Exactions et prédations : la méthode de la milice Wagner en Afrique

Publié le 14 décembre 2021 , 6:42
Mis à jour le: 14 décembre 2021 6:42 am

 

Des documents sécuritaires consultés par « Le Monde » dressent un tableau des activités de la société de mercenaires russe en Centrafrique, au Mozambique et en Libye. Au Mali, l’implantation du groupe est par ailleurs en train de se formaliser sur une zone aurifère.

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Les éléments de la garde présidentielle et les mercenaires russes de la société Wagner

 

Alors que l’Union européenne a sanctionné, lundi 13 décembre, le groupe paramilitaire russe Wagner ainsi que huit personnes et trois sociétés lui étant liées pour ses « actions de déstabilisation » en Ukraine et en Afrique, Le Monde a pu consulter des documents sécuritaires synthétisant les méthodes de la très controversée société de mercenaires. Des notes qui recensent ses contrats, ses équipements, ses relais, mais aussi, photos à l’appui, les accusations d’exactions – pillages, tortures, arrestations arbitraires – visant le groupe. Dans la seule République centrafricaine (RCA), plus de deux cents accusations sont recensées depuis décembre 2020. Le tout confirme que sous couvert d’offre sécuritaire, Wagner est une savante entreprise de prédation des ressources et de prise de contrôle violente des pays faisant appel à elle.

 

A ce stade, le Mali n’apparaît pas dans ces documents concentrés autour des manœuvres de Wagner en Libye, au Mozambique, et en RCA. Selon des témoignages concordants, et malgré d’insistantes rumeurs, les mercenaires de Wagner ne se sont pas formellement déployés dans ce pré-carré historique de la France, où l’état-major des armées, après huit ans de guerre, est en train de mener une délicate réduction de voilure de l’opération « Barkhane ». Mais les choses pourraient rapidement évoluer.

 

Selon une source proche du dossier, un pion avancé de Wagner a en effet pris ses quartiers au Mali, depuis fin octobre. Son métier : géologue. Son nom : Sirgeï L. Et sa mission : prospecter les mines d’or. L’intérêt de Wagner pour le secteur minier malien n’est pas nouveau. Mais le fait que la société ait désormais un spécialiste sur le terrain pourrait confirmer que c’est bien par cette porte que la société paramilitaire compte s’implanter au Mali.

« Noyautage »

C’est dans la région de Menankoto, dans le sud du Mali, que le géologue russe concentrerait ses efforts. Une zone réputée à fort potentiel aurifère et peu contrôlée par l’Etat central. Sirgeï L. aurait été rejoint depuis par un juriste russe, Andreï M., directeur d’une société minière déjà liée à Wagner en RCA. Aidés notamment par le chef de l’armée de l’air malien – pro-russe –, les deux hommes s’activeraient pour accéder aux hautes autorités du Mali, en particulier à un interlocuteur clé : le conseiller juridique du ministère des mines, de l’énergie et de l’eau.

 

Ce modèle d’implantation, s’il se concrétise, serait à l’opposé de celui qui a prévalu en Centrafrique. Dans ce pays d’Afrique centrale, elle aussi ancienne colonie française, c’est d’abord par la voie militaire, à partir de 2018, que Wagner s’est positionnée, avant d’étendre ses filets aux sphères politiques, économiques et informationnelles. Et ce, même si Wagner espérait dès le départ « retirer des gains économiques de son investissement » au-delà de son « objectif de rayonnement international », comme l’indiquent les documents consultés par Le Monde.

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