Les raisons profondes de l’accrochage au pouvoir en Afrique selon Pierre Buyoya

Publié le 12 juillet 2023 , 7:35
Mis à jour le: 12 juillet 2023 3:45 pm

Les raisons profondes de l’accrochage au pouvoir en Afrique selon Pierre Buyoya

 

Pierre Buyoya

 

 

Bangui, 13  juillet 2023 (CNC) – Le décès de l’ancien président burundais Pierre Buyoya en décembre 2020 des suites du Covid-19 a privé le continent africain d’une voix politique influente. Cependant, les paroles prononcées par Buyoya lors d’une conférence à Paris en novembre 2006 résonnent encore aujourd’hui et soulèvent des questions pertinentes sur les défis auxquels sont confrontés les dirigeants africains et la condition des anciens présidents.

 

Dans son discours, l’ancien Président burundais Pierre Buyoya aborde la question cruciale de la persistance des dirigeants africains au pouvoir. Selon lui, lorsque les dirigeants accèdent au pouvoir, ils ne sont pas seuls. Ils sont soutenus par des groupes politiques, des partis, voire des communautés ethniques. Cette alliance de forces joue un rôle clé dans le maintien du pouvoir d’un leader. Cependant, lorsque vient le moment de quitter le pouvoir, la décision revient souvent au dirigeant lui-même, et cela va à l’encontre des intérêts de ceux qui l’ont soutenu pendant des années.

 

Pierre Buyoya souligne la complexité de cette situation, affirmant que ceux qui décident de rester au pouvoir font face à de nombreux défis. Ils peuvent être confrontés à des pressions de groupes puissants et risquent même leur vie. Les menaces et les conséquences potentielles de quitter le pouvoir rendent cette décision difficile à prendre.

 

L’ancien président burundais soulève également un point crucial concernant les systèmes politiques en Afrique. Il affirme que de nombreux pays africains ne prévoient pas de dispositions claires pour les anciens présidents après leur départ du pouvoir. Cette situation crée une incertitude quant à leur avenir matériel et sécuritaire, ce qui peut également contribuer à la volonté des dirigeants de s’accrocher au pouvoir.

 

Cependant, Buyoya souligne également que certains pays ont mis en place des mécanismes pour gérer la transition des anciens présidents. Il cite l’exemple de son propre pays, le Burundi, où il existe un statut pour les anciens présidents qui leur garantit des indemnités, une sécurité et des privilèges pendant un certain nombre d’années. Ces mesures visent à faciliter le départ des dirigeants et à assurer leur protection et leur intégration dans la société après leur mandat.

 

Pierre Buyoya reconnaît que la situation varie d’un pays à l’autre et que les réalités politiques et sociales façonnent la condition des anciens présidents. Il souligne qu’au Burundi, par exemple, il n’y a pas de tradition d’accumulation de richesses par les chefs d’État. La fonction présidentielle est considérée comme un service public, et les présidents ne sont pas perçus comme devant s’enrichir personnellement.

 

L’ancien président burundais insiste sur le fait que la corruption existe, mais elle est souvent de petite envergure et ne se traduit pas par l’accumulation de richesses importantes à l’étranger. Selon lui, la population burundaise est sensible à la question de la corruption et les comportements suspects des dirigeants sont rapidement remarqués et critiqués.

 

Ceci dit, la déclaration posthume de Pierre Buyoya met en lumière les défis auxquels sont confrontés les dirigeants africains pour quitter le pouvoir et la condition des anciens présidents. Les pressions politiques, les intérêts en jeu et l’absence de mécanismes clairs pour la transition post-présidentielle contribuent à la persistance de certains dirigeants au pouvoir. Cependant, Buyoya souligne également l’importance de mettre en place des dispositifs favorisant un départ honorable des anciens présidents et leur intégration dans la société après leur mandat. Ces réflexions restent pertinentes aujourd’hui et appellent à une réflexion approfondie sur la gouvernance politique en Afrique.

 

Par Gisèle MOLOMA

 

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