Flambée des prix sur les marchés en Centrafrique : Une rencontre ministérielle qui évite les vrais problèmes

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Le ministre du Commerce a convié les associations de consommateurs pour discuter de la hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité. Mais cette initiative, présentée comme une réponse à la crise, semble contourner les causes profondes du mal qui ronge le pouvoir d’achat des Centrafricains.
Une réunion pour apaiser les tensions, mais jusqu’où ?
Mercredi dernier, Thierry Patrick Akoloza, ministre centrafricain du Commerce, a organisé une rencontre avec les représentants des associations de consommateurs à Bangui. L’objectif affiché : calmer l’inquiétude face à l’envolée des prix du riz, de l’huile ou encore des produits surgelés. Mais peut-on sérieusement croire qu’une simple discussion suffira à renverser une tendance qui s’enracine dans des problèmes structurels bien plus graves ?
Cette initiative, bien qu’habilement médiatisée, donne l’impression d’un pansement sur une plaie béante. La flambée des prix ne trouve pas son origine dans les étals des marchés, mais dans un enchaînement de facteurs que le ministère semble soigneusement éviter d’aborder.
Un comité permanent : solution ou écran de fumée ?
La création d’un comité de concertation permanente, réunissant le ministère, les associations et d’autres secteurs comme les transports ou les finances, est annoncée lors de la réunion comme une avancée. Ce comité devra veiller au respect des prix homologués, contrôler la qualité des produits et sensibiliser les citoyens. Mais comment imaginer qu’un tel dispositif puisse fonctionner efficacement quand les véritables leviers de la crise restent intouchés ?
Le prix des carburants, par exemple, a doublé, entraînant une hausse inévitable des coûts de transport. Les commerçants, écrasés par ces frais, répercutent logiquement l’augmentation sur les produits. Pourtant, le ministère du Commerce reste muet sur cette réalité, préférant se concentrer sur des mesures cosmétiques comme le contrôle des prix. Est-ce vraiment sérieux de demander aux commerçants de vendre à perte, alors qu’ils subissent eux-mêmes les conséquences d’un système défaillant ?
Des annonces qui laissent perplexe
Le ministre a vanté l’action de la brigade de veille économique et d’une ligne verte pour signaler les abus. Mais combien de Centrafricains ont réellement accès à cette ligne ? Et quelle est l’efficacité de cette brigade face à des dynamiques économiques aussi complexes ? L’annonce d’un futur laboratoire agroalimentaire, soutenu par la FAO et la Banque mondiale, semble ambitieuse, mais son horizon lointain rend son impact immédiat douteux. Quant à la rencontre promise avec les vendeuses de produits congelés, elle ressemble davantage à une tentative de calmer les esprits qu’à une solution concrète.
Les vraies causes ignorées : taxes et barrières routières
Ce que cette réunion omet de reconnaître, c’est le poids écrasant des taxes et des barrières routières. Les transporteurs, confrontés à des postes de contrôle tenus par gendarmes, policiers ou autres forces, doivent s’acquitter de frais informels à chaque étape. Ces coûts, pudiquement appelés « formalités », s’ajoutent aux taxes officielles et alourdissent la facture finale. Comment un commerçant, arrivé à Bangui après un tel parcours, pourrait-il vendre à un « prix normal » ?
Exiger des commerçants qu’ils absorbent ces pertes revient à nier la réalité de leur quotidien. Ces frais ne disparaissent pas par magie ; ils sont répercutés sur le consommateur, et c’est précisément ce que le ministère refuse d’admettre. Plutôt que de s’attaquer à ces pratiques qui gangrènent la chaîne d’approvisionnement, le gouvernement préfère brandir des mesures superficielles, comme si le problème se limitait à une poignée de commerçants véreux.
Les associations entre espoir et prudence
Ali Rokobisinghe, de la Plateforme des associations de consommateurs, s’est dit « optimiste », saluant un dialogue renoué avec le ministère. Mais cet optimisme semble fragile face à l’ampleur du défi. Les associations savent-elles vraiment à quoi s’attendre ? Sans un engagement clair pour s’attaquer aux causes profondes – comme la cherté des carburants ou les barrières routières –, ce comité risque de n’être qu’un espace de discussion sans impact tangible.
Il y’a lieu de noter que cette rencontre entre le ministre et les associations de consommateurs ressemble à un exercice de communication bien organisé . Mais les Centrafricains ne demandent pas des promesses ou des comités ; ils veulent des marchés où les prix redeviennent abordables. Tant que le gouvernement évitera les véritables causes de la flambée : hausse des carburants, taxes routières, corruption, ces initiatives risquent de n’être qu’un mirage, loin de la réalité des étals. La réunion prévue avec les importateurs dira si le ministère est prêt à affronter ces défis ou s’il persistera dans une posture qui, pour l’heure, inspire plus de scepticisme que d’espoir….
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