L’affaire du capitaine Eugène Ngaïkosset: une saga de loyautés conflictuelles et de manœuvres politico-judiciaires

Publié le 19 mars 2024 , 5:21
Mis à jour le: 19 mars 2024 11:31 am

L’affaire du capitaine Eugène Ngaïkosset: une saga de loyautés conflictuelles et de manœuvres politico-judiciaires

 

Le capitaine Eugène Ngaikosset. Photo archive du CNC.

 

 

Bangui, 20 mars 2024 (CNC)

 Larrestation en septembre 2021 du capitaine Eugène Ngaïkosset dévoile un écheveau de politique, de loyauté et de justice entremêlés.

 

La saga du capitaine Eugène Ngaïkosset, surnommé le « Boucher de Paoua », arrêté en septembre 2021, s’inscrit dans un contexte politique et social complexe qui remonte à plusieurs années avant son arrestation. Sa détention à la prison du camp de Roux à Bangui pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité a mis en lumière les dynamiques de pouvoir à Bangui longtemps occultées en République centrafricaine.

 

Dès 2016, des signes de discorde entre le capitaine Eugène Ngaïkosset et des instances internationales ont commencé à émerger. L’Union européenne, préoccupée par les allégations de violations des droits de l’homme commises par le capitaine Eugène Ngaïkosset dans l’Ouham-Pendé en 2005 sous le règne de son oncle François Bozizé, a exigé l’arrêt du paiement de ses salaires. Cependant, dans un geste qui défie l’entendement, le président Touadéra et sa clique ont utilisé des méthodes sournoises pour continuer à payer Eugène Ngaïkosset en espèces.

« Il était inconcevable de voir que, malgré les graves accusations, Gacossé continuait à percevoir son salaire de 350 000 francs CFA en espèces, contournant ainsi les procédures bancaires habituelles », explique un analyste politique centrafricain. Cette manœuvre révèle la complexité et la profondeur des liens qui unissent certains membres de l’armée et le régime en place.

 

Le véritable tournant dans la relation entre Touadéra et Eugène Ngaïkosset se produit lorsque l’oncle de ce dernier, l’ancien président François Bozizé, lance une rébellion contre le régime de Bangui. Cet acte marque le début d’une période de suspicion et de tension accrues. Touadéra, craignant qu’Eugène Ngaïkosset ne représente une menace pour son régime en raison de ses liens familiaux avec Bozizé, décide de l’arrêter et de le placer en détention.

 

Ainsi, en septembre 2021, le capitaine Eugène Ngaïkosset, tristement surnommé le « Boucher de Paoua », a été appréhendé sur la route de Damara, marquant le début d’une affaire judiciaire qui continue de provoquer de vives réactions dans le pays. Sa détention à la prison du camp de Roux, inculpée de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par la Cour pénale spéciale, met en lumière les complexités et les contradictions du système politico-judiciaire du pays.

 

« Cette arrestation n’est pas seulement le résultat d’accusations de crimes mais aussi d’une manœuvre politique visant à neutraliser un adversaire interne potentiel », souligne un ancien officier général des FACA. Cette perspective ajoute une couche supplémentaire de complexité à l’affaire, illustrant comment les alliances politiques et familiales peuvent influencer les décisions judiciaires.

 

Et ce n’est pas tout ! Ce qui est plus étonnant dans cette affaire, c’est la persistance de certains privilèges malgré les graves accusations portées contre Ngaïkosset. Malgré près de trois ans de détention, il continue à percevoir son salaire de capitaine, 350 000 francs CFA, et conserve son grade au sein de l’armée nationale.

« Il est inouï qu’un individu accusé de tels crimes continue à bénéficier de son salaire et de son statut sans interruption », commente un expert en droit international interrogé par la rédaction du CNC, soulignant l’ironie et l’injustice de la situation, malgré les pressions de l’Union européenne et d’autres institutions internationales qui continuent d’exercer une pression considérable sur le gouvernement de Bangui pour qu’il mette fin à ces paiements.  incompatible avec les valeurs de justice et de responsabilité.

« Nous ne pouvons tolérer que nos contributions financières soutiennent directement ou indirectement des personnes accusées de crimes aussi graves », déclare un diplomate représentant l’UE.

Finalement, près de trois ans après sa détention, le président Faustin Archange Touadera a signé la semaine dernière un décret plaçant Eugène Ngaïkosset à la retraite, une décision qui, bien que tardive, pourrait marquer la fin de la saga Ngaïkosset.

« Il était temps pour le gouvernement de prendre des mesures concrètes pour réaffirmer son engagement en faveur de la justice et de l’État de droit », affirme un autre témoin, exprimant un sentiment largement partagé par la population.

 

L’affaire Ngaïkosset révèle les dilemmes de la justice et de la loyauté en République centrafricaine.

 

L’histoire politico-judiciaire du capitaine Eugène Ngaïkosset est le miroir des tensions et des contradictions qui imprègnent la société et le gouvernement centrafricains. De son ascension controversée à son arrestation, chaque détail de cette affaire met en lumière les luttes de pouvoir, les loyautés partagées et les défis de gouvernance dans un pays qui lutte pour la stabilité et la justice.

 

By Alain Nzilo

Corbeaunews Central Africa

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