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Le ministre de la Justice Arnaud Djoubaye Abazène au cœur d’un scandale de faux billets à Bangui

Le ministre de la Justice Arnaud Djoubaye Abazène au cœur d’un scandale de faux billets à Bangui

 

Le ministre d'État en charge de la justice Arnaud Djoubaye Abazene copyright CNC
Le ministre d’État en charge de la justice Arnaud Djoubaye Abazene. copyright CNC

 

Un nouveau scandale ébranle les plus hautes sphères de l’État centrafricain. Le ministre de la Justice, Arnaud Djoubaye Abazène, se retrouve impliqué dans une affaire de trafic de faux billets qui secoue la capitale Bangui. Cette histoire révèle l’ampleur de la corruption qui gangrène l’appareil judiciaire du pays.

 

Bangui, 23 août 2024.

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.

 

Démantèlement d’un réseau de faux billets à Bangui.

 

L’affaire a éclaté il y a quelques semaines, lorsque les agents de l’unité de police FICU ont appréhendé trois individus soupçonnés de trafic de faux billets dans les rues de Bangui. Parmi eux, un homme présenté comme le cerveau de l’opération n’est autre que le cousin du ministre Abazène. Selon les informations recueillies lors de l’enquête, ce dernier revenait tout juste d’un voyage au Qatar, où il se serait procuré des faux billets d’une valeur de plusieurs centaines de millions de francs CFA.

 

Le coup de filet a eu lieu à la station Relais Sica, où le suspect tentait d’écouler une partie de sa marchandise frauduleuse. “Il a pris l’un des faux billets pour acheter du carburant. Malheureusement pour lui, les agents de la station-service ont détecté que c’était un faux billet”, raconte un témoin de la scène. Alertée, une patrouille de la FICU est rapidement intervenue sur les lieux.

 

La fouille du véhicule des suspects a permis de mettre la main sur un véritable trésor de guerre : 43 millions de francs CFA en fausses coupures. Les trois individus ont été immédiatement placés en garde à vue au commissariat central de Bangui.

Le ministre de la Justice tente d’étouffer l’affaire des faux billets à Bangui.

 

Dès le lendemain de l’arrestation , le ministre Abazène aurait personnellement tenté d’intervenir pour obtenir la libération des suspects, en particulier celle de son cousin. Il aurait d’abord exercé des pressions sur l’un des substituts du procureur, le magistrat Issa, pour qu’il ordonne leur remise en liberté.

 

Un policier témoigne sous couvert d’anonymat : “Ce n’est pas la première fois que le ministre use de son influence pour protéger son parent impliqué dans des activités illégales. Il est habitué à faire des malfrats dans la capitale et on l’a arrêté partout, mais le ministre a appelé à chaque fois qu’on l’a libéré”.

 

Cette fois-ci cependant, la gravité des faits a poussé le procureur Issa à refuser d’obtempérer dans un premier temps. Le ministre aurait alors changé de tactique en exerçant directement des pressions sur le procureur de la République.

 

Un bras de fer avec la police.

 

Le chef du service de sûreté urbaine au commissariat central, chargé de l’enquête, a rapidement saisi l’ampleur de la manœuvre instrumentée par le ministre. Pour préserver les preuves, il a pris l’initiative de déposer les 43 millions de faux billets à la Banque centrale, obtenant un reçu officiel en bonne et due forme.

 

Mais le parquet, visiblement sous l’influence du ministre, a refusé de recevoir le dossier et les prévenus sans les faux billets en nature. “Le procureur a dit qu’il faut que le chef du service mette les 43 millions de faux billets en espèces, qu’il doit amener dans son bureau. Il veut tous les billets en espèces, pas les reçus de la banque centrale”, rapporte une source proche du dossier.

 

Le chef de la sûreté urbaine a maintenu sa position, arguant que les faux billets avaient été sécurisés à la Banque centrale pour éviter leur remise en circulation. “J’ai déjà déposé à la banque centrale parce que ce sont des faux billets, pour ne pas que ces billets-là circulent encore. Donc j’ai déjà déposé à la banque centrale et c’est ça le reçu, c’est le montant exact”, aurait-il déclaré au procureur.

 

En réaction, et pour montrer sa colère au commissariat central, le procureur a coupé toute relation avec le commissariat central, paralysant de fait le travail de la police judiciaire. “Le procureur a dit qu’ils n’auront plus de relations avec le commissariat central. Dans tous les cas de détenus, de prévenus qui sont arrêtés au commissariat central, qui doivent être présentés au parquet, il ne peut pas les recevoir”, explique notre source.

Le système d’écoulement des faux billets à Bangui.

 

Cette affaire lève le voile sur un système bien rodé impliquant de hauts responsables de l’État centrafricain. Selon nos informations, le réseau dispose de complices au sein même des banques qui facilitent l’échange des faux billets contre de vrais.

 

“Ils ont leurs complices dans des banques. Donc ils amènent ça à la banque et la banque récupère. Et puis maintenant, ils donnent des vrais billets, un échange rapide. Et à travers cet échange, ils ont maintenant un faux billet transformé en vrai billet de banque et ça circule”, explique un ancien enquêteur familier de ces pratiques.

 

Le ministre Abazène utiliserait ce système depuis longtemps pour s’enrichir illégalement. Son acharnement à récupérer les faux billets saisis témoigne de son implication directe dans ce trafic. “C’est ça que le ministre, avec son réseau, fonctionne avec ça depuis. Et là c’est maintenant grave”, s’alarme notre source.

 

La justice gangrenée par la corruption.

 

Cette affaire jette une lumière crue sur l’état de déliquescence de la justice centrafricaine. “On dit que la justice c’est la mafia, c’est la mafia, Abazène a instauré la mafia au sein de la justice. Les gens disent que c’est du mensonge. Voilà maintenant une autre preuve”, s’indigne un jeune magistrat centrafricain.

 

Le bras de fer entre la police et le parquet se poursuit. Le chef de la sûreté urbaine a été convoqué par le procureur, probablement pour subir des pressions. L’issue de cette confrontation sera déterminante pour l’avenir de l’enquête.

 

Un défi pour l’État de droit.

 

Cette affaire pose la question décisive de l’indépendance de la justice et de l’impunité dont jouissent certains hauts responsables en Centrafrique. Elle appelle une réaction forte de Baba Kongoboro et de son premier ministre pour assainir l’institution judiciaire et lutter efficacement contre la corruption au sommet de l’État.

 

Le président Baba Kongoboro , qui a fait de la lutte contre la corruption l’un des axes majeurs de son mandat, se trouve maintenant au pied du mur. Sa capacité à sanctionner un ministre de premier plan impliqué dans une affaire aussi grave sera un test décisif pour la crédibilité de son action.

 

Pour l’heure, le silence du gouvernement sur cette affaire est assourdissant. Les citoyens centrafricains, eux, attendent des actes concrets pour restaurer leur confiance dans les institutions. L’avenir de l’État de droit en Centrafrique pourrait bien se jouer dans la résolution de ce scandale qui ébranle les fondements mêmes de la République.

 

 

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