Interdiction des sacs plastics en Centrafrique, une politique bâclée et mal adaptée
La Journée mondiale sans sacs plastiques révèle la situation critique en Centrafrique. La loi votée en 2020, qui interdit les sacs plastiques, est inefficace et expose l’inefficacité gouvernementale ainsi que l’absence d’alternatives concrètes pour les vendeurs et les consommateurs.
Bangui, 04 juillet 2024.
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
Interdiction des sacs plastics en Centrafrique : Un manque de préparation face à une interdiction précipitée.
En Centrafrique, l’interdiction des sacs plastiques a été imposée sans une véritable réflexion sur les réalités locales. Le gouvernement n’a pas pris de précautions pour introduire des produits de substitution avant la mise en vigueur de cette interdiction. Aujourd’hui, les marchés de Bangui, tels que le marché combattant du 8e arrondissement, sont encore envahis par ces sacs, révélant une préparation insuffisante et un manque de solutions alternatives.
Des conditions centrafricaines ignorées.
Les sacs plastiques sont utilisés quotidiennement pour protéger les aliments et autres produits des éléments, notamment la poussière omniprésente à Bangui. Dans un environnement où les routes ne sont pas goudronnées et où la poussière est une menace constante pour la santé, ces sacs jouent un rôle plus qu’important. Bervelan Zolambo, une cliente au marché combattant, explique : « On continue d’utiliser les sacs en plastique puisqu’on l’a interdit, mais on n’a rien proposé pour qu’on pallie à cet emballage. Je trouve que c’est une très bonne réflexion pour maintenir la ville propre, mais il faut proposer une solution avant qu’on puisse arrêter d’utiliser ces sacs».
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L’échec de la loi de 2020.
La loi votée en 2020 interdisant les sacs plastiques en Centrafrique est encore en vigueur, mais son application est largement insuffisante. Gilbert Moleko, directeur général du développement durable au ministère de l’Environnement, admet : « Cette loi, c’est depuis juin 2020 et pour le moment, nous sommes en train d’élaborer les décrets d’application. C’est pourquoi vous voyez encore que la loi n’a pas été appliquée ou n’est pas encore appliquée de manière significative. Comme vous l’avez dit, nous sommes dans la dynamique de la sensibilisation et de l’élaboration des textes d’application».
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Une comparaison trompeuse avec les pays développés.
Les pays développés, avant d’interdire les sacs plastiques, ont mis en place des alternatives et des infrastructures adaptées. En Centrafrique, imiter aveuglément ces mesures sans tenir compte des réalités locales est une grave erreur. Les pays riches ont des routes goudronnées, peu de poussière, et des moyens pour remplacer facilement les sacs plastiques. Ici, les vendeurs comme Odette, déléguée de l’association des femmes vendeuses de légumes au marché central, continuent d’utiliser ces sacs faute de mieux : « Avant d’interdire les sacs en plastique, il faut sensibiliser les vendeuses au marché. Comme ça, on pourrait dire non quand c’est le moment d’en acheter pour nos marchandises. À l’époque, on utilisait des sacs en tige de bois pour le marché, mais maintenant, on ne comprend plus rien».
Des conséquences sanitaires et économiques.
Interdire les sacs plastiques sans offrir d’alternatives met en danger la santé publique et affecte l’économie nationale. Les aliments non protégés sont exposés à la poussière, augmentant les risques de maladies. Les marchands, sans solutions pour emballer leurs produits, voient leurs ventes diminuer. Les Centrafricains, déjà confrontés à de nombreuses difficultés, subissent encore une fois les conséquences d’une politique mal pensée.
Il y’a lieu de noter que la célébration de la Journée mondiale sans sacs plastiques met en lumière l’inefficacité et l’irréalisme de la loi votée en 2020 en Centrafrique. Le gouvernement doit revoir sa copie et proposer des solutions viables avant de mettre en œuvre des interdictions qui, faute de préparation et de réalisme, ne font qu’aggraver les problèmes quotidiens des Centrafricains.
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