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Bangui (République centrafricaine) – Les opérations du groupe Wagner ciblent principalement les civils. Le taux de ciblage des populations civiles par le groupe paramilitaire russe est supérieur à ceux attribués aux forces étatiques alliées et aux groupes rebelles
Rédigé par Agence Écofin
Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le samedi 3 septembre 2022
Les opérations du groupe Wagner se livre à un niveau élevé de ciblage des populations
Les opération du groupe Wagner se livrent à un niveau élevé de ciblage des populations civiles en République centrafricaine et au Mali, où elle agit aux côtés des forces armées étatiques depuis 2018 et décembre 2021 respectivement, a révélé l’Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), une ONG spécialisée dans la collecte et l’analyse des données sur les conflits, dans un rapport publié le mardi 30 août.
Intitulée « Les opérations du groupe Wagner en Afrique : les tendances du ciblage de populations civiles en République centrafricaine et au Mali », ce rapport précise que les actions dans lesquels des civils sont pris pour cibles représentent respectivement 52% et 71% des faits de violence politique commis par le groupe Wagner en République centrafricaine et au Mali. Dans les deux cas, ce taux est supérieur à celui des actions ciblant des civils attribués aux forces étatiques alliées ou aux groupes rebelles évoluant au sein du même contexte, selon la même source.
Au Mali, les populations civiles sont prises pour cible dans 17% des événements de violence politique commis par les forces étatiques et dans 42% des actions des groupes rebelles. En Centrafrique, elles sont ciblées dans 20% des opérations des forces étatiques et dans 27% des attaques des groupes rebelles. Les opérations du groupe Wagner ne ciblent que des civils.
Des paramilitaires utilisés comme paratonnerre
ACLED a d’autre part indiqué que le groupe Wagner a mené des opérations indépendantes des forces armées centrafricaines dans au moins 50% des événements liés à des faits de violence politique chaque mois depuis mai 2021, à l’exception d’octobre 2021 et d’avril et de juin 2022. Lors de ces opérations, les agents de la société militaire privée russe se sont livrés à des niveaux de violence beaucoup plus élevés à l’encontre des civils que lorsqu’ils ont opéré aux côtés des forces étatiques.
Au Mali, en revanche, Wagner a surtout agi aux côtés des forces étatiques. Ce qui a entraîné une augmentation des actes de ciblage de civils impliquant des forces étatiques. ACLED a recensé près de 480 décès de civils maliens attribuables à des opérations menées conjointement par les forces du groupe russe et celles de l’Etat malien.
L’étude estime par ailleurs que les autorités maliennes et centrafricaines se servent de Wagner pour cibler certaines communautés accusées d’entretenir des liens avec les groupes rebelles armés.
« Là où les actions prenant pour cible des civils font partie intégrante des stratégies de lutte contre les insurgés adoptées par les Etats, les agents du groupe servent souvent de paratonnerre à ces derniers, en détournant l’attention des abus commis par les forces étatiques. Au sein des deux théâtres d’opérations, les mercenaires de Wagner ont ainsi activement ciblé des civils issus de communautés, et tout particulièrement de communautés ethniques peules, stigmatisées pour leurs liens supposés avec les groupes rebelles armés », conclut ACLED,
rappelant que plusieurs organes de l’ONU avaient déjà, par le passé, exprimé leur inquiétude ou mené des enquêtes sur des abus probablement commis par les opération du groupe Wagner.
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