ? », elle répondit spontanément de la façon suivante : « Je suis légaliste. Je respecterai mes engagements, à savoir tenir le délai de douze mois qui m’a été imparti. Maintenant, si, sur le terrain, il est objectivement impossible de tenir ce délai à un ou deux mois près, il appartiendra aux forces vives de la nation de le dire. Je ne prendrai aucune initiative pour prolonger ce mandat, mais j’accompagnerai le processus jusqu’au bout. » Monsieur le Président, qu’est-ce que le peuple centrafricain aimerait vivement vous entendre faire une déclaration semblable ! Car votre mandat, bien qu’il ne soit pas une transition, est régi par la Constitution, notamment son article 35 qui est contraignant et catégorique. De grâce, relisez cet article avec moi : « Art.35 : Le Président de la République est élu au suffrage universel direct et au scrutin secret, majoritaire à deux (2) tours. La durée du mandat du Président de la République est de cinq (5) ans. Le mandat est renouvelable une seule fois. En aucun cas, le Président de la République ne peut exercer plus de deux (O2) mandats consécutifs ou le proroger pour quelque motif que ce soit. »

Excellence Monsieur le Président de la République, Cher compatriote,

Ne vous trompez pas d’objectif. La réécriture de la Constitution n’a jamais constitué et ne constitue pas un objectif pour vous. Elle est quelque chose qu’on vous a sans doute miroité, quelque chose que vous avez ramassé au bord de la route, au cours de votre mandat. Elle ne fait même pas partie des défis à relever pour le Centrafrique. Tenez ! Vous êtes universitaire. Combien d’universités avez-vous construit depuis un mandat et demi que vous êtes au pouvoir ? Aucune ! Avec tout le respect que je vous dois, permettez-moi de vous faire le point sur les universités des pays de l’Afrique Centrale, plus spécialement, les pays de la CEMAC. Au Gabon, on compte environ 24 universités ; au Tchad, environ 15 ; au Congo-Brazzaville, environ 12 ; au Cameroun, environ 15 ; en Guinée équatoriale, environ 08 ; en République Démocratique du Congo, environ 118 ; même à Sao Tomé et Principe, on en dénombre 02. Seule la République Centrafricaine, votre pays Monsieur le président, ne dispose que d’une seule université ! Voilà un défi à relever ! Et puis, pour votre information, votre camarade et modèle, que j’admire au passage, le président Paul Kagamé, peut vous servir d’exemple, non ? Dans la seule capitale, Kigali, on dénombre plus de 08 universités ! Et je laisse de côté celles des provinces.

Ne trouvez-vous pas ce genre d’exemple copiable pour le Centrafrique au lieu de vous focaliser et épuiser vos forces et intelligence sur des choses qui nous divisent inutilement ?

À lire aussi : APPEL PATRIOTIQUE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE par la Capital Synergies

 

Excellence Monsieur le Président de la République,

Cher compatriote,

Permettez-moi enfin de vous énumérer, pêle-mêle, les vrais défis qui écrasent la République Centrafricaine, qui n’ont pas été relevés depuis 1960, et qui font de notre pays un nano-pays. Prenons le transport : la RCA compte 24.000 km de réseau routier. Or, à peine 458 km de ces routes sont bitumées, entraînant des conséquences énormes non seulement sur l’économie du pays, mais sur plusieurs autres domaines d’activités parmi lesquels par le sport. La RCA est le seul pays au monde où les championnats de tous les sports se déroulent uniquement dans la capitale. Toutes les équipes du championnat national de football se trouvent à Bangui. Toutes les équipes des championnats nationaux de basketball, de handball, de volleyball se trouvent à Bangui. Idem pour les clubs de judo, de karaté, de boxe, etc. Où a-t-on vu cela ? Comme souligné plus haut, cet état de chose a été causé par un manque de réseau routier performant pouvant faciliter le déplacement des sportifs à travers tout le pays. Mais ce qui est encore plus cocasse, Monsieur le Président, c’est le fait que votre pays ne dispose pas d’un seul stade de football digne de ce nom pour accueillir des matches internationaux. Lorsque nos équipes jouent leurs rencontres internationales à Douala ou à Brazzaville, comment voulez- vous qu’elles soient performantes ? Comment voulez-vous qu’elles aient un public acquis ou conquis à leur cause, qui puisse les pousser à la victoire ? Et pourtant, partout ailleurs, en football, on dit que le public est le douzième joueur. Voilà la triste réalité dans notre pays ! Au stade actuel, autant demander à la FIFA de suspendre la participation de la RCA à toutes les compétitions et construire des structures dans les normes avant de les reprendre dignement ! La participation de la RCA à ces compétitions internationales n’est rien moins que du gaspillage de l’argent du contribuable centrafricain. C’est de l’argent jeté par la fenêtre. Nous nous ridiculisons !

Excellence Monsieur le Président de la République,

Cher compatriote,

Je n’ai pas mentionné d’autres défis que vous auriez dû affronter et relever avant de penser à la réécriture de la Constitution : par exemple, il n’y a qu’une seule télévision nationale dans le pays, et qui n’émet pas au-delà du KM 12 ; une seule radio nationale qui n’émet pas au-delà du KM 12 ; un seul stade de football anachronique et inopérant. Vous savez ? L’espérance de vie moyenne à la naissance du Centrafricain est de 50.1 ans, ce qui est en-dessous de l’espérance de vie moyenne dans le monde, laquelle est d’environ 71 ans ; le taux d’alphabétisation dans notre pays n’est que de 36,8%, alors que la moyenne mondiale est estimée à 80%, et cetera et cetera. Voilà les défis auxquels vous auriez dû vous attaquer et relever avant la fin de votre deuxième mandat, au lieu de vous soucier du troisième mandat qui n’est qu’une préoccupation alimentaire. La réécriture de la Constitution n’est ni urgente ni pertinente. Mais surtout le moment choisi n’y sied pas !

Excellence Monsieur le Président de la République,

Cher compatriote,

Lorsque vous avez été élu ce 14 février 2016, j’ai applaudi. J’ai été soulagé de savoir qu’enfin la République centrafricaine sera désormais dirigée par un intellectuel au sens propre du terme, un universitaire, qui plus est, un mathématicien. Et j’ai été rassuré quand vous avez aussitôt déclaré : « La priorité, c’est de rétablir la paix et de réconcilier les Centrafricains »’. Pourquoi faites-vous de la réécriture de la Constitution votre priorité maintenant alors que vous n’avez pas encore réussi à rétablir la paix ni à réconcilier les Centrafricains ?

Dans la droite ligne de ma conviction, lorsque vous avez été élu en 2016, en guise de contribution, je vous ai immédiatement envoyé un mémorandum intitulé : Pour une refondation de la République centrafricaine qui, sept ans après votre entrée au Palais de la Renaissance, tarde encore à vous parvenir et par rapport auquel je continue toujours d’attendre vos réactions.

Lorsque le Conseil de Sécurité des Nations Unies a renouvelé l’embargo sur les armes imposé à notre pays, entravant les actions de sécurisation du pays, je n’ai pas hésité à prendre ma plume et à écrire au secrétaire général des Nations Unies pour dénoncer cette situation.[1] [2] [3]

En octobre 2021, lorsque le président français, Emmanuel Macron, réunissait la société civile africaine à Montpellier pour redorer le blason de la Françafrique, convaincu que c’était une supercherie, j’ai participé à un webinaire organisé par Le Collectif pour le Renouveau Africain (CORA), dont je suis membre, et qui avait pour thématique : De Brazzaville à Montpellier. Regards critiques sur l’impérialisme français. A cette occasion, j’ai dénoncé très tôt dans ma communication intitulée : De l’assassinat de Barthélemy Boganda à celui, futur, de Faustin-Archange Touadéra3, les manœuvres orchestrées par l’impérialisme français tendant à vous éliminer. Aujourd’hui, les faits sont en train de me donner raison. Et c’est à juste titre que je tombe des nues lorsque vous me faites prendre une douche froide et, au-delà de ma modeste personne, tous mes camarades et frères panafricanistes qui croyaient en vous. Pourquoi ne faites-vous pas comme votre « mentor », le président Vladimir Poutine, qui s’était effacé au profit de son premier ministre, Medvedev, le temps d’un mandat, avant de revenir récupérer le pouvoir, sauvant ainsi les apparences ? Car en voulant forcer pour vous maintenir au pouvoir à travers la réécriture de la Constitution, vous êtes en train de détruire le maigre capital de confiance et de sympathie qu’une bonne frange des peuples centrafricain et africain manifeste envers vous.

Excellence Monsieur le Président de la République,

Cher compatriote,

Lorsque, étranglé par l’impérialisme français et son inique embargo sur les armes sur notre pays, et que vous avez opéré un rapprochement avec la Fédération de Russie, introduisant ce faisant la RCA dans le multilatéralisme, j’ai applaudi.

Lorsque, phagocyté par le néocolonialisme français et ses instruments d’oppression, à savoir le FMI, la Banque Mondiale et le FCFA, vous avez sorti de votre chapeau le Sango, faisant de lui une monnaie nationale au côté du FCFA, pour desserrer un peu l’étreinte exercée par la puissance colonisatrice sur le cou de l’État centrafricain, j’ai encore applaudi. Et avec moi, tous les patriotes africains qui, à travers leurs télévisions, leurs radios, leurs vidéos, etc., vous ont surnommé « le géopoliticien, le stratège de Bangui ». Et j’en étais fier.

Mais le moment choisi par vous pour vouloir changer la Constitution n’est ni opportun ni judicieux. Une constitution, en tant que Texte-fondateur, Texte-mère d’un pays, pour la modifier, on doit s’assurer de s’être entouré d’un consensus national ou, du moins majoritaire, dans ses processus d’élaboration et d’adoption. Un pays est comme une femme qui a mis au monde un triplé : le pouvoir (majorité), l’opposition démocratique (partis politiques) et la société civile. Mais tous les trois sont des frères et/ou sœurs. A voir le paysage politique centrafricain actuel, seul le pouvoir est en faveur de la réécriture de cette constitution. Autrement dit, le pouvoir est minoritaire. N’oubliez pas ceci : le peuple peut se tromper, mais le peuple a toujours raison.

Excellence Monsieur le Président de la République, Cher compatriote,

Certes, le monde bouge. Et la Constitution de notre pays aussi doit entrer dans la cadence pour se réajuster et s’adapter aux réalités des Centrafricains d’aujourd’hui. Si vous voulez que « votre » Constitution soit épousée par le peuple centrafricain, même a posteriori, vous êtes dans l’obligation de vous faire hara-kiri. Vous êtes dans l’obligation d’être objectif et transparent dans tout le processus de son élaboration et de son adoption. Vous êtes dans l’obligation de déclarer dès maintenant et solennellement au peuple centrafricain que vous voulez juste moderniser la Constitution et que vous ne serez pas partie prenante dans l’élection présidentielle à venir. C’est la condition sine qua none pour que vous soyez absout de toutes velléités malveillantes. Sans cela, la suspicion vous collera à la peau jusqu’à ce que vous finissiez par vous dévoiler. Vous savez ?, avec votre lubie de réécriture de la Constitution et la destitution de la Présidente de la Cour Constitutionnelle qui s’en est suivie, entraînant son lot de victimes collatérales, principalement des enseignants du supérieur, vous êtes devenu subitement démodé. Vous n’apparaissez plus politiquement révolutionnaire et moderne. Et pourtant, peu de temps auparavant, vous étiez un homme politique à la mode, imité même dans notre continent… ! Quel gâchis !

Excellence Monsieur le Président de la République,

Cher compatriote,

A dire vrai, j’aurais soutenu votre projet si les conditions étaient réunies. Car la Constitution actuelle de notre pays est obsolète. Cela fait plus de deux décennies que je clame sur tous les toits que notre Constitution est surannée. Par exemple, le nom de notre pays est anachronique et exogène. Il ne répond plus aux desiderata que feu, le père de la nation centrafricaine, Barthélemy Boganda, lui avait assignés. Il est temps de donner à notre pays un nom autochtone, endogène et authentique, qui reflète l’idiosyncrasie de notre peuple. Ensuite, l’hymne national. Il n’est pas rassembleur. Il porte en son sein les germes de la division. Il serait salutaire de l’amender ou d’en concevoir un autre dans lequel tout le peuple puisse s’y reconnaître. Enfin, le mandat présidentiel. Comme les déchirements autour de la réécriture de la Constitution le montrent aujourd’hui, tous nos maux proviennent du mandat présidentiel. Parce que nous les Centrafricains, nous sommes trop gourmands et trop gloutons. Une constitution qui instituerait un mandat présidentiel unique de six ou sept ans réglerait en partie les questions de coups d’Etat et de rébellions. Des pays comme le Mexique ont adopté constitutionnellement la non- réélection de leurs présidents depuis 1927 et cela marche. Depuis lors, les Mexicains sont sortis des zones de turbulences des coups d’État et de rébellions dans lesquels ils étaient plongés pendant plus d’un siècle. Pourquoi ne pas essayer ?

Excellence Monsieur le Président de la République,

Cher compatriote,

Cher Collègue,

Permettez-moi de conclure ces propos, empreints d’émotion et d’amour pour notre pays : De grâce, ne vous suicider pas en maintenant coûte que coûte le projet de la réécriture de la Constitution. Il n’est jamais trop tard pour mieux faire. Ne privez pas le Centrafrique de l’un de ses rares fiertés que vous constituez. Faites comme Barthélemy Boganda, en devenant un patrimoine humain national pérenne et je suis persuadé que le peuple centrafricain vous en saura gré. Barthélemy Boganda nous a précocement abandonnés depuis le 29 mars 1959, mais son nom résonne dans tous les coins de notre quadrilatère. Faites comme Léopold Sédar Senghor qui, lui aussi, est devenu un patrimoine humain national pour le Sénégal. Son nom est gravé partout dans le pays sur des aéroports, des stades de football, des établissements scolaires, depuis la maternelle jusqu’à l’université. La maison de Senghor, dans son village natal de Joal, est devenue un site touristique visité en toutes saisons. Qui sait si le village même ne portera pas son nom dans le futur ? Faites comme Nelson Mandela qui, déjà de son vivant, était devenu un patrimoine humain national pour les peuples d’Azanie, d’Afrique et du monde. Il n’avait pas eu besoin de deux mandats : un seul lui avait suffi pour atteindre une notoriété mondiale et rendre son nom ETERNEL.

Excellence Monsieur le Président de la République, Cher Compatriote,

Cher collègue,

Ecoutez la voix de la sagesse !

Ne tuez pas le pays !

Ne vous suicidez pas !

Merci pour votre attention et votre compréhension.

Saint-Louis, le 08 novembre 2022

  1. Bégong-Bodoli BETINA Professeur Titulaire des Universités/ Écrivain Président du Mouvement patriotique Africain (MPA) Courriel : begongbetina@gmail.com

[1] Hberation.fr, 21 février 2016

[2] http://www.faapa.info/blog/lecrivain-begong-bodoli-betina-demande-la-levee-de-lembargo-sur-les- armes-en-centrafrique/

[3] https://corafrika.org/begong-bodoli-betina

À lire aussi : « la Centrafrique renoue avec la dictature et le parti unique au modèle russe »

Aucun article à afficher