Le député de Ngaoundaye 2, Antoine Koïrokpi, 80 ans,  rejoint la majorité présidentielle

Le député de Ngaoundaye 2, Antoine Koïrokpi, 80 ans,  rejoint la majorité présidentielle

 

Antoine Koirokpi, député du MLPC de Ngaoundaye 2
Antoine Koirokpi, député du MLPC de Ngaoundaye 2

 

Le député Antoine Koïrokpi, élu de Ngaoundaye 2, vient de quitter les rangs de l’opposition pour rejoindre la majorité présidentielle. Ce revirement inattendu d’un vétéran de la politique centrafricaine provoque de vives réactions dans le pays.

 

Bangui, 10 septembre 2024.

 Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.

 

À 80 ans, Antoine Koïrokpi semblait incarner la stabilité au sein de l’opposition. Élu sous l’étiquette du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC) en 2016, puis réélu en 2020-2021, cet ancien cadre du ministère de l’Agriculture jouissait d’une solide réputation. Son ralliement discret au camp du président Faustin-Archange Touadéra a pris tout le monde de court.

 

“C’est un choc pour nous”, confie un responsable du MLPC sous couvert d’anonymat. “Lors des dernières campagnes électorales, notre président Martin Ziguélé avait lui-même battu le pavé dans chaque village pour le soutenir. Personne ne pouvait imaginer qu’il nous tournerait le dos ainsi”.

 

D’après nos informations, M. Antoine Koïrokpi aurait même joué un rôle actif dans le ralliement d’autres élus de l’opposition, notamment le député de Ngaoundaye 3 issu de l’Union pour le Renouveau Centrafricain (URCA). Ces transfuges auraient rejoint le Mouvement Touadéra en Marche (MTM), une formation créée par le député Mbaïkoua de Paoua 2 et allié du pouvoir.

 

Ce revirement surprend d’autant plus que la situation matérielle de M. Koïrokpi ne semblait pas précaire. Retraité touchant une pension mensuelle d’environ 50 000 FCFA, il bénéficie désormais d’une confortable indemnité parlementaire de 3 millions FCFA.

 

“Comment peut-il abandonner ses convictions pour quelques avantages matériels ?”, s’interroge un observateur de la vie politique centrafricaine. “C’est d’autant plus choquant qu’il a l’âge d’être un sage, un exemple pour les jeunes générations”.

 

Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une trahison. Elles pointent du doigt le contraste avec l’attitude d’autres figures de l’opposition, à l’image de Joseph Bendounga, président du Mouvement Démocratique pour la Renaissance et l’Evolution de la Centrafrique (MDREC).

 

“Regardez Bendounga”, souligne un militant de l’opposition. “Il a tout perdu sous Bozizé pour ses idées, même jusqu’en 2020, où il avait été élu député de Bimbo 3. Mais  Aujourd’hui  il n’a cédé aux sirènes du pouvoir, même quand Touadéra l’a approché pour négocier”.

 

Le parcours de Joseph Bendounga est en effet emblématique. Prospère entrepreneur dans les années 90 – 2000,, il a vu ses biens confisqués et a même été victime de violences physiques sous le régime de François Bozizé. Malgré ces épreuves, il reste fidèle à ses convictions.

 

“Bendounga dormait sous des bâches, il n’avait plus de maison“, poursuit notre interlocuteur. “Mais il préfère ça plutôt que de trahir ses idéaux. C’est ça, un vrai homme politique”.

 

Le contraste avec l’attitude de M. Antoine Koïrokpi est saisissant. Beaucoup s’interrogent sur les motivations profondes de ce revirement. Certains évoquent des pressions, d’autres des promesses de postes ou d’avantages.

 

“C’est incompréhensible”, déplore un cadre du MLPC. “Il a un niveau d’études correct, un baccalauréat. Ce n’est pas un illettré qu’on peut facilement manipuler. Alors pourquoi agit-il ainsi ?”

 

Cette défection pose la question plus large de l’éthique en politique. Dans un pays très agité par des décennies d’instabilité, où la confiance des citoyens envers leurs élus est déjà fragile, de tels revirements ne peuvent qu’alimenter le cynisme.

 

“Quel message envoyons-nous à la jeunesse ?”, s’alarme un enseignant de Bangui. “On leur dit que les convictions n’ont pas d’importance, que seul l’argent compte ? C’est dramatique pour l’avenir de notre pays”.

 

Le ralliement de M. Antoine Koïrokpi s’inscrit dans une tendance plus large. Depuis la réélection contestée du président Touadéra en 2020, plusieurs figures de l’opposition ont rejoint le camp présidentiel. Certains y voient une stratégie délibérée du pouvoir pour affaiblir ses adversaires.

 

“C’est du clientélisme pur et simple”, dénonce un analyste politique. “On achète les consciences avec des postes, des avantages. Et pendant ce temps, les vrais problèmes du pays restent sans solution”.

 

La République centrafricaine fait en effet face à d’immenses défis. Malgré la présence de forces de l’ONU et de mercenaires russes, une grande partie du territoire échappe toujours au contrôle de l’État. La pauvreté reste endémique et les tensions intercommunautaires persistent.

 

Dans ce contexte, le jeu des ralliements politiques peut sembler dérisoire. Pourtant, il révèle les failles d’un système où l’intérêt personnel prime trop souvent sur le bien commun.

 

Le cas d’Antoine Koïrokpi est d’autant plus symbolique qu’il concerne un élu âgé, censé incarner la sagesse. Son revirement pose la question de l’exemplarité des responsables politiques, dans un pays où la jeunesse a plus que jamais besoin de repères.

 

Alors que les réactions se multiplient, M. Koïrokpi reste pour l’instant silencieux. Son ancien parti, le MLPC, n’a pas encore réagi officiellement. Mais nul doute que cette défection laissera des traces durables dans le paysage politique centrafricain.

 

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